Cette prestation de serment s’est déroulée en catimini dans la Cité des Askia. C’était le jeudi 03 mars dernier. Quelques jours plutôt, c’est le Colonel déserteur Hassane Fagaga qui était intronisé Président du Conseil régional de Kidal. Une ville que Mohamed Ag Ichrach devrait pourtant gouverner. Décidément, le ridicule ne tue plus dans notre pays.
Le pouvoir et ses laudateurs ont voulu faire croire au peuple malien un retour à la normalité dans le fief des rebelles kidalois. Ce qui s’est passé exactement, le mardi 28 février, illustre une fois de plus la partition du territoire national. Les filles et fils de la République du Mali feront vite d’oublier cette date. Car, c’est ce jour du mardi 28 février 2017 que les autorités de leur pays ont laissé la région de Kidal entre les mains d’un séparatiste notoire, en l’occurrence le colonel Hassane Ag Fagaga. Les fils et fils du Mali devront se sentir désormais trahis par leurs autorités.
Quelques petits rappels et le film de la cérémonie d’installation des fameuses autorités intérimaires à Kidal.
Depuis le déclenchement de la rébellion dirigée par le mouvement populaire de l’azawad (MPA) de Iyad Ag Ghali, en 1990, jusqu’à nos jours, l’on a assisté à une floraison de groupes armés : mouvement populaire de libération de l’azawad (MPLA), front islamique arabe de l’azawad (FIAA) d’un certain ZahabyOuld Sidi Mohamed, front populaire de libération de l’azawad (FPLA) de Ag Rhissa Sidi Mohamed, armée révolutionnaire de libération de l’azawad (ARLA) de AbdrahamaneGhala, etc.
Les premiers accords de paix ont été signés en janvier 1991 à Tamanrasset, puis à Alger (91 – 92). Avec la signature du Pacte National, les autorités de l’époque prirent sur elles la responsabilité de brûler des armes à Tombouctou en gage d’engagement sincère, tout le monde croyait que les groupes armés ne se retourneraient plus contre la République.
Déjà en 1995 – 1996, certains d’entre – eux ne se reconnaissaient pas dans les accords de paix.
Malgré l’intégration à la fonction publique (civile et militaire), les armes ne cessaient de crépiter à Léré, Fanfin, Tinzawaten ou Tin Essako, avec leur cortège de victimes. Les programmes et projets de développement ne purent ainsi prospérer.
S’il était aisé de constater que les Zahady, Mohamed Ag Erlaf, Mohamed Ag Ichrach, Abdrahamane Ghala et autres avaient mis de l’eau dans leur vin, ou encore Iyad Ag Ghali qui goûta à la diplomatie, il n’en était pas de même pour Hassane Ag Fagaga, Ibrahim Ag Bahanga. Les deux larrons se manifestèrent en 2006, un an près le forum sur le Développement de Kidal, par une série d’attaques contre les symboles de l’Etat. Ironie de l’histoire, des élus de la Nation comme Hamada Ag Bibi, Mohamed et Alghabass Ag Intallah, figureraient parmi les ” tueurs ” de l’époque.
Le plus grave, c’est que Fagaga et Bahanga se trouvaient sous les drapeaux. Autrement dit, ils étaient dans les rangs de l’Armée nationale. Comment les qualifier alors ?
En 2006 encore, un accord de paix est obtenu à Alger. Un fait a attiré toujours l’attention des observateurs. C’est que lors de la signature des différents accords de paix, ce sont les soi-disant porte – paroles qui sont mis devant. Les vrais fauteurs de troubles n’assistent généralement pas aux cérémonies. L’on remarquera ainsi qu’en aucun moment, le sinistrement célèbre Hassane Fagaga n’a adhéré à un accord de paix. Tout comme son mentor Iyad Ag Ghali, il est toujours resté en arrière.
Déserteur invétéré de l’Armée nationale, auteur de nombreuses attaques meurtrières, Hassane Ag Fagaga est perçu par les observateurs comme étant un rebelle des rebelles, un séparatiste des séparatistes. Mardi dernier, il a été investi à la tête des autorités intérimaires de Kidal.
Dès lors, le pouvoir et ses laudateurs ont scandé : ” victoire “, ” la paix à Kidal “, ” le drapeau du Mali flotte à Kidal “, patati, patata.
Ils n’ont pas eu le courage d’avouer leur incapacité et leur impuissance face à Hassane Ag Fagaga et sa bande. C’est le lieu de dire que c’est dans l’humiliation totale de la République du Mali que la cérémonie d’installation du mardi 28 février a été organisée. La délégation nationale conduite par Mohamed Ag Erlaf membre du gouvernement était sous la protection des forces internationales. Hormis le Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord de paix, Mahamadou Diagouraga, il n’y avait que des diplomates étrangers : Algérien, français, américain, africain et européen.
La cérémonie s’est déroulée au siège de l’Assemblée régionale toujours occupée par les bandits armés du Haut Conseil pour l’Unicité de l’Azawad (HCUA) des Alghabass Ag Intallah, Ag Bibi et le même Fagaga. Le ministre Ag Erlaf et sa suite furent obligés des porter des tenues des casques Bleus de la Minusma et d’embarquer dans les véhicules blindés de la mission. Partout, il n’y avait que des drapeaux des groupes armés. Ce sont leurs éléments armés qui gardaient encore les lieux. Les femmes et leurs enfants scandaient : ” Vive l’Azawad. ”
Parait – il que le mandat de Fagaga et consorts prendrait fin en juillet 2017. Personne n’est dupe. Des élections communales avaient pu avoir lieu à Kidal. Un conseil municipal est déjà fonctionnel. Hassane Ag Fagaga a contraint les autorités à lui réserver cette place. Qui pourrait aller le déloger en juillet prochain ? N’a ton pas balisé le chemin de la partition ?