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Il faut le dire… Epître à la femme malienne
Publié le mercredi 8 mars 2017  |  Delta News
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Malienne ma mère, ma sœur, mon épouse et ma fille, c’est à toi que je m’adresse. Bonne fête ! Le 08 mars, journée jadis célébrée surtout dans les démocraties dites populaires, a pris de l’importance dans tous les pays depuis que les Nations Unies l’ont déclarée, en 1977, journée internationale des droits de la femme. Il est vrai que du point de vue de l’émancipation de la femme, ce sont ces pays, qui ont montré la voie. Les droits acquis par la femme dans les pays de l’Est ont contribué à la libération de la femme en occident.

Dans le processus d’acquisition des droits, chaque pays a son rythme. Prenons par exemple un droit qui nous semble banal et naturel: le droit de vote des femmes. En répertoriant les dates auxquelles les femmes ont obtenu le droit de vote, dans les différents pays du monde, nous nous apercevons que les sociétés dites libérales ne sont pas championnes en ce domaine. Un pays comme la France n’a ainsi accordé le droit de vote aux femmes qu’en 1944. Que dire des Etats Unis qui, pendant des siècles ont nié le droit de vote à une frange importante de leur population y compris les femmes ? Et quid de la Suisse, Etat libéral et démocratique par excellence qui n’a accepté le droit de vote aux femmes qu’en 1971 ! Et les monarchies du golfe arabique dont la plus importante, l’Arabie Saoudite n’a accordé le droit de vote aux femmes qu’en décembre 2015 ?



Si je souligne ces faits, c’est pour te dire qu’on devrait laisser chaque société marcher à son rythme. Avec l’essor des NTIC il est vrai, on dit que le monde est devenu un village. Mais un village où chaque quartier et même chaque famille a ses spécificités. Sans renier aux associations féminines leur droit de lutte pour l’émancipation de la femme, il faudrait que cette activité soit ancrée sur nos valeurs sociétales au risque de nous perdre.

La polémique née de la pratique de l’excision entre le ministre de la justice et des leaders religieux et traditionnels traduit le hiatus qui existe entre gouvernants et une frange de la population. Dans une société pudique comme la nôtre, et dans un Etat en déliquescence, il y a-t-il vraiment un besoin et une opportunité de légiférer sur cette pratique au point de provoquer une autre rupture dans un état failli ?

Si les populations concernées étaient convaincues de la nocivité de cette pratique, elles l’auraient sans doute abandonnée. Quelle loi a-t-on votée et promulguée afin que cesse les scarifications sur le corps, la taille des dents, pratiques qui étaient bien courantes dans nos sociétés ? A contrario, quelle est l’association féminine ou le ministre de la justice qui a initié une loi contre l’éclaircissement de la peau ? N’est-ce pas une pratique bien plus aliénante que toute autre pratique supposée barbare?

Malienne, c’est à toi que je m’adresse. Au-delà de son aspect festif, le 08 mars devrait t’amener à la réflexion et à l’action afin que notre société puisse, triturer et digérer toutes les influences reçues depuis des lustres et accoucher d’une civilisation qui t’émancipe sans te perdre.

…sans rancune

Wamseru A. Asama
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