Il y a environ deux semaines, une citerne remplie de carburants serait sortie de l’entrepôt de l’Energie du Mali (EDM) pour être vidée dans une station privée, située sur la route de Ségou. En conséquence, Adama Coulibaly, chef de la division des hydrocarbures du géant de l’électricité au Mali qui bénéficie aujourd’hui d’une liberté provisoire suite à ce scandale fut relevé "pour faute grave". Mais ce réseau est-il désormais démantelé ou assommé pour le taire temporairement ?
Tout laisse croire que la filière de vol de carburants à l’EDM-SA est loin d’être mise hors d’état de nuire tant elle permettrait à certains hauts cadres de l’entreprise sans foi ni loi de mener grand train de vie : roulant dans des véhicules rutilants, construisant de magnifiques résidences et dépensant comme s’ils suaient l’argent par tous les trous de leur peau.
Selon une source, ce vol, qui consiste à faire sortir du carburant (exonéré) de l’entrepôt de l’Energie du Mali (EDM-SA) pour les revendre à des stations privées est aussi vieux que le monde. Adama Coulibaly, qui en serait le cerveau en tant que chef de la division des hydrocarbures, serait au parfum de ce micmac.
Pourtant, lors de l’interrogatoire qui l’avait conduit tout droit à la Maison centrale d’arrêt de Bamako (MCA), il aurait raconté des boniments aux enquêteurs. Ceux-ci lui auraient fait écouter l’enregistrement d’une conversation téléphonique où un de ses agents, en l’occurrence un certain Kané, disait qu’il serait prêt à soudoyer un douanier qui promettait de les dénoncer. Ce gabelou aussi familier à cette pratique aurait-il lâché ses complices pour n’avoir pas reçu cette fois-ci sa part ? Bien malin celui qui pourra répondre à cette question.
En tout état de cause, selon toujours notre source, l’auteur principal, Mahamadou Sissoko, qui aurait agi à l’insu de son chef (Adama Coulibaly) a disparu avant de réapparaitre en Côte d’Ivoire. Le hic qui irrite encore tout le monde à l’EDM-SA c’est que le pauvre chauffeur qui a conduit la citerne sous l’ordre de ses chefs séjournerait en prison.
Un saint contre mille malfrats
Combien lui avait-on promis (si c’était sa première fois) ou combien avait-il l’habitude d’empocher ? Pendant ce temps, ceux qui méritent de comparaitre devant un "tribunal spécial" pour avoir sucé le sang du peuple et trahi la confiance des Maliens (il s’agit d’Adama Coulibaly, du promoteur de la station d’essence et d’autres cadres de l’EDM-SA impliqués) continuent à vadrouiller dans les rues de Bamako sans la moindre honte.
Il ne pouvait pas en être autrement dans un pays où le vol du denier public est institutionnalisé et la prison perçue comme un hôtel cinq étoiles. On y entre pour se requinquer, pour aiguiser ses outils pour revenir mieux couper en vue de s’offrir une place de choix au sein d’une société qui, sans repère, va à la dérive. Ces délinquants économiques de classe exceptionnelle et aux apparats éclatants qui font plus de gâchis que les dealers encrassés ne seraient pas à leur premier coup.
D’ailleurs, une autre source affirme que la citerne transportant les carburants exonérés appartiendrait à un agent du service malien de renseignements. Quand ces derniers aussi se muent en opérateurs économiques et se servent de l’outil d’Etat si précieux et si important pour se livrer aux chantages, les Maliens savent-ils à quel saint se vouer ?
Quand notre premier rempart s’écroule où se trouve notre salut ? En attendant, Boureima Guindo qui a succédé à Adama Coulibaly à la tête de la division hydrocarbure de l’EDM-SA serait perçu comme un messie. Mais, il ne peut jouer ce rôle du sauveur que s’il est lui-même un saint. Guindo est-il réputé ou malfamé ?
Affaire à suivre
Dougoufana Kéita