La Confédération africaine de football (CAF) fête son soixantième anniversaire ces 15 et 16 mars 2017 à Addis-Abeba, après plusieurs semaines de tensions. Celles-ci sont liées à l’élection de son président qui va opposer le sortant Issa Hayatou au Malgache Ahmad, mais aussi aux relations moins cordiales avec la FIFA et à une procédure judiciaire ouverte en Egypte contre la CAF. Explications.
De notre envoyé spécial à Addis-Abeba,
Une petite centaine d’acteurs du monde du football africain sont réunis dans un cinéma de quartier d’Addis-Abeba, ce 14 mars 2017. De gros cornets de pop-corn à la main et de larges sourires aux lèvres, ils sont venus assister à la projection d’un beau documentaire largement à la gloire de la Confédération africaine de football (CAF) et de son président Issa Hayatou.
Cette avant-première fait office de préambule au 60e anniversaire de la CAF, organisé les 15 et 16 mars dans la capitale éthiopienne. Des dates qui coïncident davantage avec l’accession au pouvoir d’Issa Hayatou – le 10 mars 1988 – qu’avec la naissance de la CAF, un 10 février.
L’ambiance bon enfant qui règne ce soir-là masque toutefois en partie les tensions qui minent l’institution depuis quelques semaines. Des tensions latentes qui se sont notamment révélées en janvier avec l’annonce de la candidature du Malgache Ahmad à la présidence de la CAF. Ce dernier et la plupart des présidents de fédération censés le soutenir n’étaient d’ailleurs pas présents, ce mardi soir.
Une élection plus serrée que prévue ?
L’unité semble actuellement de façade au sein de la CAF. D’un côté, on trouve les plus fervents partisans du président sortant, issus en grande partie des pays francophones, notamment d’Afrique centrale et de l’Ouest. De l’autre, il y a des frondeurs venus d’Afrique australe et de quelques fédérations d’Afrique de l’Est et de l’Ouest, dont de nombreux anglophones.
Difficile néanmoins de savoir pour qui vont vraiment voter les 54 présidents de fédérations, lors de l’Assemblée générale élective du 16 mars. Cette incertitude laisse même planer un léger doute sur le sort du scrutin, alors qu’Issa Hayatou a écrasé ses adversaires passés, l’Angolais Armando Machado en 2000 et le Botswanais Ismail Bhamjee en 2004. « Je ne dis pas que je vais gagner mais je ne pense pas qu’on pourra nous ridiculiser », expliquait ainsi Ahmad en février sur rfi.fr.
Des relations moins cordiales avec la FIFA
L’attitude de la Fédération internationale de football (FIFA) dans cette affaire a par ailleurs semé le trouble. Le patron de la FIFA Gianni Infantino s’est rendu fin février à Harare à une réunion controversée, organisée par le président du Cosafa. Celle-ci a donné lieu à une virulente passe d’armes entre la CAF et le Cosafa, le principal foyer de soutien à Ahmad. Le Suisse Infantino a ensuite poursuivi sa tournée africaine dans une majorité de pays potentiellement acquis à la cause du Malgache.
Depuis deux mois, les relations entre la CAF et sa maison-mère semblent en tout cas être devenues nettement moins cordiales que lorsque Joseph Blatter était président de la FIFA. En janvier, la CAF s’est par exemple amèrement plainte que la FIFA ait décidé de la fermeture de deux de ses quatre bureaux en Afrique et que les deux bureaux restants aient été transférés à Dakar et à Johannesburg.
Signe de ces temps difficiles, les deux institutions peinent à se mettre d’accord sur la tenue d’une simple conférence de presse commune entre Infantino et le vainqueur du scrutin du 16 mars.