Entre terrorisme, banditisme et règlements de comptes, la situation sécuritaire au Mali, notamment dans le centre et le nord du pays, demeure une question cruciale dans l’achèvement du processus de paix et de réconciliation.
“La situation sécuritaire reste globalement préoccupante”, a déclaré, samedi soir, le chef des opérations de maintien de la paix de l’ONU au Mali, Hervé Ladsous, lors d’un point de presse à Bamako. “Nous sommes beaucoup trop fréquemment attaqués par les groupes armés” malgré les importants moyens déployés par l’ONU et les parties impliquées dans le règlement de la crise malienne, a-t-il ajouté, a rapporté l’AFP. “Le processus (de paix) est loin d'être achevé” malgré l'accord de mai-juin 2015 entre Bamako, la Plateforme d’Alger (pro-gouvernement) et la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA, ex-rébellion), a regretté M. Ladsous. Déployée depuis juillet 2013, la Mission de l'ONU au Mali (Minusma) est la force de maintien de la paix onusienne la plus coûteuse en vies humaines depuis la Somalie en 1993-1995, avec plus de 70 Casques bleus tués en opération. Les Casques bleus tchadiens sont les plus nombreux à mourir lors des différentes attaques terroristes, revendiquées par Al-Qaïda au Maghreb islamique, Al-Mourabitoune, Ansar Eddine ou encore par le Front de libération du Macina. Ces groupes terroristes ont fusionné en un seul mouvement, sous la direction de l’ancien chef d’Ansar Eddine, l’ex-rebelle targui Iyad Ag Ghali. La nouvelle entité s’appelle “Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans” et englobe donc tous les groupes terroristes qui agissent, non pas seulement au Mali mais dans l’ensemble du Sahel. La fusion de ces groupes constitue aussi un contrepoids pour une éventuelle intention de l’autoproclamé État islamique de s’implanter dans cette région, où une collaboration entre le nouveau mouvement dirigé par Iyad Ag Ghali avec Boko Haram (Nigeria) semble aussi exclue. Car le groupe nigérian a fait allégeance à Daech. Autres signes de l’inquiétante situation sécuritaire, l’assassinat vendredi d’un chef militaire du Groupe d’autodéfense des Touareg de l’Imghad et alliés (Gatia, membre de la Plateforme) à Ménaka, dans le nord-est du Mali, ont rapporté les médias locaux. Il s’agit d’Almadi Ag Lengach, et deux présumés suspects ont été arrêtés, selon les mêmes sources. “Almadi Ag Lengach a été assassiné à son domicile par des hommes armés qui ont pris la fuite” dans la nuit de jeudi à vendredi, selon un membre du Gatia, cité par Studio Tamani. La victime était considérée comme un acteur “important” dans la gestion sécuritaire de la ville de Ménaka, ont ajouté les mêmes sources. Des informations affirment que les assaillants sont venus en moto, ce qui a facilité leur fuite après leur forfait. Selon les responsables du Gatia, cet assassinat “est un coup dur qui peut avoir un impact négatif sur la mise en œuvre de l'accord”. Autrement dit, cet assassinat est loin d’être un règlement de compte personnel, mais la continuité d’une guerre intercommunautaire qui a déjà impacté négativement la mise en œuvre de l’Accord d’Alger.