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Nouvelle constitution : Communautarisme larvé
Publié le mardi 14 mars 2017  |  Le Combat
Première
© aBamako.com par mouhamar
Première session de la nouvelle législature
Bamako, le 22 janvier 2014 à l`hémicycle. Les nouveaux députés issus des dernières législatives étaient en session extraordinaire pour l`élection du président de l`assemblée nationale et la composition des groupes parlementaires
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Depuis la soumission de l’Avant projet de loi relatif à la révision de la Constitution du 25 février 1992 qui fait «référence dans son préambule à la charte de Kuru Kan Fuga ou charte du Mandé …. », la toile s’est déchainée.
L’on accuse le Gouvernement et les Experts qui ont, depuis avril 2016, travaillé sur le projet de loi de faire «référence» à une charte dans laquelle l’ensemble des Maliens ne se «reconnaissent pas ». Un communautarisme larvé qui n’est que la prolongation de ce qui se passe depuis l’éclatement de la crise de 2012.

Dans une précipitation à couper le souffle, le Président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, a convoqué, dans la journée du vendredi 10 mars, un Conseil des Ministres extraordinaires. Deux points étaient à l’ordre du jour dont le plus important étant l’examen du projet de loi relatif à la révision de la Constitution du 25 février 1992. Dès lors, tout le monde attendaient avec impatience le communiqué final de ce Conseil des ministres.

Cette nouvelle constitution prendra en compte les clauses de l’Accord pour la paix (qui est plus en faveur des communautés du Nord), préserve et renforce les acquis démocratiques de la Révolution du 26 Mars 1991, créé des nouvelles institutions dont le Sénat (Voir le COMBAT n°1481 du lundi 13 Février 2017) et fait référence, dans son préambule, à la charte de Kuru Kan Fuga ou charte du Mandé, adoptée en 1236. Cette dernière référence, selon les Experts, c’est pour «valoriser le patrimoine culturel et historique du Mali». Quoi de plus normal quand, de tous les temps, nos constitutions ont été taxées de «copier coller» de la constitution française.

Pour une fois que c’est un patrimoine national qui, plus, est patrimoine culturel immatériel du Mali reconnu par l’UNESCO, notre fierté ne devait être que plus grande. Mais hélas, il s’est trouvé des Maliens pour brocarder cette charte qui est étudiée dans les plus grandes universités du monde et qui fait la fierté des grands Historiens africains. La raison évoquée pour récuser ce choix des Experts est toute simple : «Certaines communautés ne se reconnaitraient pas dans cette charte».
Rien que ça ! Cette charte ayant été rédigée dans le «Manding profond», elle ne prendrait pas en compte les réalités de certaines autres communautés. Il faut, pour ses pourfendeurs, une référence historique dans laquelle tous les Maliens se retrouvent. Sauf qu’en termes d’organisation sociétale, la seule référence mondialement reconnue au Mali est la charte de Kuru kan Fuga. Même s’il est vrai qu’il existe d’autres formes d’organisations sociétales propres à chaque communauté, le prétexte brandi aujourd’hui pour réfuter la référence à cette charte pourrait l’être pour écarter ces autres formes. Or, la conception d’Etat-Nation est la mise en commun des substrats de chaque communauté de l’Etat pour composer une Nation forte. La constitution d’une nation forte ne saurait s’accommoder de certains détails régressifs.

Ce communautarisme naissant constitue un danger. Dans un pays fragile comme le nôtre, le repli identitaire ne saurait être une solution face à la menace qui nous guète. Car, l’on ne saurait trouver au Mali aucune référence sociétale dans laquelle tous les Maliens se reconnaissent. Alors autant tous les Maliens sont fiers de Tombouctou et de son Histoire, du Tombeau des Askia, de la Mosquée Djigarey Ber, du Tata de Sikasso, de la bataille de Logo Sabouciré, de la révolte Bwa, de la résistance de Firhoun, de Babemba, de l’Histoire de Ségou, nous devons être fiers qu’enfin notre Constitution se «réfère» de la charte de Kuru Kan Fuga (différent de calquer ses articles dans la nouvelle Constitution).

Mohamed Dagnoko : LE COMBAT

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