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Poulo l’ennemi N°1 du régime d’IBK : L’acte fatal d’un piètre ministre
Publié le samedi 18 mars 2017  |  Aujourd`hui
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© aBamako.com par FS
Finale de la 55è édition de la coupe du Mali de Football: Stade malien 2-1 Onze Créateurs
Finale de la 55è édition de la coupe du Mali de Football le 29 Août 2015 au Stade Modibo Keita: Stade malien 2-1 Onze Créateurs. Photo: Housseini Amion Guindo, Ministre des Sports
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Si aujourd’hui le président Ibrahim Boubacar Kéïta a un ennemi juré, c’est bien son ministre des Sports. Par sa décision en date du 8 mars de retirer la délégation de pouvoir au Comité exécutif de la Fédération malienne de football, sa dissolution, Housseini Amion Guindo dit Poulo contribue à mettre à terre un régime déjà suffisamment laminé par une situation sécuritaire précaire, une gouvernance jugée très mauvaise, un chaos économique et une tutelle internationale.

Face à un tel tableau sombre, le football restait jusque-là le seul opium pour doper un peuple abandonné à son sort. Avec cette maladresse du Ministre Guindo, le Mali s’expose incontestablement à une suspension du pays de toutes les compétitions internationales par la Fifa. Ce qui pourrait créer un mécontentement général, pourquoi pas un soulèvement, dont IBK n’a point besoin aujourd’hui. Mais c’est le président lui-même qui semble être le fossoyeur de la tombe de son propre régime en continuant à maintenir sa confiance en un ministre qui est la plus grande plaie de son pouvoir. Comme nous le verrons plus bas, “Poulo” a étalé ses limites sur tous les plans. L’homme a beau être le président de la quatrième force politique du Mali, IBK doit s’en débarrasser au plus tôt, sous peine de compromettre ses chances en 2018, une année électorale déjà à nos portes.

Ayons l’honnêteté intellectuelle et le courage patriotique de le reconnaître et de le réciter : le Mali, notre Maliba, est au bord du précipice. Ce pays à l’histoire millénaire vogue aujourd’hui dans une situation sécuritaire généralisée très précaire, une crise économique et financière sans précédent engendrée par une mal gouvernance endémique, un front social qui couve, et une forte demande sociale sans la moindre piste d’offre. Toutes choses qui placent le Mali sous tutelle internationale de la Minusma, du Fmi, de la Banque mondiale…sans espoir d’envisager l’“indépendance” à moyen terme. Malgré tout, les Maliens ont tenu bon, dopés par l’énergie du désespoir qui fait toujours penser que l’espoir est proche. Mais depuis le 8 mars 2017, il y a de sérieuses craintes que le peuple ne craque sous les effets d’une suspension quasi certaine du football malien de toutes les compétitions internationales. Et cela par la faute d’un ministre, en l’occurrence Housseini Amion Guindo, qui ne peut réfléchir plus loin que le bout de son nez.

Cependant, tout porte à croire que, dans sa décision du 8 mars par laquelle il dissout le Comité exécutif de la Fémafoot dirigé par Boubacar Baba Diarra, le ministre des Sports bénéficie de la solidarité gouvernementale, donc il a l’aval du Premier ministre, Modibo Kéïta, de l’indifférence du secrétaire général de la Présidence, Soumeylou Boubeye Maïga (fin connaisseur du sport) et de l’accord du président de la République. Pourtant IBK ne devrait pas tomber dans un tel piège grotesque pour la double raison que ça ne va pas au pays et que le Ministre Guindo est incompétent sur toute la ligne. En effet, c’est de la lapalissade que de dire que le Mali traverse la plus grave crise de son existence. Le pays se trouve plongé dans un état de dénuement qu’aucun vocable ne saurait qualifier avec exactitude.

Un tour d’horizon de la situation d’ensemble du pays donne tout simplement le tournis car le Mali semble avoir tout perdu ou presque : son intégrité territoriale (sérieusement menacée par un risque élevé de partition avec le cas de Kidal sous protection française), son indépendance économique et financière (compromise par plusieurs signaux sociaux et la dépendance à Bretton Woods); son indépendance politique (mise en exergue par l’absence d’un Etat fort). A ces paramètres qui fondent l’existence même d’un Etat, s’ajoutent une situation sécuritaire aux proportions inquiétantes et un front social et syndical caractérisé par une agitation sans précédent dans l’histoire contemporaine du Mali.

Aujourd’hui, la mort rôde à tous les coins de rues du Mali. L’insécurité n’est plus l’apanage du seul septentrion, mais elle a étendu ses tentacules au centre et au sud, même à l’Est où la région de Kayes n’est pas épargnée. Des attentats de grande envergure (tels que ceux du MOC de Gao, du Radisson, du Byblos de Sévaré…) aux assassinats ciblés (des imams, chefs de village et conseillers, et agents), en passant par les embuscades, les attentats kamikaze, les voitures piégées, les mines et le banditisme résiduel, tout y passe pour “couper” le sommeil des Maliens. Au-delà de l’insécurité, le front syndical. Depuis le 9 mars, le Mali vit une situation inédite dans son histoire, à savoir une grève illimitée des agents de santé. Ce qui pourrait avoir des conséquences incalculables dans un contexte où les soins de santé sont déjà précaires et à un moment de forte chaleur. Le syndicat qui débraie dans les hôpitaux et centres de santé avait déjà observé en début d’année une grève de 5 jours qui marque encore les esprits.

Au même moment, six syndicats d’enseignement observent un mouvement de grève au sein d’un regroupement dénommé Synergie. Très, très grave ! Ces grèves ne sont qu’un maillon d’une longue chaîne de grèves qui ont jonché l’année 2017. De janvier à nos jours, le gouvernement n’a connu aucun répit en la matière. Quasiment nul jour sans que le pays ne soit perturbé par une action du front social. Les syndicats des magistrats (SAM et Sylima) avaient donné le ton avec une grève de 7 jours ouvrables, convertie en grève illimitée à partir du 18 février. Les inspecteurs de travail ont emboîté le pas aux juges en séchant le boulot pendant 5 jours, du 16 au 20 janvier. Ensuite, c’est le Syndicat national des greffiers, secrétaires de greffes et de parquets (Synag), qui a repris le flambeau les 15 et 16 février.

Le 8 février, le Syndicat des travailleurs du ministère des affaires étrangères a brandi au gouvernement un préavis de grève.

Dans un autre préavis émanant du Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales du Mali (Syntract) et signé de son secrétaire général, Seydou Oumar Diallo, ses membres menacent “d’observer un arrêt de travail (grève) de 3 jours (du 22 au 24 mars) et une mesure conservatoire d’arrêt de mandatement des salaires des autres fonctionnaires”.

Que dire aussi de la crise financière et économique qui a paralysé l’administration et, surtout, assomme les Maliens. Aujourd’hui, rares sont les Maliens qui posent la marmite sur le feu trois fois par jour. Personne ne mange à sa faim. Chacun tire le diable par la queue (d’ailleurs s’il reste encore quelque chose de la queue du diable, tellement elle a été tirée).

L’inflation n’est pas maîtrisée sur le marché où les produits de première nécessité, les produits de grande consommation et les hydrocarbures (lait, huile, sucre, riz, mil, sorgho, maïs, essence, gasoil, gaz butane…) ne redescendent plus de l’ascenseur.

Les transports en commun, urbains et interurbains deviennent du luxe, certains trajets pouvant nécessiter que l’on change de véhicule jusqu’à trois fois.

L’argent ? Il semble tout simplement avoir fondu sous la forge. Et les autorités semblent n’avoir solution. Comment, face à cette forte demande sociale, associée aux autres fléaux cités plus haut (insécurité, grèves, intégrité du territoire, paysage politique, tutelle internationale…), le chef de l’Etat peut-il ou a-t-il pu laisser Poulo enfoncer le clou à son régime avec une décision aussi impopulaire qui menace la tranquillité et la stabilité sociales ?

Pourtant, le président IBK doit être le premier à savoir que Housseini Amion Guindo ne connait rien. Et pour cause ! Le ministre des Sports est l’incarnation même de la nullité et du mal personnifié. Toute l’action gouvernementale tombe à l’eau à cause de lui, de ses agissements et de son entêtement à faire tomber le régime d’Ibrahim Boubacar Kéïta. Car, l’homme vient de prendre, contre la Fédération malienne de football, une mesure de dissolution qui risque, sans conteste, de créer une révolution populaire dont le président IBK et le Mali se passeraient volontiers dans le contexte actuel du pays. Parce que, si jamais le Mali est suspendu par la Fifa – ce qui pourrait intervenir dans les prochaines heures- le peuple va prendre la rue, le football restant le seul médicament pour soulager les Maliens. En plus, IBK ne doit pas s’entêter à maintenir dans le gouvernement un ministre incapable et incompétent. Tous les anciens vous le témoigneront : Housseini Amion Guindo est le plus mauvais ministre de l’histoire du Mali de l’indépendance, en 1960, à nos jours.

Ses frasques ont commencé depuis octobre 2014 dans l’affaire de la Land cruiser V8 qui avait défrayé la chronique en son temps.

Selon des médias, son “épouse” aurait été arrêtée par la police à bord d’un véhicule 4X4 CH 9126 à lui légué par l’ex-junte militaire. Malgré les explications boiteuses fournies par lui et son entourage, ce feuilleton reste encore non élucidé. Deux mois plus, soit en début 2015, il s’embourbe dans la crise de la Fédération malienne de football en prenant faits et causes pour les ennemis de la légalité. Au-delà du football, Poulo se révèle être une calamité contre toutes les fédérations sportives du Mali.

Nul besoin ici de revenir sur la crise du hippisme (où il a laissé des plumes) ou de basket (où feue Salamata Maïga dite Bébé l’a toujours remis dans ses petits souliers) ; mais il est important de s’appesantir sur le cas du football, qui est la discipline la plus populaire de la planète et au Mali.

Dans ce dossier, Poulo a fait honte à tous les gouvernements successifs depuis avril 2014 au point que certains ministres confient en privé toute leur gêne d’être ministres. Le ministre s’est d’emblée rangé du côté de ceux qui sont contre la légalité et qui contestent un bureau fédéral légal et légitime. Cependant, comme on le dit, être dans l’erreur est humain, mais c’est y persister qui est diabolique.

Très hautain, Poulo a défié toutes les lois de la République et les bonnes mœurs, et même le bon sens dans la gestion de la crise fédérale dont il est le seul responsable. Il a bravé aussi les décisions des instances internationales du football. Il a voulu tromper toutes les sensibilités impliquées par des mensonges d’Etat et des menaces qui n’ont jamais vu le jour. Son passage à l’Assemblée nationale pour enfoncer le bureau fédéral s’est retourné contre lui. L’institution a finalement pris le dossier en main et elle a pu sauver le Ministre en trouvant un compromis qui a mené la saison jusqu’au bout.

Entre temps, le football malien fait la fierté de la nation et constitue la plus grande satisfaction du mandat d’IBK, en cumulant les succès au niveau africain et mondial.Pendant que tout le monde pense que la crise est désormais derrière nous, le ministre des Sports est parti humilier la nation malienne en allant se faire la risée du monde entier à Zurich, en Suisse, siège de la Fifa. Il était allé pour démettre le bureau fédéral, mais il a été ridiculisé à la face du monde. Mais, au-delà de lui, c’est l’image d’un ministre malien qui est vue par l’opinion et qui est ternie, à jamais. C’est en revanche et en vengeance à toute cette humiliation en série que Poulo vient de prendre la pire décision sous IBK. Au président de la République de prendre ses responsabilités. Toutes ses responsabilités.

La Rédaction
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