BAMAKO, Le directeur de publication du quotidien malien Le Républicain a été arrêté mercredi à Bamako, en raison de la publication d’une lettre ouverte de soldats contre le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur d’un coup d’Etat en 2012, a appris l’AFP du journal et de source sécuritaire.
"Des hommes de la sécurité d’Etat (service de renseignement de la police) sont venus aujourd’hui mercredi vers 13H00 (GMT et locales) pour arrêter Boukary Ndaou", directeur de publication du Républicain (privé), a déclaré un journaliste de la rédaction.
M. Ndaou a été arrêté "à cause de notre Une qui publie une lettre ouverte" de soldats combattant contre des islamistes armés dans le nord du Mali "qui dénonce les avantages accordés au capitaine Sanogo", a expliqué Assane Koné, autre journaliste du Républicain.
Cette Une a également été publiée "par le site d’informations Maliweb, en version électronique, avec notre accord, parce que nous avons eu des problèmes techniques à l’imprimerie pour la sortie du journal" mercredi, a-t-il précisé.
Une source sécuritaire malienne a confirmé à l’AFP l’information sans plus de détails.
Dans la "Lettre ouverte au Président de la République" Dioncounda Traoré,"des soldats au front" se disent "révoltés par les avantages accordés" au capitaine Sanogo, chef des putschistes ayant renversé en mars 2012 le président Amadou Toumani Touré.
"Nous avon appris que pendant que nous mourons, nous, dans le grand désert, le capitaine Sanogo, pour avoir fait un coup d’Etat, et mis le pays dans la situation que nous connaissons, doit bénéficier d’un salaire de quatre millions FCFA" (plus de 6.000 euros) par mois, indique cette lettre signée d’un certain "capitaine Touré".
"Les autres de son groupe, c’est-à-dire son clan, qui refusent de venir combattre, bénéficient également des mêmes traitements. Si cette décision n’était pas annulée dans les deux semaines suivantes, nous cesserons, nous, c’est-à-dire mes éléments et moi, de combattre", ajoute le capitaine Touré.
Le capitaine Sanogo a été officiellement investi en février à la tête d’un comité de réforme de l’armée.
Le coup d’Etat du 22 mars 2012 avait précipité la chute du nord du Mali aux mains des islamistes armés liés à Al-Qaïda qu’une intervention militaire franco-africaine a depuis chassés des principales villes de la région.
Les combats se poursuivent cependant dans des zones désertiques du nord-est du Mali où se sont retranchés des islamistes armés.