Après Kidal et Gao, Tombouctou et Taoudénit, les deux dernières régions où des autorités intérimaires doivent être investies, sont dans la tourmente. Prévues pour le lundi dernier, l’installation desdites autorités ont été retardées à la suite des mouvements de protestation des populations qui contestent la légitimité des personnes choisies. Et depuis maintenant une semaine, une vive tension règne tout autour de la ville de la Cité des 333 Saints.
Si à Gao un arrangement avait permis aux divers groupes armés d’adhérer au processus, à Tombouctou et Taoudénit, les choses semblent plus compliquées pour le ministre de l’Administration territoriale, Mohamed Ag Erlaf. Celui-ci était attendu (après un premier report), le lundi dernier dans ces localités, pour procéder à l’installation des autorités. Finalement, les cérémonies ont été remises à une date ultérieure. Et pour cause, les éléments du Congrès pour la Justice dans l’Azawad (CJA), particulièrement hostiles à ces autorités, y ont opposé un niet catégorique. Des éléments armés ont envahi la ville et bloqué les entrées pour empêcher l’arrivée de la délégation.
Ils contestent la légitimité des personnes nommées par le gouvernement. Aussi, le CJA exige sa participation pleine et entière dans tout le processus des actions concernant la région, réclame le droit d’être intégré au processus de DDR et d’obtenir des représentants dans les différentes commissions liées à l’accord de paix. « Nous ne cherchons qu’à être associés à la mise en œuvre de l’accord, mais nous sommes ignorés par les autres parties et ce n’est pas acceptable », a expliqué le porte-parole du mouvement, Hamata Ag Elmahdy.
Jusqu’à hier, l’atmosphère était toujours tendue à Tombouctou et à Taoudénit. Le CJA (mouvement dissident de la CMA), dirigé sur le terrain par le colonel Abass, campait sur ses positions. Environ une trentaine de pick-up lourdement armés sont stationnés autour de Tombouctou, depuis vendredi. Si aucun accord n’est trouvé, le mouvement menace de s’emparer de tous les lieux administratifs de la ville sainte. L’armée malienne a renforcé ses positions dans les deux gouvernorats et dans certains services de l’Etat pour éventuellement parer à une occupation des bâtiments.
Des pourparlers engagés…
Dans un communiqué, le CJA demande aux ONG et autres acteurs humanitaires de suspendre temporairement leur déplacement sur l’ensemble des régions de Tombouctou et de Taoudéni en raison des opérations militaires du mouvement qui pourraient être utilisé par des bandits ou groupes hostiles pour s’en prendre aux humanitaires.
Aux dernières nouvelles, l’on apprend que le gouvernement aurait proposé d’inclure le CJA dans les différentes commissions de travail. Pour le moment, refus catégorique du colonel Abbass. Cependant, le porte-parole de ce mouvement, Hamata Ag Elmihidi a lui, indiqué que des pourparlers sont en cours entre la Minusma et les forces armées maliennes pour une sortie de crise.
Le CJA n’est pas seul. Plusieurs autres groupes à ancrage local, qui s’estiment lésés par l’accord de paix, ont décidé de passer à l’action, à l’issue d’une « marche populaire » organisé le 5 mars dernier. En effet, le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA) a dénoncé par voie de communiqué une autorité intérimaire « parachutée de Bamako », qui aurait été « imposée ».
Participent également à ce mouvement de colère des groupes issus de la Plateforme, loyaliste et anti-séparatiste.
Sur l’autre front à Taoudéni, le MAA (Mouvement arabe de l’Azawad) basé à Ber, auraient fait mouvement vers Taoudéni. À la tête de ces contestataires, Mohamed Tahar, Moulaye Danna et Dina ould Daya, tous de la région de Taoudéni. Ces responsables disent s’opposer catégoriquement à l’opération tant que les décisions ne sont pas celles venues de la base.
Dans ces deux régions, la vie tourne au ralenti. Les établissements scolaires et les commerces sont fermés.
Le gouvernement tente une dernière médiation pour essayer de trouver une solution. Une réunion était prévue hier mardi matin entre le gouvernement et les groupes armées contestataires.
L’Onu, de son côté, a condamné la rupture du cessez-le-feu et appelé les groupes armés à libérer immédiatement les check-point occupés.