Ouagadougou, 10 mars 2017 (AFP) - Plus d'un millier de personnes ont marché
en silence vendredi à Ouagadougou en soutien à des enseignants de la région du
nord menacés par les jihadistes et en hommage à un directeur d'école tué lors
d'une attaque la semaine dernière, a rapporté un journaliste de l'AFP.
Munis de brassards et de banderoles noirs, les manifestants, des
enseignants et des élèves notamment, ont défilé en silence avant un sit-in
devant le ministère de l'Education nationale.
Une "journée de deuil, d'hommage et de solidarité" a également été observée
vendredi dans la quasi-totalité des 45 provinces du pays, selon des
responsables syndicaux joints par l'AFP.
Fin janvier, des individus non identifiés ont fait irruption dans plusieurs
écoles de la province du Soum (frontalière avec le Mali), sommant les
enseignants de ne plus dispenser le français, et d'enseigner uniquement
l'arabe et le Coran.
Après une visite dans la région fin janvier, le ministre de l'Education
nationale Martin Coulibaly avait assuré que le "dispositif sécuritaire sera
renforcé, les enseignants et les écoles sécurisés".
"Malheureusement, les enseignants n'ont rien vu comme dispositif", a
regretté vendredi le porte-parole des syndicats de l'Education nationale,
Mamadou Barro.
La semaine dernière, un directeur d'école a été abattu à Kourfayel,
toujours dans le Soum, par des présumés jihadistes.
Pour ces syndicats de l'Education, "le gouvernement est responsable" de
cette situation car "nos plus hautes autorités étaient au courant des menaces
proférées dans les localités ciblées".
"Du ministre de la Sécurité au ministre de la Défense, personne n'a pris
une quelconque disposition pour sécuriser la zone", ont-ils estimé dans une
déclaration.
Ces syndicats ont dit "condamner la gestion du gouvernement qui a pour
conséquence d'exposer les agents publics (face à) un danger évident de mort
violente".
Depuis l'assassinat du directeur d'école, les enseignants, se "sentant
davantage exposés au danger et "las d'attendre (leur) sécurisation", ont
déserté les écoles, entraînant la fermeture des classes, disent-ils.
"Ils n'ont pas d'autre choix", a justifié M. Barro, selon qui "les
terroristes continuent à se balader impunément de village en village pour
menacer et agresser les enseignants".
Pour permettre le retour de ces enseignants, les organisations syndicales
"exigent la sécurisation effective des établissements publics et privés".
Longtemps épargné par les attaques sous le régime de Blaise Compaoré, le
Burkina est entré depuis avril 2015 dans un cycle d'enlèvements et d'attaques
islamistes, surtout dans le nord du pays, frontalier du Mali et du Niger.
En décembre 2016, une attaque contre un détachement de l'armée à
Nassoumbou, revendiquée par le mouvement Ansarul Islam, dirigé par le
Burkinabè Malaam Ibrahim Dicko, a fait 12 morts et traumatisé le pays.
Le 15 janvier 2016, un commando de trois assaillants avait tué 30 personnes
et fait 71 blessés en plein coeur de la capitale Ouagadougou, lors d'une
attaque revendiquée par le groupe Al-Qaida au Maghreb islamique (Aqmi).
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