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Chronique : Presse malienne cherche opinion publique
Publié le mercredi 15 mars 2017  |  Le Point
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Existe-t-il une opinion publique dans la plupart de nos pays africains? Nombreux sont les hommes de média qui se posent la question. Quel rôle cette opinion publique joue-t-elle, avec quels moyens? Il est inutile de rappeler la complicité qui existe entre les journalistes et leur opinion publique ailleurs. En effet, si le quatrième pouvoir, dans un système démocratique titille, dérange, dénonce la politique des hommes au pouvoir, c'est bien parce que ces derniers ont peur de la réaction de l'opinion publique. La presse, sous tous les cieux, est un faiseur d'opinions. C'est au vu de son importance dans la société qu'elle doit scrupuleusement respecter les règles déontologiques et morales de son milieu ambiant.




Cela nécessite une formation des hommes de média, mais avant tout, un sens élevé des valeurs. Car, c'est au nom de ces valeurs, de l'amour pour la patrie, que le journaliste a le courage d'affronter tous les dangers dans l'exercice de ses fonctions. Ce métier est un sacerdoce, fait d'humilité et de risques. Chaque enquête peut conduire le journaliste à une issue fatale. Ils sont nombreux, les journalistes emprisonnés ou assassinés. La récente révélation d’un acte adultérin commis par le président de l’Assemblée nationale vaut au journaliste Ammy Baba Cissé, auteur de l’article, un procès prévu pour le 15 mars. Loin de nous intimider, cette pratique des bonzes au pouvoir, nous encourage, nous, hommes de média, à poursuivre notre combat, même dans des conditions difficiles. Nous ne reculerons pas.
Au Mali, l'opinion publique ne joue pas son rôle en temps opportun. A quelques exceptions près, elle sombre dans une léthargie qui la prive de sa force principale : l'action. Une opinion publique qui ne réagit pas par des actes est morte. Le plus souvent, elle se contente de commentaires stériles autour du thé, de la bière, ou sur internet, en considérant le journaliste comme un dérangeur. Et entre deux brochettes, ces hommes, femmes et jeunes qui constituent l'opinion publique avalent la vérité du journaliste. Jusqu'à ce qu'un jour, eux-mêmes deviennent victimes d'une injustice. Ils se mettent à crier au scandale ! Exigeant du journaliste qu'il dénonce activement le calvaire qu'ils vivent.
Quand la case du voisin brûle, il faut l'aider à éteindre le feu. L'opinion publique doit réagir énergiquement face aux révélations du journaliste. Pas comme cette personne adulte qui nous a, un jour, dit en substance : "Celui qui recherche la vérité sera toujours persécuté. Les journalistes ont ce qu'ils méritent." Est-ce que tuer un journaliste résout quelque problème que ce soit? Par contre, les révélations du journaliste permettent à l'opinion publique de contrôler l'action des hommes publics. Les moyens de revendiquer, contester, existent.
Croyez-nous, le journaliste n'a pas besoin que vous lui donniez de l'argent. Il sait à quel point la rudesse de la vie au quotidien a troué la poche des Maliens. Il n'a pas non plus besoin de vos éloges, parfois intéressés, lorsque vous vous retrouvez dans le rôle de la proie dans un système politique sauvage. Ce qu'il attend de vous peut être résumé en un mot, celui que Sœur Emmanuelle, la «petite sœur des pauvres», aimait prononcer : Yalla ! En avant ! Sœur Emmanuelle est décédée le 20 octobre 2008, à l'aube de ses cent ans, en nous laissant un héritage qui renforce notre dignité. Elle l'aura conservé toute sa vie : Yalla !
A chacun donc, son Yalla ! La chiffonnière du Caire aura prouvé qu'au milieu des ordures, dans un dénuement matériel total, l'être humain pouvait vivre digne. Yalla nous interpelle. Elle interpelle l'opinion publique dans notre pays, qu'il faut toujours réagir pour aller de l’avant, quelles que soient les conditions matérielles dans lesquelles nous vivons. Il n'y a donc pas d'excuses pour l'inaction. A l'occasion de la Journée nationale de la femme, nous invitons l'opinion publique féminine, à faire preuve d'actions. Femme de toutes les couches socioprofessionnelles, unissez-vous dans l’action pour former une opinion publique forte et respectée dans notre pays.
Nous renouvelons notre promesse d'aller toujours de l'avant, tant que nous resterons journaliste, de ne jamais vendre l’être au profit de l’avoir.
O Roland
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