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Centre du Mali, une crise « négligée »
Publié le jeudi 23 mars 2017  |  sahelien.com
MNLA
© Autre presse par DR
MNLA (Mouvement National pour la Libération de l`Azawad)
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La crise dans le Centre du Mali (Ségou, Koulikoro et Mopti) est « négligée » par tous ou presque : Etat, populations locales et communauté internationale. C’est le constat que dresse Adam Thiam qui vient de réaliser une étude « Centre du Mali : enjeux et dangers d’une crise négligée », grâce à l’accompagnement du Centre d’étude humanitaire.

Cette région du Mali, le cœur du pays et véritable point de suture entre le Nord et le Sud, est sous le feu des projecteurs depuis 2015 à cause « des assassinats ciblés, des conflits intercommunautaires, des attaques contre les forces armées nationales et internationales », explique Abdel Kader Sidibé du Centre d’étude humanitaire, au cours de la présentation, ce jeudi 23 mars à Bamako.

Cette étude répond surtout à un besoin de comprendre et analyser la crise au Centre, devenu un foyer d’instabilité : vols de bétails, conflits sociaux. Pour le journaliste Adam Thiam, il y a dans le Centre des conflits latents que le problème djihadiste, qui est né au Nord du pays, est en train de réveiller. « L’agenda des djihadistes est de créer le maximum de désordre dans les sociétés déjà choquées », ajoute-t-il.

L’étude explique que dans le Centre, il y eut par le passé deux expériences djihadistes, notamment avec la dina de Cheikhou Amadou Barry du Macina vaincu après par le djihad omarien d’El Hadj Cheikh Omar Tall. Contrairement à une thèse de plus en plus répandue selon laquelle il n’y a pas djihadistes dans le Centre, Adam Thiam persiste et signe : « Il y a un projet de Califat dans le centre. »

Qui en sont les artisans ? Un nom émerge le plus souvent : Hamadoun Sangaré alias Kouffa, décrit dans l’étude comme un Hafiz (érudit), éloquent avec un discours révolutionnaire dans une région où il y a des velléités de recomposition très fortes, devenu chef djihadiste. Kouffa, le village dont il est originaire, a été le siège d’un tribunal islamique sous la dina de Cheikh Amadou.

Pour Adam Thiam, l’appellation Front de libération du Macina (FLM) n’a été mise en valeur qu’en 2012. Elle a été répandue à travers la presse. Alors que Kouffa lui-même revendique ses actes au nom de la « Katiba Macina », ce qui est une reconnaissance de la supériorité d’Iyad Ag Ghaly et de son lien avec Ansardine.

L’autre danger dans le Centre est la façon dont l’Etat règle le problème : en créant des frustrations. En effet, l’opération Seno pour nettoyer la région de nids djihadistes a créé des frustrations au sein de la communauté peulh : une cinquantaine de Peulh ont été arrêtés, emprisonnés à Bamako puis relâchés par le procureur faute de preuve. L’auteur met en garde contre le délit de faciès (amalgame Peulh/djihadiste), l’impunité, qui risquent d’être le point de départ d’une nouvelle rébellion : rejoindre les groupes djihadistes. Il y a donc une "question peulh" qui mérite d'être suivie.

Que faire pour le Centre ? C’est la question léniniste à laquelle Adam Thiam répond en recommandant à l’Etat, plus concentré sur le Nord, de réhabiliter économiquement la région de Mopti considérée par la Banque mondiale comme la plus pauvre du Mali, revoir le curriculum des écoles coraniques qui doivent être des outils de la modernité. Au Centre, 185 écoles sont fermées, alors que les écoles coraniques explosent.
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