Le contexte socio-politique du Mali, hier comme aujourd’hui, n’a pas toujours été favorable aux femmes malgré leur combativité et leur engagement. Le collectif des femmes du Mali, avec ses membres encore pleines d’inspiration et de lucidité, continue à s’investir et à mutualiser leurs idées.
Ces femmes qui ont précédé la révolution de Mars 1991 et qui avaient fait agoniser le lion avant que les militaires ne l’aient achevé sont encore pleines de ferveur démocratique.
Ce samedi après, c’était à Faladié qu’elles ont célébré une victoire du Mali et de l’Afrique. Le triomphe de la femme battante et émancipée. Plusieurs grandes figures du COFEM font encore la fierté de leurs sœurs dont le combat était risqué selon des hommes.
L’histoire de ces femmes engagées, ayant participé à visage découvert, et parfois de façon clandestine à l’avancée de leur pays. Les deux associations à l’époque (CNID et ADEMA) se disputaient bien de privilèges, mais ces femmes, dans le souci de mieux organiser les associations féminines, était créée la CAFO.
Bintou sanankoua, membre fondatrice rappelait que le COFEM était déjà en gestation avant les événements du vendredi noir. Inadmissible de rester silencieuses devant la violence et la répression contre les élèves. Il fallait ouvrir la porte au multipartisme et Mme Sanankoua, l’a précisé, rares sont celles qui occupent le devant de la scène aujourd’hui. Le fruit du combat. Pour lui, il y avait une conscience politique et une responsabilité qui faisaient qu’elles n’avaient jamais confondu les choses.
Avec toute la gloire de son histoire, le COFEM a déploré l’utilisation que certains font de leurs associations. Rokia Bah, Mme Sy Kadiatou Sow, Djeneba Haidara, Fatoumata Diallo et bien d’autres femmes comme Ramata Dia, Oumou Touré, Manassa, Oumou DEM et autres avaient osé.
Le Pr Rokia Sanogo, habillée aux couleurs du COFEM, s’est dite très honorée, très fière : « quand j’ai été agrégée le cofem a été la première organisation à célébrer cela. Je pense que nous gagnerons plus en solidarité parce qu’il y a des valeurs qui existent aujourd’hui. Si on pouvait s’appuyer davantage sur ces valeurs. Valeurs de solidarité, d’entraide, des valeurs qui ont disparu avec le temps. Moi j’étais parmi les plus petites de Mars 1991. Cet honneur m’emmène à solliciter leur soutien, ce soutien de tout le monde, l’accompagnement. »
Puisque ces amazones de la lutte démocratique espèrent voir l’émergence des filles dans les filières scientifiques afin que le Pr Rokia Sanogo soit une référence pour elles. Ce défi n’est pas possible sans mesures d’accompagnement. Pour la lauréate du Prix Kwamé Nkrumah, les femmes sont combattues en dépit de leur représentativité dans les sphères électives et nominatives. Elle s’est dite convaincue que l’accompagnement de ses grandes sœurs ne fera pas défaut dans les initiatives qu’elle compte prendre pour mettre en valeur d’autres filles.
Pour Madame Sy Kadiatou Sow, le COFEM se réjouit de ce qui a été fait en 25 ans. Malgré la trajectoire professionnelle et politique de chacun de ses membres, ce regroupement de femmes est resté active et régulière dans ses réunions et réflexions en lien avec ses objectifs.
Quant à la brulante question de l’excision, leur association a affirmé son opposition catégorique à sa pratique. Pour toutes celles qui ont pris la parole (Pr Rokia Sanogo, Mme Sy Kadiatou SOW, Mme Fatoumata Diallo et Rokia Bah) il faut éradiquer le phénomène, non pas par des textes ou des polémiques à caractère religieux, mais par une sensibilisation profonde auprès de ceux qui la pratiquent.
Elles restent convaincues que tout le monde ne pratiquent pas l’excision. Il faut inscrire son combat dans un cadre de santé publique dira Rokia Sanogo, non moins secrétaire général du SADI.
L’occasion était pour ces femmes de partager et de célébrer le prix décroché par la « rose » comme elles la surnomment et montrer que les femmes peuvent faire plus lorsqu’on les accompagne.