a chute de branches sur la ligne haute tension aurait causé des avaries sur les câbles entrainant la suspension du courant pour des raisons de sécurité.
Une gigantesque coupure a privé de courant électrique les habitants de la capitale et environs, lundi en milieu d’après-midi et s’est poursuivie jusque tard dans la nuit. La coupure qui aurait été ressentie jusqu’à Kita et Kayes, est survenue vers 14h30 lundi. Le courant ne sera rétabli qu’aux environs de minuit. Cette interruption du service EDM est arrivée suite à un amorçage sur la ligne haute tension transportant l’énergie produite par le barrage de Manantali. Des branches de manguiers auraient provoqué un étirement des lignes. Cette traction entraine une déconnexion des anneaux de couplage des fils. C’est ce phénomène qu’on appelle techniquement un amorçage.
Que s’est-il réellement passé ? A la direction générale de la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM), propriétaire du réseau de Manantali, l’on se refuse à tout commentaire. « Toute déclaration serait inappropriée avant un rapport technique sur les causes exactes de l’incident », nous dit-on très « langue de bois » à la SOGEM.
Mais le problème a été trop grave pour qu’EDM se mure, elle aussi, dans le mutisme sachant les désagréments causés aux consommateurs par une interruption prolongée de courant en cette période de canicule.
Le conseiller à la Communication d’EDM, Tiona Mathieu Koné, explique ainsi que l’incident a privé EDM de la moitié de sa capacité de fourniture d’électricité. C’est aux environs de 15 heures que la panne est survenue sur la ligne. Après des recherches, elle a été localisée dans une mangueraie située dans le petit village de Kodiaran à quelques kilomètres de Kati. Une branche de manguier aurait provoqué l’amorçage sur la ligne haute tension. L’amorçage a provoqué un court-circuit qui a mis le feu à la mangueraie. Pour des raisons évidentes de sécurité, il a alors été demandé à Manantali de suspendre la fourniture de courant vers Bamako privant ainsi la capitale de 105 Mégawatts sur les 210 Mégawatts nécessaires en cette période de pointe.
Ainsi, EDM a basculé toute l’alimentation de la capitale sur ses installations de Balingué, Sotuba, Darsalam et Sirakoro-Méguétana. Ces installations ne pouvant supporter la demande, l’arrêt total de la fourniture d’électricité devenait inévitable. « C’est à ce moment qu’intervient la coupure générale », résume Tiona Mathieu Koné.
L’épisode remet sur la sellette la question de l’occupation illicite de l’emprise des installations de Energie du Mali. En effet, la zone où passe la ligne haute tension est aujourd’hui occupée par des plantations de manguiers dont les branches peuvent accrocher les lignes. Pourtant la législation et les règles de sécurité délimitent une emprise de protection du réseau électrique de 20 mètres de part et d’autre des poteaux électriques pour les lignes haute tension (HT) et de 15 mètres en ce qui concerne les lignes moyenne tension (MT). Ces dispositions ne sont malheureusement pas respectées.
En ce qui concerne les plantations de manguiers incriminées dans l’incident de lundi, les propriétaires ont été dédommagés au moment où la Société de gestion de l’énergie de Manantali (SOGEM) tirait ses câbles. Malgré tout, ils continuent d’occuper les lieux. « C’est une situation qui nous préoccupe. Car ces pratiques sont souvent à l’origine d’incidents récurrents sur notre réseau. Nous invitons les populations au respect des normes établies pour leur propre sécurité. Imaginons cet incident se produisant au moment où la mangueraie est encore occupée ? Les dégâts auraient été catastrophiques, car il y aurait eu mort d’homme », souligne Tiona Mathieu Koné, tout en se félicitant de la promptitude avec laquelle le réseau a été réparé. Le pire a été évité, note-t-il, car le flux de courant électrique non consommé aurait pu provoquer un court-circuit au poste de Kayes. Dans ce cas de figure, la remise en l’état aurait pris des mois.
Les coupures d’électricité qui interviennent actuellement n’ont rien à voir avec cet incident, a-t-il cependant précisé. Celles-ci sont liées généralement à des travaux de réglage sur le réseau ou encore à des stratégies de desserte suite à la surconsommation d’énergie qui, faut-il le souligner, dépasse le plus souvent les capacités de production d’EDM.