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Centre du Mali: au moins dix morts dans des violences intercommunautaires
Publié le jeudi 23 mars 2017  |  AFP
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Bamako - Au moins dix personnes ont été tuées mercredi dans des violences dans le centre du Mali entre membres de la minorité peule et des chasseurs traditionnels appartenant essentiellement à l'ethnie majoritaire bambara, a appris jeudi l'AFP auprès du ministère de la Sécurité.

Un précédent bilan de sources concordantes faisait état de huit morts.

En février, des violences similaires avaient fait au moins 20 morts et des centaines de déplacés dans la même région. Quatre ministres, dont celui de la Justice, Mamadou Konaté, s'étaient alors rendus sur place et avaient annoncé l'ouverture d'une enquête.

"Les +dozo+, chasseurs traditionnels, ont perdu de très nombreux boeufs, qui leur permettaient notamment de faire les travaux champêtres, mercredi dans le village de Tougou, situé à 60 km de Niono", a déclaré à l'AFP un élu de la localité de Diabaly (centre).

"En représailles, ils ont poursuivi les +voleurs+ et un affrontement s'est déroulé à 20 km de Diabaly", a indiqué cet élu sous le couvert de l'anonymat.

Un responsable du ministère de la Sécurité a cité à l'AFP un bilan de 10 morts et 14 blessés, évacués vers Niono, ainsi que des dégâts matériels.

Confirmant ces affrontements, à "Banikoro et à Songo, à une vingtaine de km de Diabaly", une source sécuritaire malienne a précisé que "la tension restait très vive " dans le secteur.

Selon un autre élu local, dans leur expédition punitive, les chasseurs se sont déplacés à moto alors que depuis le 20 février, l'armée a interdit la circulation des motos d'un village à l'autre dans cette région, en raison de leur utilisation "par les terroristes".

Le sous-préfet de Niono et d'autres responsables administratifs ont rendu visite aux blessés jeudi, selon des témoins.

Par ailleurs, un renfort de l'armée a été dépêché "pour calmer les tensions", a affirmé à l'AFP une source militaire malienne basée à Gao (nord).

Les tensions sont fréquentes entre Bambaras et Peuls, souvent soupçonnés de collusion avec les jihadistes en raison de la présence depuis 2015 dans le centre du Mali du mouvement armé du prédicateur radical peul Amadou Koufa, allié à plusieurs groupes islamistes.

Dans cette région, "l'Etat a déserté, ne laissant comme interlocuteurs que les jihadistes, et les populations commencent à s'accommoder de la présence des jihadistes, et même à les trouver plus justes", a affirmé jeudi le journaliste Adam Thiam, lors de la présentation de son livre, "Centre du Mali: enjeux et dangers d'une crise négligée".

"Le danger, c'est que l'absence de l'Etat risque d'accélérer la formation d'un califat jihadiste au centre du pays", a-t-il prévenu.

"La région du Centre ne vit que d'un compromis extrêmement délicat entre des populations qui sont d'ethnies différentes, entre des systèmes de production qui sont différents, mais qui jusqu'à présent ont réussi à cohabiter", a expliqué Adam Thiam.

Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes liés à Al-Qaïda. Les jihadistes ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale, lancée en janvier 2013 à l'initiative de la France, qui se poursuit actuellement.

Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU (Minusma). Longtemps concentrées dans le nord, les attaques jihadistes se sont étendues à partir de 2015 vers le centre, puis le sud du pays.

sd/sst/jlb
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