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Le Réflecteur : Rémission constitutionnelle !
Publié le vendredi 17 mars 2017  |  le Reflet
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Décidément ! Décidément, ce régime nous fera voir de toutes les couleurs dans sa gouvernance avec un conseil des ministres extraordinaire convoqué le vendredi 10 mars 2017, deux jours seulement après la session ordinaire du mercredi 8 mars.

Des témoignages du personnel des lieux, la convocation extraordinaire par le Chef de l’Etat faite à ses ministres a marqué certains d’entre eux qui auraient sué toute leur eau croyant à un remaniement depuis longtemps annoncé, mais non encore opérationnel, tandis que d’autres seraient venus en bras de chemise avec des vêtements un peu froissé.



L’ordre du jour portait sur l’examen du projet de loi relatif à la révision de la Constitution du 25 février 1992 et une communication sur la nomination des membres de l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite, une structure de plus pour jeter de la poudre aux yeux des citoyens maliens qui ont été abusés par la déclaration avec tambours et cymbales de 2014 comme «l’année de lutte contre la corruption» au Mali. Et cela au moment où l’Assemblée nationale adoptait la loi contre l’enrichissement illicite !

Depuis donc plus de deux ans, rien n’en a été noté comme un «témoignage puissant de la volonté politique du chef de l’Etat Ibrahim Boubacar Kéita à impulser une nouvelle dynamique à la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite au Mali».

Concernant le premier point de ce conseil des ministres extraordinaire, à savoir le projet de révision constitutionnelle, qu’un collège de 13 membres a conduit sous la présidence du célèbre avocat Me Mamadou Ismaïla Konaté devenu depuis Ministre de la Justice, il refonde les institutions de la République.

Aussi incompréhensible que fut convoqué le conseil des ministres extraordinaires du vendredi 10 mars, aussi incompréhensible fut la convocation le lendemain samedi 11 mars d’une session extraordinaire des députés à l’Assemblée nationale pour nettoyer la constitution du 25 février 1992 afin «d’adapter l’outil à l’objet, la lettre à la pratique pour mieux avancer dans la construction d’un système démocratique performant» ! C’est tel qu’argumenté avec emphase, à la manière d’un avocat éloquent, dans le document remis au président de la République.

IBK veut montrer à ses détracteurs, qui le disent malade et fatigué pour briguer un second mandat, qu’il tient toujours la gouverne de l’Etat ? A-t-il son propre agenda secret pour lui faire doubler d’efforts dans la gestion des affaires de l’Etat ?

Nous ne tracerons pas de plans sur la comète, mais nous sommes tout de même obligés de noter que même si le conseil des ministres constitue un outil de direction de l’Etat, et notamment du pouvoir exécutif par le Président de la République lui permettant de contrôler la mise en œuvre de la politique du gouvernement, la convocation à deux jours d’un conseil extraordinaire suivi immédiatement d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale relève beaucoup plus de la précipitation que de la vitesse.

On le voit donc, il y a une certaine précipitation dans tout cela que rien ne peut expliquer pour le peuple malien. Mais cette grande activité à Koulouba fait craindre encore le très dangereux malaise vagal dont le Chef de l’Etat avait souffert, il y a quelque temps, à l’époque dû à ses très nombreux voyages.

Un malaise vagal qui se caractériserait cette fois par un manque de sommeil, à en croire les visiteurs du soir à Sébénikoro. Mais, c’est surtout l’effort physique soudain qui pourrait déclencher une fois de plus la perte de connaissance chez notre «Président-fondateur».

Au-delà de ces inquiétudes pour la santé du Président de la République et donc de l’avenir du Mali, il est à noter que le projet de révision constitutionnelle reste empreint par la création d’un Sénat imité de la constitution de la 5e République française où cette Chambre haute tient un rôle législatif en tant que représentant des collectivités territoriales.

Dans le projet de révision constitutionnelle, il nous revient que c’est le Haut conseil des collectivités territoriales qui sera donc transformé en Sénat pour un départ. Le HCCT n’a qu’une mission purement consultative et de ce fait est classé au septième rang (sur 8) dans l’ordre des institutions de la République selon la constitution en vigueur. Dans la réforme, il remonterait à la quatrième position juste derrière l’Assemblée nationale.

De conseillers nationaux au nombre 68 jusqu’alors, ses membres deviendront donc les nouveaux Sénateurs. Combien seront-ils, comment seront-ils élus, quel sera leur régime avec d’autres mandats électifs comme conseiller régional, maire voire député ?

Il reste que leur fonction parlementaire ne va pas sans grever le budget de l’Etat avec des indemnités de représentativité et de frais de mandat comme pour les députés dont, à ce jour, chacun coûte très chèrement à l’électeur sans être au final très utile dans la construction de la démocratie.



Olivier Haudet

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