Selon Mamadou Konaté, le dialogue social se définit comme un instrument efficace incluant tous les types de négociation, de consultation, de concertation ou simplement d’échange d’informations entre les acteurs du monde du travail en vue de parvenir à un consensus, au maintien d’un climat social serein.
Il a pour objectif principal d’encourager la formulation d’un consensus entre les principaux acteurs du monde du travail, ainsi que leur participation démocratique. “L’atteinte de cet objectif est de nature à promouvoir la bonne gouvernance, à favoriser la paix et la stabilité sociale et à stimuler l’économie “, a-t-il dit. Les acteurs du dialogue social sont au nombre de trois : le gouvernement, les employeurs (privés) et le travailleurs. C’est ce qui fait qu’on parle de tripartisme au sein du dialogue social et de quadripartisme avec l’ajout de la société civile.
Parlant des conditions de base du dialogue social, il dira que le dialogue social fécond passe par la réunion de certaines conditions dont les principales sont : la volonté affirmée d’engager le dialogue social de la part de toutes les parties ; des organisations de travailleurs et d’employeurs fortes, autonomes, ayant la capacité technique leur permettant de participer au dialogue social ; un cadre institutionnel approprié ; le respect des textes fondamentaux régissant le travail; le respect de la démarcation entre le politique et le syndicalisme; le respect de l’autre.
S.D.
Dans le but d’avoir un climat social serein au sein des services publics, des mécanismes de dialogue social ont été prévus par divers textes. Il s’agit de la Circulaire n° 04-0001/PM-RM du 30 janvier 2004 portant sur les mesures relatives à l’amélioration de la communication gouvernementale. Cette circulaire a institué, au niveau de chaque département ministériel, une rencontre trimestrielle avec les syndicats nationaux relevant du domaine des compétences des ministères dont le but est de s’enquérir des problèmes rencontrés par les travailleurs de son secteur et de rechercher, avec les délégués syndicaux, les solutions adéquates. Dans les directions des services centraux et des organismes personnalisés, des rencontres trimestrielles avec les comités syndicaux autour des questions relatives aux conditions de travail et au fonctionnement des services et des organismes. Au niveau de toutes les structures, il est organisé des assemblées générales ponctuelles d’information, en vue de susciter une large adhésion des travailleurs à certaines grandes décisions gouvernementales.
Le respect de cette circulaire de 2004 contribuerait à éviter beaucoup de conflits sociaux. Un autre dispositif pertinent de dialogue social réside dans la signature, le 14 août 2001, entre le gouvernement du Mali, l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm), le Conseil national du patronat du Mali et les associations de retraités, du Pacte de solidarité pour la croissance et le développement. A la suite de l’évaluation du Pacte par un consultant, il a été recommandé la création d’un Conseil national du dialogue social (Cnds) en lieu et place du Pacte de solidarité pour la croissance et le développement. Mais, a tenu à préciser M. Konaté, “la mise en place du Cnds passe préalablement par la tenue des élections professionnelles, seul baromètre pour mesurer la représentativité des organisations syndicales des employeurs et des travailleurs “. S.D.
Les différents pactes sociaux qui ont amélioré les conditions de vie des travailleurs maliens
Durant sa conférence, Fassoun Coulibaly (directeur national du Travail) a rappelé les différents pactes sociaux que le gouvernement a conclus avec l’Untm. Il s’agit du Pacte social du 7 mai 1992 qui a été révisé en mai 2001 sous le nom de Pacte de solidarité pour la croissance et le développement. Depuis la conclusion du Pacte social en 1992, des négociations régulières ont eu lieu avec l’Untm. Les résultats engrangés ont de façon significative contribués à la préservation de la paix sociale. Il s’agit des protocoles d’accord suivants : Pacte social de 1992 ; le Protocole d’accord du 10 mars 1994 ; du Protocole d’accord du 20 mars 1997 ; du Protocole d’accord du 26 avril 1998 ; du Protocole d’accord du 14 août 1999 ; du Pacte de solidarité pour la croissance et le développement de 2001 ; du Protocole d’accord du 16 septembre 2005 ; du Protocole d’accord du 24 juin 2007 ; du Protocole d’accord du 18 juillet 2007 ; du Protocole du 2 octobre 2011 ; du Protocole du 28 octobre 2014.
Clin d’œil sur le ministère du Travail et de la Fonction publique
e ministère du Travail et de la Fonction publique, également en charge des Relations avec les Institutions, prépare et met en œuvre la politique nationale dans les domaines du travail et de la Fonction publique. A ce titre, il est compétent pour, entre autres, l’élaboration, la mise en œuvre et le contrôle de la législation du travail dans le secteur privé; la promotion du dialogue social, la prévention et la gestion des conflits collectifs; la coordination des rapports du gouvernement avec les organisations syndicales et patronales; l’élaboration et l’application des règles relatives à la détermination de la représentativité et de la légitimité des organisations syndicales.
A la suite du dépôt des préavis de grève, le ministre en charge du Travail met en place une commission de conciliation.
Évolution du syndicalisme du soudan au Mali
De l’Urts à l’Untm
Aux dires du conférencier, Fassoun Coulibaly, un syndicat est une organisation professionnelle ayant pour mission de défendre les intérêts économiques, sociaux et moraux de ses membres. Les syndicats professionnels qui sont l’émanation directe ou indirecte des représentants des travailleurs dans l’entreprise jouent un rôle important dans les relations professionnelles de travail. Parlant de l’évolution du syndicalisme au Mali, il expliquera que c’est sous les effets conjugués de la Conférence de Brazza (30 janvier-5février 1944) et de l’Organisation internationale du travail (OIT) que le gouvernement français va convenir à lever les obstacles à l’exercice du droit syndical. C’est ainsi que le syndicalisme va donner aux partis politiques naissants leurs premiers cadres : Modibo Kéita, Mamadou Konaté, Ouezzin Coulibaly, Mahamane Allassane Haïdara.
Après plusieurs péripéties, le Décret du 7 août 1944 institua une liberté totale dans l’exercice du droit syndical. C’est ainsi que fut créée l’Union régionale des travailleurs du Soudan (Urts). En 1956, elle prit le nom de l’Union territoriale des travailleurs du Soudan (Utts) et l’Union nationale des travailleurs du Soudan (Unts) en 1958. De 1946 à 1958, l’Union était dirigée par Abdoulaye Diallo, commis des PTT d’origine guinéenne. Après, elle a été dirigée par Balla Sissoko qui a assuré l’intérim jusqu’au congrès constitutif de 1963. Le 28 juillet 1963, l’Union nationale des travailleurs du Soudan (fusion des Unions territoriales du Soudan et du Sénégal) devint le Congrès constitutif de l’Union nationale des travailleurs du Mali (Untm).
Les 8 secrétaires généraux de l’Untm
De 1963 à nos jours, l’Untm a connu plusieurs secrétaires généraux : Mamadou Famady Sissoko (1963-1968) ; Bougouni Diarra (1969-1970) ; Mamadou Kané (1971-1974) ; Seydou Diallo (1974-1978) ; Bakary Karambé (1978-1992) ; Issa dit Issé Doucouré (1992-1997) ; Siaka Diakité (1997-2014) ; Yacouba Katilé (2014 à nos jours).