A l’instar du monde entier, le Mali va célébrer la Journée de la femme, le 8 Mars. En dépit d’un slogan différent, il est difficile d’évoquer les questions du genre sans un clin d’œil en direction des VBG, un sujet qui fait mouche dans la société malienne. Bien que la femme reste toujours soumise à son conjoint, malgré la loi des 30% faisant la promotion du genre, des réticences demeurent au plan social et l’école malienne a désormais un rôle à jouer dans la lutte contre les VBG.
FLEAU ASCENDANT
Si l’évoquer était naguère encore un tabou, les choses seront à visage découvert désormais. Les femmes battues disposent pour ce faire d’un cadre associatif, une tribune pour permettre aux langues de se délier. Même les leaders religieux, qui se montraient auparavant conservateurs, sont en train de modérer leur position.
Et pour cause, la violence basée sur le genre (VBG) n’est plus une affaire des seules femmes. Elle est parfois dirigée spécifiquement contre un homme malgré l’équilibre naturel établi de façon disproportionnée. Néanmoins, les rapports entre hommes et les femmes sont majoritairement régis par une relation «inégale» où les hommes ont un rôle social dominant. Ce qui explique que les femmes soient le plus souvent les victimes des VBG. Le phénomène s’est fortement répandu au Mali, en dépit de l’adhésion de notre pays aux instruments légaux régionaux et internationaux pour le prévenir, l’éliminer, le condamner et le combattre. Et le phénomène, malheureusement, continue de gagner en ampleur et en gravité. C’est pourquoi la jeunesse est fortement conviée au débat.
UNE ECOLE SENSIBILISEE
Plusieurs écoles fondamentales de Bamako ont été invitées à s’exprimer sur la question. Sur initiative du ministre de la Promotion de la Femme de la Famille et de l’Enfant, la journée du samedi 26 Novembre 2016 fut dédiée à des interactions avec le monde scolaire. La Direction régionale de la promotion de la femme et de l’enfant a organisé des conférences -débats dans les 6 communes du district au même moment. On pouvait aussi noter la forte implication de SAMU-SOCIAL et des associations féminines au cadre d’échanges avec les jeunes filles. De ces conférences simultanées auprès des élèves sur les VBG il s’est révélé que dès l’âge de 15 ans près de quatre femmes sur dix, soit 38%, sont victimes de violences physiques de leurs partenaires. En 2015, le système de gestion des infos sur les violences basées sur le genre affichait 1468 cas répartis comme suit : 288 agressions physiques, 234 cas psychologiques ,192 mariages forcés, 292 blocages de ressources et 5 assassinats parmi lesquels la célèbre affaire Maïmouna Sissoko dite Kamissa. Autant d’indicateurs évocateurs, qui ne pouvaient laisser les élèves indifférents. Ils constituent l’avenir de la nation et doivent être à même de cerner les droits fondamentaux de la vie humaine. Les VBG portant également sur le viol et les mariages précoces, l’abstinence devrait être de mise car c’est l’ignorance qui conduit plusieurs filles à des situations désagréables finissant par les grossesses indésirables. La mise en exergue de la pléiades de violences basées sur le genre peut permettre aux jeunes de faire la part des choses. Tel est le but de la sensibilisation faite à l’attention des écoles fondamentales.
Pour rappel, la VBG est l’une des violations des droits de l’homme les plus étendues. Elle peut adopter différentes formes, physique, sexuelle, psychologique ou encore économique et elle ne reconnait ni frontière d’âge, de race, de culture, de richesse ou d’emplacement géographique
DEUX EXEMPLES ILLUSTRATIFS
On l’avait dit plus haut, l’année 2016 a été animée par l’assassinat de feue Maïmouna Sissoko dite Kamissa, tuée par balle par son époux, dans la nuit du 23 au 24 janvier 2016. Une indignation nationale face à laquelle les femmes se sont manifestées entre autres par un recueillement sur le lieu du drame, le samedi 30 janvier 2016. A l’occasion, femmes et hommes se sont unis pour dire non à ces bêtises humaines que sont les violences conjugales. Aujourd’hui, leaders religieux, mouvements de jeunes, élèves et étudiants semblent décidés à briser le silence sur les violences faites aux femmes.
Après le cas Dicko Mariam Diallo, poignardée le 5 février 2015 par son époux, et Kamissa, tuée par balle par son mari, les femmes maliennes sont décidées à s’armer de courage pour faire arrêter les violences basées sur le genre. C’est pourquoi les requêtes que lesdits drames ont inspiré à la société civile ont pour noms : tolérance zéro aux auteurs de tels crimes, renforcement et application des lois en vigueur, criminalisation des violences conjugales, promotion des centres d’appui aux violences basées sur le genre, mise en place d’un centre d’accueil et l’accompagnement juridique des victimes des agressions conjugales.
Il faut dire qu’une lueur d’espoir pointe à l’horizon : l’élaboration d’une loi contre les violences basées sur le genre dans le rouage parlementaire qui pourrait bien changer la donne si elle arrive à voir le jour.