Pendant que les maliens ont les yeux rivés sur le nord de leur pays, à Dakar et Conakry, se trame un complot sous-régional qui n’est pas sans rappeler une imposture de l’ère Amadou Toumani Touré.
C’est le président guinéen Alpha Condé qui a levé le lièvre courant semaine dernière sur les antennes de la RTG : le poste de Haut Commissaire de l’OMVS reviendra à son pays à l’issue des prochaines assises de l’Organisation à Nouakchott le 25 mars prochain. Un poste qui revient pourtant de droit au Mali.
C’est en effet, lors du J.T de la Radio Télévision Guinéenne en date du 28 février dernier que le président Alpha Condé a fait la révélation. Ce, après une rencontre avec le président malien au sommet de la CEDEAO Yamoussokoro. A l’en croire, le poste tant convoité de Haut Commissaire de l’Organisation pour la Mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) profitera à la Guinée. Rien de mal, à première vue. Mais seulement voilà :
Le même fauteuil aujourd’hui occupé par le Mauritanien Mohamed Salem Ould Merzoug en poste depuis 2002, revenait de droit au Mali depuis 2007.
Selon les dispositions statutaires de l’organisation en effet, «un Haut-commissaire est nommé pour un mandat de quatre ans, assisté et secondé par un Secrétaire Général également nommé pour un mandat de même durée».
Toujours selon les mêmes dispositions, le siège étant à Dakar, le poste de Haut Commissaire et de secrétaire général sont alternativement occupés par le Mali et la Mauritanie.
Il en est ainsi depuis 1971. Mais voilà que depuis 2002, que se poursuit le mandat de Merzoug depuis 2002. Il est aujourd’hui à sa treizième année de magistère. Un record ! Et il est désormais question, non de remettre le Mali dans ses droits, mais de mettre la Guinée au devant de la scène.
A propos de la Guinée, ce pays n’a rejoint les membres traditionnels de l’organisation (Sénégal, Mauritanie, Mali) qu’en juin 2005. Le Mali qui attend depuis maintenant 2007 doit devoir patienter encore. Ainsi en a décidé Mohamed Salem Ould Merzoug.
Celui qu’il convient d’appeler le grand manitou, entendez, Mohamed Salem Ould Merzoug, a bien choisi le moment. C’est en effet quand les maliens ont le regard tourné vers le nord de leur pays, qu’il décide de mettre en œuvre son plan pour le moins machiavélique. Mais comment diable, le Mali n’a bénéficié de son mandat depuis 2007 ? C’est là qu’apparaît toute la fourberie de Mohamed Salem Ould Merzoug.
Il avait tout simplement promis aux autorités maliennes de réaliser la navigabilité du fleuve Sénégal, un des grands projets ambitieux du Mali, voire de l’OMVS depuis sa création en 1971. La condition était simple : que le Mali d’Amadou Toumani Touré lui laisse les coudées franches pour 4 années supplémentaires et le rêve deviendra réalité.
Mais au jour d’aujourd’hui, ce projet n’est pas encore réalisé et nos sources s’accordent à dire que la première opération de sa faisabilité (le dragage du lit du fleuve) n’est même pas encore entamée. En clair, le Mali a été floué.
Il n’a ni profité de son mandat ni du projet de navigabilité. Ce n’était, évidemment pas une première. En 2007, il (Merzoug ) avait prétexté les troubles d’ordre sociopolitique dans son pays (la Mauritanie) et la réalisation d’autres ouvrages hydroélectriques au profit du Mali pour bénéficier de la mansuétude d’Amadou Toumani Touré.
Et à quoi assistons-nous aujourd’hui avec les nouvelles autorités de la transition malienne? Mohamed Salem Ould Merzoug vient de rendre une visite de courtoisie au Professeur Dioncounda Traoré, le mois dernier, visite au cours de laquelle, il a gracieusement offert au Mali, la somme de six (6) millions francs F Cfa comme contribution à l’effort de guerre.
Et quelques jours plus tard, à l’issue du sommet de Yamoussoukro, après une rencontre entre les présidents malien et guinéen, ce dernier (Alpha Condé) affirme le plus officiellement que le poste de Haut Commissaire de l’OMVS sera une propriété de son pays dans les jours qui suivent. Et dire que le Mali et le Sénégal sont les deux pays à jour dans le payement des cotisations. Sans commentaire !
Si le Mali garde, pour l’instant, un silence gênant, voire coupable, la Mauritanie elle, attend jouir de tous ses droits au sein de l’Organisation. Les autorités du pays d’origine de Merzoug (la Mauritanie), estiment en effet aujourd’hui que le dernier mandat du Haut Commissaire a expiré depuis un an. Et que par conséquent, la direction de la SOGEM, (Société de gestion de l’énergie électrique de Manantali) doit lui revenir de droit.
Abdel Aziz n’entend pas négocier encore moins, céder au contraire du Mali. Son pays a refusé de s’acquitter de ses cotisations tant que les dispositions statutairement de l’organisation ne seront pas respectées. Monsieur Abdel Aziz lui, sait ce qu’il veut pour son pays et les fils de son pays.
Nous y reviendrons !
B.S. Diarra