Dans le quartier on ne parle plus que de ça. Mme Kanté Diarrah Camara, gérante de Diaba Couture, la terreur des voleurs. Et ce ne sont pas les deux délinquants écroués à la prison centrale de Bamako qui diront le contraire.
Une réaction spontanée. Un geste, certes, irréfléchi et dangereux mais un geste audacieux. Face au danger, les gens réagissent différemment. Certains perdent tous leurs moyens. Ceux-là sont, heureusement ou malheureusement plus nombreux. D’autres, au contraire, se surpassent. Et Diarrah Camara est de ceux-là. Grâce à sa forte corpulence, elle a mis hors d’état de nuire deux délinquants multirécidivistes bien connus des services de police.
Les faits remontent au 12 mars dernier. A 13h, alors que les habitants de Quinzambougou en Commune II du district de Bamako sont à la prière du vendredi, un braquage à main armée se prépare. Derrière le Centre de Formation Professionnelle de Quinzambougou (CFTQ). Un jeune homme fait irruption dans l’atelier de couture. Il est identifié plus tard comme Moussa Traoré. En rentrant, il prend soin de fermer un côté de la porte à deux battants.
Il tombe nez-à-nez avec la gérante. «Fais sortir l’argent», ordonne-t-il en Bambara. «Quand il a parlé d’argent, j’ai cru que c’était un agent des impôts. Mais quand j’ai vu son pistolet, je n’ai pas réfléchi, je l’ai pris par le bras, je l’ai jeté à terre et j’ai commencé à le tabasser», raconte l’héroïne du jour. Avec le recul, Mme Kanté se rend compte à quel point elle a été en danger. Car, pendant qu’elle le tabassait, le premier coup de pistolet est parti. Le trou laissé par la balle dans le plafond est encore là. Sans lâcher prise, elle continue son œuvre.
C’est là que d’une force surhumaine, le jeune la frappe violemment à l’épaule avec la crosse de son arme et se libère.
Il court vers son complice arrêté sous l’arbre de l’atelier. Un certain Junior Bagayoko. Trop tard. C’est la fin de la prière, la foule venue de la mosquée les encercle. Le braqueur armé tente à nouveau de tirer mais son pistolet s’enraye. Il est sévèrement lynché et n’eût été l’intervention des policiers, il serait victime de ‘’l’article 320’’. En attendant leur jugement, prévu le 19 avril prochain, les deux bandits méditent sur leur sort au ‘’grand Lycée de Bamako-coura’’.