Elle permet d’accroître les revenus des utilisatrices, d’améliorer la productivité et la qualité des produits alimentaires et alléger les tâches domestiques des femmes
Depuis quelques années, notre pays s’est engagé à doter les communes et zones d’instruments et de méca-nismes efficaces susceptibles d’améliorer les conditions de vie des populations et en particulier celles des femmes rurales pour l’atteinte des Objectifs du développement durable. Aujourd’hui, plus de 1 170 plateformes ont été installées dont une vingtaine équipées de réseaux d’eau et plus d’une centaine de réseaux d’éclairage. Afin de renforcer ces acquis, le gouvernement à travers le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, a mis en place le Programme national Plateformes multifonctionnelles (PTFM). Il consiste à créer au niveau du monde rural des capacités locales pour prendre en charge des initiatives de développement local à travers notamment l’accès à des services essentiels de base. Le Programme national Plateformes multifonctionnelles s’étend sur 5 ans et couvre tout le territoire national. D’un coût global de 55,4 milliards Fcfa, il bénéficie de l’appui du PNUD pour sa mise en oeuvre.
Ce programme dit de maturation est l’aboutissement d’un processus cohérent d’expérimentation et de diffusion de modules d’équipements multidimensionnels au Mali pour l’allègement des travaux des femmes, explique Souleymane Karamoko Traoré, coordinateur de ce programme qui profitera directement à 5000 localités (de moins de 2000 habitants chacune), soit une population bénéficiaire de l’ordre de 5 à 7 millions de personnes, dont plus de 50 % des femmes. Le programme est fondé sur une approche participative qui permet de stimuler la création, le développement et la modernisation d’autres activités artisanales. Il inclut les concepts de promotion de la femme, de petite industrie dans le monde rural, de source d’énergie moderne au cœur du village. Le programme PTFM facilite non seulement l’accès des villages bénéficiaires à des ser-vices énergétiques de base, mais il leur donne aussi la connaissance et les outils nécessaires à une exploitation optimale de la ressource plateforme, ajoutera-t-il. Le programme a alphabétisé 25.000 femmes et formé plusieurs centaines d’artisans. De fait, la plateforme est de plus en plus vue comme une véritable micro-entreprise rurale à caractère socio-économique.
Kollé, un village situé à 55 km de Bamako dans le cercle de Kati, dispose d’une plateforme multifonctionnelle pour plus de 500 habitants. Cette infrastructure peut moudre des céréales, broyer et presser le karité, décortiquer le riz, charger des batteries ou alimenter un poste de soudure. Elle permet également la distribution de l’eau et de l’électricité. Grâce à cette pluralité de fonctions, les femmes sont libérées de certaines corvées longues et laborieuses. La plateforme de Kollé comprend 3 machines financées par l’ambassadeur de bonne volonté du PNUD pour les OMD, l’ancien footballeur français Zinedine Zidane. La PTMF est gérée par un groupement de 8 femmes aidées par deux hommes qui sont chargés de faire le travail et l’entretien des machines. A côté de lplateforme, les femmes de Kollé pratiquent des activités génératrices de revenus. Le ministère de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, à travers le Programme national Plateformes multifonctionnelles, a équipé le groupement d’un congélateur de bac à saumure, d’un séchoir et des ustensiles de cuisine.
Augmentation du taux de scolarisation des filles. Mme Traoré Korotoumou Camara est membre du groupement des femmes de Kollé. Pour cette mère de 4 enfants, l’installation de la plateforme a beaucoup soulagé les femmes du village. « Auparavant, les femmes de Kollé souffraient énormément. Tous les travaux ménagers se faisaient à la main. Je me réveillais à 4h du matin pour préparer le petit déjeuner. Et après, je pilais le mil avant de le moudre à la main », confie-t-elle. Aujourd’hui tout cela n’est qu’un mauvais souvenir pour Korotoumou, grâce à la plateforme, sa journée de travail débute à 7 h et se termine à 17 h. Elle parvient également à s’occuper bien de ses enfants.
Même son de cloche chez Mme Camara Maïmouna Berthé qui affirme que la plateforme a beaucoup facilité leur tâche quotidienne. Les femmes de Kollé, explique-t-elle, parcouraient chaque jour 3 km pour aller moudre leurs céréales dans la commune de Bancoumana. « Actuellement, nos filles vont à l’école parce qu’elles ne sont plus chargées par les travaux domestiques. La PTFM a été d’un grand apport pour moi. Grâce aux cours d’alphabétisation, je sais tenir un compte actuellement. L’éducation constitue le socle de tout développement », estime notre interlocutrice. En plus de la plateforme multifonctionnelle, les femmes de Kollé s’intéressent à la transformation des produits agricoles. Elles vendent le sachet d’oignon, de tomate et du gombo séchés à 250 Fcfa l’unité. Le groupement des femmes fabrique aussi du jus de bissap et de la glace cédée entre 100 et 150 Fcfa selon la période.
Pour Nassira Keïta, mère de 8 enfants, la plateforme est très avantageuse. « Primo, avec la PTFM, le travail se fait rapidement et facilement. Secundo, je consacre plus de temps le matin à mes enfants qui vont à l’école et à mon mari. Les femmes sont épanouies, car elles peuvent ga-gner entre 90 000 et 120 000 Fcfa par mois. Ces revenus leur permettent de subvenir aux besoins de leur famille », nous confie Nassira.
Cependant toute entreprise est maillée de difficultés si mi-nime soit-elle. Ainsi le groupement des femmes de Kollé se plaint de l’éloignement de la plateforme de la route principale. Cela constitue un manque à ga-gner pour le groupement. C’est pourquoi elles sollicitent l’aide du département de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille afin qu’elles puissent va-rier leurs activités.
Des progrès ont été réalisés concernant l’autonomisation économique de la femme. Au-delà de la réduction significative du temps de travail des femmes et des filles, les services offerts par la plateforme permettent d’accroître les revenus des utilisatrices et d’améliorer la productivité et la qualité des produits alimentaires. Les PTFM ont apporté aux villageois des solutions alternatives au travail des filles. Cela s’est traduit par une augmentation du taux de scolarisation des filles dans le cycle primaire et une amélioration de leurs résultats scolaires en général.