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Il faut le dire… Charte de Kuru Kan Fuga fédératrice ou réductrice ?
Publié le mercredi 15 mars 2017  |  Delta News
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Au Mali, il nous faut nous départir de certaines idées préconçues que nous distillons quelquefois inconsciemment : « Au Mali on ne connaît pas de discrimination raciale ou ethnique, il ne peut y avoir de guerres interethniques, le cousinage à plaisanteries n’existe qu’au Mali, le Mali a toujours été une nation, etc. » Le vécu quotidien des citoyens montre que ces assertions ne tiennent pas la route quand on les examine sérieusement. Aujourd’hui à la lumière de cette crise que nous vivons, depuis 2012, nous devrions le reconnaître afin de repartir sur de bonnes bases.

L’objectif premier pour les maliens, c’est de bâtir une nation. Pour ce faire, le préalable est de bâtir un Etat fort. C’est-à-dire ériger un gouvernement et des lois communs auxquels seront soumises toutes les communautés qui vivent dans l’espace géographique que nous appelons Mali.



Ce préalable acquis, l’Etat sera l’instrument qui favorisera le brassage et surtout le vivre ensemble des diverses composantes de la nation que nous voulons bâtir. Bien que non indispensable à la formation d’une nation, la Constitution ou loi fondamentale, est un élément important à l’érection d’une nation moderne. C’est pourquoi, cette loi devrait être le fruit de larges débats où toutes les populations se sentiraient concernées.

A cet égard, il n’est pas sûr que la référence à la charte du Manden soit opportune et qu’elle soit plutôt réductrice au lieu d’être fédératrice.

Un des principaux atouts de ce pays est qu’il a toujours été un pays de brassage. Cependant, il est à noter que dans ce brassage, toutes les cultures des différents groupes qui constituent la société n’ont pas le même degré de reconnaissance sociale. Dans un pays multiculturel comme le nôtre, le risque est grand pour que des individus qui appartiennent à « la culture dominante » soient tentés de mépriser ceux appartenant à d’autres cultures, ce qui amène à des frustrations et même à des révoltes.

A cet égard l’exemple de Hambodèjo roi du Kunari (Mopti) qui s’exprimait en peul à Ségou et en bambara au Kunari est bien édifiant. C’est pourquoi, l’effort que chacun de nous doit faire, c’est d’apprendre à connaître l’autre. Cette connaissance de l’autre conduit à la tolérance qui conduit inévitablement à faciliter le vivre ensemble. Les crises à répétitions du nord du Mali sont en grande partie dues à cette méconnaissance de l’autre. Combien de maliens du sud savent différencier un arabe d’un kel tamasheq ? Combien d’arabes ou de kel tamasheq peuvent différencier un bambara, d’un senoufo ou d’un bobo ?

L’édification d’une nation est un processus quotidien, permanent :“l’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours.” (Ernest Renan). Si nous voulons donc ériger ce Mali multiculturel, en une nation solide, arc-en-ciel, « qui doit sa beauté aux tons variés de ses couleurs » (cf. Amadou Hampaté BA), nous avons chacun le devoir de « conquérir » la culture de l’autre car comme l’a si bien dit l’écrivain et homme politique français André Malraux (1901 – 1976), « la culture ne s’hérite pas, elle se conquiert »

…sans rancune

Wamseru A. Asama
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