Le FAFE finance des projets adaptés à la lutte contre la pauvreté féminine et à la promotion des droits de l’enfant. Ainsi 96 projets ont été financés en 2015 et 288 en 2016
La problématique de l’autonomisation de la femme, de l’épanouissement de l’enfant et de la promotion de la famille constitue aujourd’hui une des grandes priorités des pouvoirs publics. Le président Ibrahim Boubacar Keïta lui-même s’est engagé en faveur de l’amélioration de la qualité de vie de la population et de celle des femmes et des enfants en particulier. Cet intérêt et cet engagement s’expriment à travers de nombreuses mesures. Parmi lesquelles l’adhésion de notre pays à des instruments nationaux et aux Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Dont le 3è objectif est basé sur la promotion de l’égalité des sexes et à l’autonomisation des femmes.
Toujours dans la quête d’un mieux-être de la femme et de l’enfant, les autorités ont créé en 2012 le Fonds d’appui à l’autonomisation de la femme et à l’épanouissement de l’enfant (FAFE). Lancé en septembre 2015 au cours d’une cérémonie présidée par le Premier ministre, ce programme s’attache à lutter contre la pauvreté féminine et à promouvoir l’autonomisation de la femme. Il s’intéresse également à la promotion des droits de l’enfant. Le FAFE comprend trois guichets ou domaines d’intervention. Le premier est consacré au financement des actions de développement de l’entrepreneuriat féminin pour consolider la participation de la femme au développement avec deux composantes, dont la première est axée sur le financement des entreprises existantes et des nouvelles initiatives dans le cadre du développement local. La deuxième composante est liée au financement des activités génératrices de revenus des groupements, associations et GIE. Le second guichet concerne le financement des actions de renforcement du leadership féminin, la participation politique des femmes au Mali. Enfin le troisième finance les actions de réinsertion socio-économique des enfants en situation difficile.
Quels sont les critères d’éligibilité du FAFE ? Pour bénéficier du Fonds, il faut soumettre des projets à travers les trois guichets, explique la directrice de la cellule technique du FAFE, Mme Kanté Fatoumata Diankoumba. Les critères d’éligibilité varient selon les guichets concernés. Pour le premier guichet, les petites et moyennes entreprises (PME) doivent dans leurs dossiers, donner les noms des promoteurs, la raison sociale pour laquelle elles postulent, la dénomination et la forme juridique du projet. Elles doivent signaler également les activités principales de l’entreprise et avoir le Numéro d’immatriculation fiscale (NIF), le quitus fiscal et le numéro du registre du commerce et du crédit mobilier (RCCM) ; et communiquer le nom de la banque où est domiciliée l’entreprise et le numéro du compte bancaire.
Ces critères sont valables pour les activités génératrices de revenus (AGR). Sauf que le quitus fiscal, le NIF et le RCCM ne sont pas obligatoires. Quant aux entreprises nouvellement créées, elles fourniront une étude de faisabilité d’impact social et environnemental. Les AGR doivent se procurer des récépissés ou autres documents officiels obtenus auprès des autorités locales.
Concernant le deuxième et le troisième guichet, le postulant donnera le nom et le type d’organisation (ONG, association coopérative ou agence gouvernementale) et indiquera le type et la date d’obtention du document officiel. Ensuite il mentionnera l’adresse physique du promoteur, l’adresse postale ou email et le numéro du guichet pour lequel elle a postulé.
Disponible sur toute l’étendue du territoire national, le FAFE est financé sur budget d’Etat. En 2015, le Fonds a reçu du gouvernement 400 millions de Fcfa qui ont permis de financer 96 projets dont 25 pour les enfants en situation difficile. En 2016, il a bénéficié de 600 millions de Fcfa qui ont permis de financer 288 projets.
Mme Seribara Fatoumata Diallo est la directrice du projet « Renforcement des capacités en technique d’élevage de tilapia et de production d’alevins de silures dans les bacs hors sol ». Son projet a été financé par le FAFE à hauteur de 8 millions de Fcfa. Mais pour le moment, assure Mme Seribara, le FAFE a versé 90% du montant (7,2 millions Fcfa) et les 10% (800 000 Fcfa) seront attribués après la justification du premier versement.
Le fonds a été d’un grand apport pour son Projet. Primo, il lui a permis d’expérimenter la pisciculture de tilapias (carpes) dans les bacs hors sol. Les résultats ont démontré que l’élevage des carpes hors sol est une autre alternative, mais très coûteuse pour un Malien moyen. Parce que cela demande la réalisation d’un forage et l’acquisition de beaucoup d’équipements (fûts, matériel pour le système d’oxygénation de l’eau, l’électricité).
Secundo, le Fonds a permis de renforcer les capacités du projet en technique de production d’alevins de silures. La vente d’alevins de silures, dira-t-elle est très avantageuse. « Pendant 22 jours, le projet a installé 10 bacs d’alevins de silures à raison de 450 000 Fcfa l’unité, et 4 micros-jardins hors sol alimentés avec l’eau de la pisciculture dans les familles. Un micro-jardin a été installé à 225 000 Fcfa. Les bénéfices réalisés permettent de contribuer à part égale à la prise en charge des dépenses familiales, confie Mme Seribara Fatoumata Diallo.
Autre avantage, la création d’emplois. Avec le FAFE, le projet a embauché et formé 3 jeunes pour le suivi et l’entretien des bacs et des micros jardins. Aujourd’hui, ces jeunes peuvent s’installer à leur propre compte. Deux autres jeunes ont été formés pour la confection des tables de jardins et l’habillage des bacs.
Notre entrepreneure ambitionne de créer un centre de système intégré pisciculture-maraîchage-élevage, afin de s’épanouir dans l’agro-écologie paysanne 100% bio. Elle compte réaliser une écloserie d’alevins pour fournir des alevins de qualité aux bacs déjà installés à travers le pays.
Comme dans n’importe quelle entreprise humaine, notre entrepreneure se trouve confrontée à un problème d’eau. En effet, elle est obligée de se ravitailler à partir de l’eau de robinet qui lui revient très cher.
Avec le FAFE, l’autonomisation économique des femmes est en marche. « Je me suis fait une identité à travers ce travail. J’ai suscité de l’engouement autour de la pisciculture. Aujourd’hui il y a un éveil de conscience chez les femmes et surtout les jeunes », assure la directrice du projet Renforcement des capacités en technique d’élevage de tilapia et de production d’alevins de silures dans les bacs hors sol.
La création et l’approvisionnement du FAFE sont des actions importantes qui concrétisent la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille, gage du progrès économique, social et culturel de notre pays. Mais la demande est très forte par rapport au fonds disponible. Le gouvernement en collaboration avec des partenaires doit songer à mettre un fonds conséquent à la disposition du programme pour satisfaire bon nombre de femmes et d’enfants, qui représentent les couches les plus vulnérables de la société.
C. DIALLO