Depuis l’instauration de l’état d’urgence dans notre pays, les populations de la commune I du district de Bamako souffrent le martyr. En effet, malgré les mises en garde des autorités contre tout débordement des forces de maintien de l’ordre pendant cette période, les policiers continuent de « raquetter » les paisibles citoyens de cette commune.
« On en marre, depuis l’annonce faite à la télévision par le président de la République de l’instauration de l’état d’urgence, les policiers nous fatiguent. C’est vrai que tous les maliens sont habitué à la tracasserie policière. Mais cette fois ci c’est plus pire. Depuis 19 heures, ils commencent leurs « raquettes ». Vous avez beau montrer patte blanche, vous passez à la caisse. C’est de l’arnaque », se plaint Sidiky Diallo, étudiant, rencontré près du lycée Fily Dabo Cissoko. Comme cet étudiant, elles sont nombreuses les populations de cette commune à reprocher aux agents de l’ordre leurs zèles recurents.
Selon Adama Diakité, depuis l’instauration de l’état d’urgence, le civil est devenu une source de revenu pour le policier, qui est capable de lui chercher toute sorte d’ennuis pour lui soutirer de l’argent. « En plus, ce qui me fait le plus mal c’est qu’ils ne traitent pas tout le monde sur le même pied d’égalité. Au moment où ils vous arrêtent, ils laissent passer d’autres personnes. Et tu as beau avoir toutes les pièces qu’il faut (carte d’identité, vignettes), tu leur paye de l’argent », a-t-il déclaré. C’est avec amertume que Ramata, habitant à Boulkassombougou raconte sa mésaventure, aux environs de 20 h, j’étais sur ma « Jakarta » et deux policiers m’ont arrêté, raconte-t-elle, « après avoir vérifié la vignette de la moto et ma pièce d’identité, ils ont commencé à m’intimider, en me disant que ma vignette n’était plus valide ce qui n’était pas vrai. L’un a donc commencé à me gronder en menaçant de m’emmener au poste de police si je ne coopérais pas. » Témoigne-t-elle. Coopérer voulait dire donner un peu d’argent pour acheter sa « liberté ». « Je n’avais pas d’argent sur moi, alors je leur ai dit : embarquez-moi si vous voulez, je n’ai rien à vous donné, je suis en règle » raconte Ramata.
Les policiers l’ont laissée partir quelques minutes plus tard après l’avoir insultée et même bousculé. A. S, un policier qui préfère garder l’anonymat, indique que ce contrôle ne se limite pas seulement aux habitants de la commune I mais à toute personne en ville.« Nous sommes en état d’urgence. Nous devons être sûrs que les gens ne transportent pas des armes ou tout autre produit nuisible dans leurs paquets», se défend-il. Il a cependant refusé de commenter les allégations selon lesquelles les policiers intimidaient pour soutirer de l’argent à ceux qu’ils arrêtaient. « Si vous estimez qu’un policier s’est mal comporté avec vous. Il faut vous rendre au poste et le dénoncer», déclare-t-il tout simplement. Ces actes s’ils s’avèrent vrais, ont un effet négatif sur la vie quotidienne de la population.