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Interview du ministre de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, Mme Sangaré Oumou Ba : « Plus qu’une fête, le 8 mars est un combat », dixit madame Sangaré Oumou Ba
Publié le lundi 6 mars 2017  |  Le 22 Septembre
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© aBamako.com par FS
La CNDH lance la 5è édition de la semaine des Droits de l’Homme
La salle de conférence de la la Faculté de Droit Privé de Bamako a abrité le Mardi 6 Décembre 2016, la Cérémonie de lancement officiel de la 5è édition de la semaine des Droits de l’Homme. Photo: Mme Sangaré Oumou Bah
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La commémoration du 08 mars est une invitation à maintenir le cap pour le combat qui est loin d’avoir atteint son objectif, celui de l’autonomisation de la femme soutient Mme le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la famille dans une interview quelle nous accordée à l’occasion de la célébration de cette journée. Pour elle, cette journée est plus qu’une fête, c’est un combat .
22 Septembre : Mme le ministre, chaque année les femmes du Mali, à l’instar de celles du monde entier, fêtent le 8 mars. Peut-on savoir le bien-fondé de cette journée consacrée à la gent féminine?

Madame le ministre : Tout d’abord, je pense qu’il faut éviter de donner à cette journée une signification ou un cliché purement festif. Plus qu’un événement festif, la journée du 08 mars est toujours et avant tout une journée de commémoration, de rappel de la situation particulièrement dégradée dans la laquelle les femmes en général, dans le monde, vivent et qui, aujourd’hui, est encore loin d’avoir changé fondamentalement.
Plus qu’une fête, la journée du 08 mars, déclarée en 1977 par les Nations Unies, est aussi l’occasion pour les femmes de se rappeler le combat inlassable que les devancières de la cause de la femme ont enclenché et qui doit continuer en vue de l’amélioration progressive de la condition de la femme.

A travers le monde et en particulier au Mali, les femmes ont vécu et continuent de vivre les discriminations liées au genre. Ces discriminations existent dans tous les domaines : domaine socio-économique, domaine politique, etc.
Dans ces domaines, il y a généralement une reconnaissance théorique, au profit de la femme, des mêmes droits dont bénéficient les hommes. Malheureusement ces droits sont, au plan de l’effectivité, peu reconnus ou souvent même méconnus. La commémoration du 08 mars a donc pour signification un rappel de tout cela, mais surtout une invitation à maintenir le cap pour le combat qui est loin d’avoir atteint son objectif, celui de l’autonomisation de la femme.

La journée du 08 mars est donc l’occasion de dresser un bilan des progrès réalisés en faveur de l’épanouissement et de l’émergence de la femme, de relever les insuffisances et d’appeler à des changements.
22 septembre : Vous avez en charge la promotion de la femme et de l’enfant depuis trois ans. Quelles sont les grandes lignes de votre bilan?
Madame le ministre : Depuis 2013, le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a engagé des actions et des programmes ardus. Cette dynamique insufflée à mon département est le fruit de l’engagement et surtout du professionnalisme des hommes et femmes qui animent le département.

Et surtout grâce au soutien du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta qui est un fervent défenseur des droits des femmes et des enfants. De septembre 2013 à juin 2016, l’action du Ministère de la promotion de la femme, de l’enfant s’est articulée autour de trois axes principaux qui cadrent globalement avec l’activité du département. Il s’agit de : la politique nationale genre ; la politique nationale de la protection de l’enfant ; et la politique nationale de la famille. Ces trois politiques répondent chacune à une vision et définissent un domaine élargi de développement.

Ces domaines sont : le genre et la main streaming du genre dans les politiques sectorielles de développement social et économique ; l’épanouissement de l’enfant dans sa dimension holistique ; la promotion des valeurs familiales positives qui sont le fondement du bien-être social des différentes couches sociales.

Ainsi, le bilan de 35 mois est bien un exercice exaltant mais passionnant. Cette période d’exercice du pouvoir a permis de constater que l’évolution de notre département a été marquée indubitablement par des changements de fonds dans la démarche en conceptualisant les domaines de travail et en leur donnant une signification plus opérationnelle. C’est cela qui a permis de poser les jalons importants dans les domaines d’intervention donnant lieu à une analyse des résultats et de leurs performances.

Les priorités ainsi définies par le département sont, entre autres, la participation politique et leadership féminin ; l’autonomisation économique et entreprenariat féminin ; les droits des femmes (lutte contre les violences basées sur le genre) ; la promotion et protection de l’enfant ; la promotion des valeurs familiales ; le développement d’un système d’information sociale ; et la paix, sécurité et cohésion sociale.

Les réalisations essentielles relatives à l’autonomisation des femmes portent, entre autres, sur le Projet« Gérons notre commune » : renforcer la participation de la femme dans le développement local, le Projet « Excellence au féminin »: promouvoir la performance des filles dans les différents ordres d’enseignement et de la formation professionnelle ; la Bourse d’excellence aux filles de familles démunies (CEDEAO) : promouvoir la performance des filles de parents démunis aux niveaux secondaire et supérieur et de la formation professionnelle ; le Fonds d’appui à l’autonomisation de la Femme et à l’épanouissement de l’enfant (FAFE).

Ce n’est pas tout. Il y a également le Projet plates formes multifonctionnelles de lutte contre la pauvreté érigé en Programme national plate-forme multifonctionnelle de lutte contre la pauvreté (2014-2018) cible 5 000 villages pour plus de 62 milliards.
En outre, le Centre d’autopromotion et les Maisons de la femme et de l’enfant facilitent l’accès des populations aux services sociaux de base du secteur. Un programme de construction et de réhabilitation des Centres d’autopromotion des Femmes est en cours de réalisation. C’est dans ce cadre qu’il y a eu aussi la pose de la première pierre du centre de San et le lancement de celui de Tominian par SEM Ibrahim Boubacar KEITA en novembre 2015. Les centres de Bla et de Sinzana Gare ont été réhabilités en 2015.

Il faut rappeler que, le Projet d’appui aux groupements féminins pour l’exploitation du karité vise l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales à travers leur professionnalisation dans les chaines de valeur. Ce qui permet l’augmentation des revenus des femmes dans cette filière. Durant la période 2013 -2016, notre Département a favorisé le renforcement des capacités productives de plus de 1 200 femmes rurales, formé des femmes sur les normes de productions et la gestion. Nous avons doté environs une centaine d’organisations productives (coopératives rurales en général) en matériels et équipements productifs pour accroitre leur rentabilité. S’y ajoute la promotion de l’entreprenariat rural à travers leur accès à des marchés potentiels.

Au regard de ces résultats probants, le projet sera érigé en programme national de valorisation des filières porteuses comme facteur de développement de l’entreprenariat féminin et de la lutte contre la pauvreté. Il bénéficiera d’un appui financier de la BAD pour un montant de plus 2,7 milliards de francs CFA.

22 Septembre : L’Assemblée nationale, dont vous avez été une des grandes animatrices durant la législature 2002-2007, a récemment voté une loi pour promouvoir les femmes au niveau de l’administration et des instances électives. A la faveur du scrutin communal, est ce que cette loi a eu un impact positif? Idem pour les postes nominatifs?
Madame le ministre : De nos jours, les femmes sont de plus en plus présentes dans l’espace politique. Leur participation se trouvait contrariée par une série d’obstacles.
Aux élections législatives de 2013 au Mali, nous avions 152 candidates parmi lesquelles 14 ont été élues, soit 9,52%.

Pour les élections municipales de 2016, il y avait 26080 candidates contre 13537en 2009. Cette augmentation par rapport aux autres années est due à l’application de la nouvelle loi 052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans les fonctions nominatives et électives de 2015. Des avancées notoires ont été constatées pour les élections du 20 novembre 2016. Il y a eu 25,6% de femmes élues dans les conseils communaux dont 11 femmes maires contre 9 % de femmes élues en 2009 dont 08 maires.
Je remercie le Ministre de l’Administration Territoriale pour tous les efforts qu’il a déployés pour l’application de cette loi lors de ces élections communales. Il a signé un arrêté n° 020 en date du 27 septembre 2016 pour instruire à tous les préfets l’application correcte de cette loi.

En ce qui concerne la fonction nominative, il est à constaté que malgré l’application de la loi 052 du 18 décembre 2015 instituant des mesures pour promouvoir le genre dans les fonctions nominatives et électives, les nominations décidées par le gouvernement ne font guère exemple, la part des femmes s’élevant puis reculant au fil des mois.
Nous avons des exemples de nomination des femmes par Décret aux postes de responsabilité en 2016. En 2016, au mois de janvier, il y’a eu 08 nominations de femmes, en février, 07 nominations, en mars 13 et en avril 5 femmes ont été nommées par décret (Rapport CNDIFE). Cependant je reste convaincue qu’avec la réalisation de notre répertoire des compétences féminines que la donne changera.

Entretien réalisé par Chahana Takiou
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