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Mali : une autre guerre commence…
Publié le mardi 5 mars 2013  |  Xinhua


© AFP par DR
Des soldats de l`armée française
Samedi 9 février 2013. Aéroport de Gao.


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Un peu moins de deux mois après son déploiement au Mali, l’armée française, aidée par un contingent tchadien, entame une nouvelle phase de l’opération Serval : traquer les Jihadistes dans la chaine de montagne de l’Adrar des Ifoghas, leur dernier retranchement. Une opération qui s’annonce difficile et délicate.

Au cours de la dernière session, mercredi dernier en Côte d’Ivoire, du sommet de la CEDEAO, le président tchadien a appelé ses pairs de la région à hâter l’envoi de troupes militaires pour combattre les Jihadistes au Nord. Une invitation qui ressemble à un cri de détresse.

L’armée tchadienne, qui a déployé quelque 2000 soldats dans la zone de guerre au Mali, a jusqu’ici payé le plus grand tribut : 27 morts, officiellement. Mais beaucoup plus que cela, rapportent d’autres sources qui parlent de 80 pertes en vies humaines.

Elle a été, peut être, victime de sa bonne réputation d’une armée entrainée à opérer dans les zones désertiques et inhospitalières du Sahel. C’est pourquoi elle est passée directement au contact des combattants islamistes, tentant de les faire sortir de leurs abris.

Une mission qui n’a pas été, du moins pour le moment, un grand succès, même si l’état major tchadien évoque la mort d’une centaine de rebelles, tués par les soldats de N’djamena.

En plus, le président Idriss Deby annonce que son armée au Mali a tué le chef jihadiste, tristement célèbre, Abdel Hamid Abou Zeïd. Une information relayée par plusieurs médias, sans être confirmée de manière formelle par les Français.

Et même si la mort d’un chef terroriste d’u tel gabarit est un succès important, il risque de ne pas changer fondamentalement les données de la guerre au Mali qui est, malheureusement, en train de prendre l’allure des guerres contre le terrorisme qu’a connues le monde ces dernières années et qui n’ont mené nulle part.

Bien qu’elles aient été déclenchées au nom de principes nobles de démocratie et de liberté, elles n’ont pas bénéficié d’un grand soutien au sein des populations locales.

La guerre déclarée au Mali n’échappe pas à la règle observée ailleurs, en Afghanistan, en Irak ou en Somalie. Elle bénéficierait que très modérément de l’adhésion des populations autochtones. Une attitude qui s’explique d’abord par le fait que l’intervention militaire française a certes chassé les jihadistes des villes qu’ils occupaient au nord du Mali, mais elle a laissé la porte grande ouverte aux éléments de l’armée malienne pour se venger contre les habitants des villes libérées, particulièrement les Arabes, les Touaregs et les Peulhs, accusés, à tort ou à raison, d’être de connivence avec les mouvements terroristes.

Cette situation fait que toutes les populations de peau claire de Tombouctou et de Gao ont fui pour se réfugier dans les pays voisins ou pour grossir les rangs des rebelles.

Ceux qui s’étaient aventurés à rester sur place se sont vus maltraités ou même assassinés comme ce fut le cas des quatre grands commerçants arabes de Tombouctou disparus mystérieusement après leur arrestation par des éléments de l’armée.

Tout porte à croire qu’ils auraient été tout simplement liquidés. Sans autre forme de procès.

Alors, comment dans de telles conditions, pouvait-on s’attendre à ce que des populations du Nord-Mali soutiennent une action internationale contre des groupes qui leur donnaient l’impression de les protéger contre de tels abus de la part d’une armée malienne habituée à entretenir des rapports très heurtés avec elles, qui se soldent parfois par des morts d’hommes, depuis le règne du premier chef de l’Etat du Mali indépendant, Modibo Keïta ?.

Tous se rappellent encore dans ces contrées délaissées des abus du tristement célèbre capitaine Djiby Silas Diarra contre la population Touarègue à Gao.

Il y a également une autre vérité indéniable. Les populations du nord s’accommodent bien de l’absence du pouvoir central dans la mesure où ladite situation leur permet de s’adonner à ce qui est devenu leur occupation : la contrebande et le trafic de tout genre.

Pendant l’occupation des régions du nord Mali par les groupes terroristes et en l’absence de contrôle douanier, les produits importés, sans ‘’gène’’, de l’Algérie et de la Mauritanie, revenaient moins chers aux citoyens et apportaient plus de profit aux importateurs.

Enfin, il y a le trafic de la drogue qui, semble-t-il, se développe de manière rapide dans le no man’s land du nord du Mali et du Niger.

Il est singulièrement complexe d’évaluer le nombre de personnes qui vivent directement ou indirectement du trafic de drogue mais, selon un article publié par un consultant de l’Institut français de relations internationales (IFRI), ‘’ce chiffre peut sans nul doute dépasser les 20 000 personnes au Mali et au Niger selon des estimations personnelles’’.

Depuis le début de l’opération Serval, les trafics de drogue sont en berne au Mali comme au Niger et le risque est grand de voir une partie des acteurs de la filière mis au chômage et donc potentiellement incités à prendre les armes et à organiser des actions d’envergure dans la région.

A côté de ces éléments, il faut rappeler qu’il est loin d’être acquis que tous les Etats de la sous-région partagent des vues identiques sur le principe et les modalités de l’intervention extérieure dans la zone.

L’Algérie, en particulier, n’a pas encore surmonté sa réticence originelle vis-à-vis de ce type d’intervention. Or le succès durable d’une action internationale au Mali suppose l’accord d’Alger.

Il faut ajouter que plus le temps passe, plus les coûts d’une intervention extérieure seront plus élevés et plus difficiles à supporter par la France, en pleine récession.

Quoi qu’il en soit, et quelque soit l’avenir de l’intervention étrangère au Mali, il est nécessaire que tous comprennent qu’un éventuel naufrage de l’Etat malien entraînerait avec lui la paix dans toute la région et, au-delà, la paix et la sécurité internationales.

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