Le ballet diplomatique constaté depuis quelques temps en direction de notre pays ne ralentit pas. Une forte délégation du Danemark conduite par le ministre danois des Affaires étrangères, Villy Sovndal, et comprenant son collègue de la Défense, Nick Haekkerup, était hier dans notre pays. Elle a été reçue en audience par le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, qui venait de recevoir une délégation de parlementaires européens.
Au menu des échanges, la situation dans notre pays. Pendant près d’une heure, le président Traoré exposé les grandes lignes de la crise qui secoue notre pays depuis un an pour permettre à ses interlocuteurs de comprendre les enjeux de la situation.
La visite du ministre danois des Affaires étrangères est « une marque d’amitié et de solidarité » selon le président de la République par intérim, précisant que le « Danemark a toujours défendu les droits de l’homme » partout où cela a été nécessaire. Le président a également révélé que le Danemark a décidé de reprendre sa coopération avec notre pays. « Malgré la distance entre les deux pays, nous avons toujours gardé de très bonnes relations », a commenté Dioncounda Traoré qui dit n’avoir pas été surpris par le geste d’amitié de ce pays ami.
Le chef de la diplomatie danoise a confié après l’entretien que ce qui se passe actuellement au Mali est « plutôt encourageant ». « Je suis content que la feuille de route soit en place et que les djihadistes ne fassent plus ce qu’ils veulent », a déclaré ministre, assurant que le Danemark reste un ami du Mali. « Nous étions là avant la crise et nous serons là après la crise », a-t-il assuré, avant de prendre congé du président Traoré en sa résidence.
De là, la délégation danoise s’est rendue à l’hôtel Salam où le ministre danois a longuement discuté avec des représentants du Collectif des élus du Nord. Aux associations de ressortissants du Septentrion, Villy Sovndal a annoncé un appui accru de son pays pour « éviter que les djihadistes reviennent au Nord ». Copenhague va également aider à organiser « de bonnes élections ». Pour le chef de la diplomatie danoise, il est indispensable de réunir les conditions d’un dialogue inclusif. Il a cependant tenu à préciser qu’il n’est pas venu au Mali pour « décider de son orientation politique ».
« Les élus que nous sommes ont un rôle important pour construire la paix et promouvoir le développement du Nord », a dit Sandy Haidara, député élu à Tombouctou qui prône « une paix durable » mais « sans impunité ». Présentant la vision de l’ensemble des élus, le parlementaire a expliqué que notre pays a connu beaucoup de rebellions. « Au nom de la paix, nous avons même donné une prime à la rébellion. Entre nous, nous nous connaissons. Il ne faudrait pas que des experts internationaux viennent nous désigner nos ennemis, car nous les connaissons. Tant que nous sommes d’accord sur le fait que le Mali n’est pas divisible et qu’il reste laïc, le dialogue est possible. Nous sommes tous d’accord qu’il ne faut punir les fautifs », a indiqué le porte-parole des élus tout en marquant son accord pour « condamner l’amalgame ».
« Sur le plan du développement, nous reconnaissons que le déséquilibre est très grand. Il faut donc que cela puisse changer car le Nord regorge des ressources naturelles », a fait remarquer l’élu qui regrette que « ces richesses n’ait jamais été exploitées ». Et de poursuivre : « Le nord est très vaste et très enclavé » donnant l’exemple de la région de Tombouctou qui ne dispose que de 18 km de route bitumée. « Tout est au point zéro : les infrastructures détruites, les mobiliers vandalisés, les enfants déplacés », a dénoncé un autre élu. D’autres autour de la table ont jugé urgent d’apporter "une aide humanitaire d’urgence aux déplacés".
Tour à tour, les élus ont parlé de sécurité, d’éducation, de santé, d’infrastructure et surtout de dialogue. Les partenaires danois ont pris bonne note des préoccupations leur promettant de tout faire pour relancer le développement dans le pays en général et le Nord en particulier.
Il faut rappeler que depuis 2006, les relations de coopération entre notre pays et le Danemark avaient connu un grand essor. Ce partenariat marqué par l’ouverture de la mission diplomatique danoise à Bamako, a posé des jalons importants et mené des actions tangibles dans le domaine de l’agriculture, de l’eau, des ressources naturelles, et la promotion de l’emploi dans le domaine du secteur privé, a noté notre ministre des Affaires étrangères, Tiéman Coulibaly.
Les deux pays ont retenu des thèmes transversaux de dialogue et de coopération portant sur le genre, la démocratie, l’appui budgétaire et la gouvernance. Il s’agit en substance de domaines reflétant les priorités définies par les pouvoirs politiques dans le cadre de la stratégie pour promouvoir la croissance et réduire la pauvreté.
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