Doutomikoh vient de mourir. Son fils Kossi, sa bru Yassi et sa vieille épouse Yamanga s’apprêtent à lui rendre les derniers honneurs. La case de Doutomikoh déborda bientôt de pleureuses et de vocifératrices .Le chef couvert de cendres et de poussières, visage et corps noircis de charbon, Kossi, Yassi, les femmes du défunt, ses proches avaient déjà pris son deuil. Ils se lacéraient les joues, la poitrine, les cuisses, les bras, piétinaient le sol, sur un rythme désespéré, se battaient les flancs, s’arrachaient les cheveux, pleuraient ; l’œil égaré, de véritables larmes mimaient leur affliction, lamentaient leur douleur…
Lugubres, les tam-tams scandaient de leurs lamentations les danses rituelles, martelées de trépignements accablés. Doutomikoh ne connaitrait plus les joies de la vie à la belle étoile et au grand soleil. Il ne forgeait plus ni sagaies ni couteaux de jet. Plus jamais il ne chasserait au feu…
Les villages perdus dans la brousse furent informés par voie de tam-tam de la mort de Doutomikoh… On tira celui-ci de la case ou il dormait de son dernier sommeil et l’on exposa son corps à quelque vingt brasses de là, mais en prenant soin de l’amarrer à un arbre et de l’asseoir sur un escabeau.