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Chronique satirique: Ladji Bourama change de constitution
Publié le mardi 14 mars 2017  |  Le Procès Verbal
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Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
Bamako, le 11 juin 2015, le CICB a abrité la cérémonie de lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita, c`était sous la Haute présidence de SEM, Ibrahim Boubacar KEITA
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Ladji Bourama va incessamment réviser la Constitution du Mali. Il sera le premier à réussir cette prouesse car avant lui, tous ceux qui ont tenté l’opération ont fini par reculer. D’abord Alpha Oumar Konaré qui fut vite suspecté de vouloir prolonger son bail à Koulouba. Ensuite le « Vieux Commando » qui fut prié d’aller étudier ses projets de révision à Dakar. Mais Ladji a sur ses deux prédécesseurs trois avantages majeurs: il parle à merveille le latin et le grec, il sait conjuguer les verbes au subjectif et il ne fait rien sans invoquer le saint nom d’Allah soubhana wa tallah.

Objections de forme

En réalité, pour notre vieille dame de 25 ans (la Constitution est née le 25 février 1992), une petite toilette au savon « Barikatigui » s’avère utile. Toute créature qui passe 25 ans sans se laver risque de devenir un fétiche, n’est-ce pas ? Je suis donc favorable au principe de la révision. Mais je me hâte d’exprimer deux craintes:

* on semble avoir oublié, en haut lieu, l’article 118 de l’actuelle Constitution qui dispose : « Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Or, à moins de porter des lunettes en bambou, tout le monde voit bien que le pays est divisé, qu’il est occupé depuis quatre ans par une armada étrangère et que des bandits armés ont chassé son Premier ministre et son armée à coups de gourdin de Kidal;

* la révision intervient à un moment où l’Etat a sous la gorge le couteau des bandits armés et sur la tête le sabre de la communauté internationale: il est, par conséquent, douteux qu’il s’agisse d’une révision librement consentie et je me demande même si cette révision n’a pas pour principal but de constitutionnaliser les Accords d’Alger dont chacun constate les mauvais résultats;

* enfin, une initiative de ce genre demande que toutes les couches du peuple y soient associées: or, à ce que je vois, le projet de révision sort tout des tiroirs de quelques technocrates choisis et guidés par Koulouba.

Dispositions salutaires

Cela dit, le projet de révision propose quelques changements que je juge salutaires:

* il donne au président de la République le pouvoir de « déterminer et conduire la politique de la nation »: ce faisant, le projet aligne le droit sur la réalité car dans les faits, le gouvernement malien n’a jamais été autre chose que le bras armé du président de la République; il n’a jamais pu exercer la prérogative que lui accorde l’actuelle Constitution de définir et de conduire la politique de la nation;

* le projet permet au président de la République de nommer le Premier Ministre et de mettre fin à ses fonctions sans qu’il soit besoin pour l’intéressé de présenter sa démission: là aussi, on sent un effort de sortir de l’hypocrisie car, bien que la Constitution actuelle prévoie une démission (et non un renvoi) du Premier ministre, c’est la pratique du limogeage pur et simple qui a cours depuis 1992 et ce n’est pas Ladji Bourama qui nous dira le contraire !

* le projet de révision sort la Haute Cour de Justice du rang des Institutions de la République: voilà une excellente chose car cette Cour machin est à la fois inutile, budgétivore et antidémocratique;

* Le projet précise que la révision n’entraîne pas nouvelle République et ne change rien à la durée ni au nombre des mandats présidentiels en vigueur: il y a là de quoi rassurer du beau monde (notamment les « hassidis » et compagnie) et, surtout, éviter le retour en compétition des anciens présidents Moussa Traoré, Alpha et le « Vieux Commando ». Quant à Dioncounda Traoré et au général 4 étoiles Sanogo, je n’en sais rien, excusez-moi…

Insuffisances

Le peu qu’on a daigné nous lire du nouveau projet de Constitution m’inspire les critiques suivantes:

* on aurait dû profiter de la révision pour corriger l’intérim en cas de vacance du pouvoir, en prolongeant, par exemple, sa durée (40 petits jours !)et en en élargissant les pouvoirs du président intérimaire: ce faisant, on aurait évité à tout futur intérimaire la bastonnade subie par Dioncounda Traoré, le dernier cobaye, pardon!, le dernier président de la Transion;

* dans le nouveau le projet de Constitution, il est question de créer le Sénat en tant que deuxième chambre du parlement: voilà bien du gaspillage d’argent public car dans un pays si pauvre, il aurait même été préférable de diminuer le nombre des députés ! Au lieu de quoi, nos maigres impôts vont encore servir à entretenir des sénateurs analphabètes dont, propablement, un grand nombre proviendra de régions fantômes comme Taoudéni ou Ménaka qui ne reconnaissent même pas l’Etat du Mali!

Tiékorobani

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