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Autorités intérimaires: incertitude à Tombouctou et Taoudéni
Publié le mardi 7 mars 2017  |  Info Matin
Réinstallation
© AFP par SEBASTIEN RIEUSSEC
Réinstallation de la porte d`une mosquée à Tombouctou
Une porte d`une mosquée de Tombouctou, détruite en 2012 par les jihadistes dans cette ville du nord du Mali et restaurée sous la supervision de l`Unesco, a été réinstallée.
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C’est aujourd’hui lundi que la délégation officielle conduite par le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag ERLAF, et composée des partenaires et les signataires de l’accord, doit procéder à l’installation des autorités intérimaires de Tombouctou et de Taoudéni. Cependant malgré les pourparlers menés par le ministre de la réconciliation nationale, Mohamed El Moctar, et la marche de soutien de la société civile à l’État, le jeudi 2 mars, l’atmosphère restait délétère à Tombouctou à 24 heures de cet événement majeur.

Le processus de mise en place des autorités intérimaires dans les 5 régions du Nord doit être couronné normalement ce lundi par les étapes de Taoudéni et Tombouctou aujourd’hui. Mais l’atmosphère était toujours tendue dans ces deux localités hier.
A l’origine, le Congrès pour la Justice dans l’AZAWAD (CJA), ce mouvement, né des entrailles de la CMA, le 10 octobre 2016, continue de résister à toutes les tentatives de médiations entreprises. Ce groupe armé se fanfaronnait samedi encore avec une quarantaine de pick-up armés, dans les rues de la ville Sainte, histoire d’une démonstration de force en guise de contestation contre l’installation des autorités intérimaires, qui découlent de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale issu du processus d’Alger.

Le décalage
Les autorités intérimaires devaient être installées à Tombouctou et Taoudéni, depuis vendredi dernier. En effet, dans la confusion générale et à la grande surprise, alors que la délégation officielle pour l’installation des autorités intérimaires était attendue vendredi, une marche pacifique, organisée par la société civile, apportait jeudi 2 mars son soutien au gouvernement.
Sur les réseaux sociaux on pouvait lire : « Fin de polémique à Tombouctou: la majorité silencieuse des régions de Taoudéni et Tombouctou vient de manifester son soutien à l’État malien et à sa décision de procéder à l’installation des autorités intérimaires. Plus de 800 personnes à motos, véhicules, tricycles et piétons sont venues exprimer leur attachement à la paix. Toutes communautés confondues, Arabes, Sonrhaïs, Tamasheqs et Bambaras ayant les mêmes aspirations sont venues remettre au gouverneur une Déclaration, dite celle des voix de Tombouctou et Taoudéni ».
Le vendredi, alors que le CJA avait repris ses mouvements dans la ville, une source du gouvernorat tentait d’expliquer le report de la cérémonie.
«Pour des raisons de logistique, la mise en place des autorités intérimaires de Tombouctou et Taoudéni a été reportée à lundi », a déclaré un fonctionnaire au gouvernorat de Tombouctou.
Selon la même source qui a requis l’anonymat, il y avait eu des désaccords et que des membres d’un groupe de l’ex-rébellion s’opposant à la tenue de la cérémonie avaient occupé jeudi le bâtiment où elle était prévue.
Après des négociations «sous l’égide du ministre de la Réconciliation nationale, un compromis a été trouvé» et la cérémonie a été reprogrammée pour lundi, a ajouté le fonctionnaire.
Pour les mouvements armés contestataires, il y a une mésentente avec le gouvernement. Des éléments armés ont envahi la ville vendredi et bloqué les entrées pour empêcher l’arrivée de la délégation.
Un des ex-rebelles protestataires, Alassane Coulibaly, a confirmé à l’AFP l’occupation temporaire des lieux puis le déblocage de la situation à la suite de discussions.
Selon M. Coulibaly, une partie de ses camarades conteste le choix de certains des dirigeants provisoires.
«Nous voulons être associés à la prise des décisions et aux autres initiatives liées à la région de Tombouctou», a-t-il indiqué, sans autres précisions.
Environ une trentaine de pick-up lourdement armés sont stationnés autour de la ville de Tombouctou, depuis vendredi. Ils appartiennent au Congrès pour la justice dans l’Azawad, dirigé sur le terrain par le colonel Abass. Si aucun accord n’est trouvé, le CJA menace de s’emparer de tous les lieux administratifs de Tombouctou.

La MINUSMA étouffe
Face à la détermination des rebelles de la CJA d’occuper tous les postes de l’administration vendredi en cas de désaccord dans les négociations, les Casques bleus de la MINUSMA font barrage aux différentes entrées de la ville.
Selon le porte-parole du CJA, Ehameye Ag Mohamedoun, aucun accord n’a pour l’instant été trouvé. Mais des discussions sont en cours avec le gouvernement malien, des discussions qui devraient se prolonger tout le week-end. Le CJA réclame le droit d’être intégré au processus de DDR et d’obtenir des représentants dans les différentes commissions liées à l’accord de paix.
Le colonel Abass, lui, tempête : « On va rentrer coûte que coûte et lundi nous refoulerons les invités si jamais il n’y a pas eu d’accord ».
Un responsable du mouvement, Hamatta Ag Elmihidi, a confirmé à une source que les pourparlers étaient en bonne voie, tout en déplorant l’attitude de la MINUSMA qui s’oppose à leur action.
« L’espoir est permis, car les deux chefs des opérations militaires à savoir André Koné des Famas et Elmounzer du CJA se communiquent et d’une façon professionnelle », a fait savoir une autre source.
Dans un communiqué sur le site Tombouctou, le CJA demande aux ONG et autres acteurs humanitaires de suspendre temporairement leur déplacement sur l’ensemble des régions de Tombouctou et de Taoudéni en raison des opérations militaires du mouvement qui pourraient être utilisé par des bandits ou groupes hostiles pour s’en prendre aux humanitaires.
Sur l’autre front à Taoudéni, l’on a appris que le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) basé à Ber, a fait mouvement vers Taoudéni. Ces éléments, dit-on, agissent au nom d’un autre trio solidaire contestataire de l’installation des autorités intérimaires. Il s’agit de Mohamed Tahar, Moulaye Danna et Dina ould Daya tous de la région de Taoudéni. Ces responsables disent s’opposer catégoriquement à l’opération tant que les décisions ne sont pas celles venues de la base.

Par Sidi Dao
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