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Après les coups d’état politiques de mars 91 et mars 2012 : Voici le coup d’Etat sportif de Mars 2017 de Poulo
Publié le dimanche 26 mars 2017  |  Aujourd`hui
Rencontre
© aBamako.com par A S
Rencontre du ministre des Sports avec le comite de normalisation
Bamako , le 16 mars 2017 le ministre des Sports Housseyni Amion Guido a rencontre les membres du nouveau comite de normalisation
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Au Mali, les mois de mars semblent avoir le fâcheux trait commun de marquer l’histoire, dans le sens négatif. En mars 1991, alors qu’il est occupé à mater dans le sang une agitation étudiante, syndicale et sociale, le général Moussa Traoré ne voit pas venir une action militaire qui conduit à son arrestation. Un coup d’Etat ! En mars 2012, le régime du président Amadou Toumani Touré est renversé par le capitaine Amadou Sanogo et des éléments du camp militaire de Kati suite à un banal mouvement d’humeur matinale. Un (autre) coup d’Etat ! Un putsch en appelant toujours un autre, en mars 2017, le règne de l’inspecteur général Boubacar Baba Diarra à la tête de la Fédération malienne de football est écourté par un hold-up du ministre Housseini Amion Guindo dit Poulo.

Ces trois coups de force ont la double particularité d’intervenir à quelques encablures de la fin d’un mandat et d’avoir plongé le pays dans une profonde crise ou un chaos fatal. Mais, contrairement aux deux coups d’Etat politico-militaires, celui perpétré ce mois-ci risque de ne point profiter à son auteur, confronté à une vive contestation des milieux sportifs locaux et internationaux. C’est dire que Poulo a ” tapé à côté “. Les preuves !

La Journée internationale de la femme, le 8 mars 2017, restera à jamais marquée d’une pierre noire dans l’histoire du Mali. Et pour cause : ce jour-là, les Maliens sont témoins du putsch le plus stupide et plus inopportun de l’ère contemporaine, perpétré par le ministre des sports contre le football malien. En effet, à la surprise générale Housseini Amion Guindo pond une décision (N°0011) par laquelle il informe l’opinion de la dissolution du Comité exécutif de la Fédération malienne de football et la mise en place d’un Comité transitoire. L’article N°2 de la décision mentionne effectivement qu’: “il est mis en place un comité provisoire chargé d’organiser, de gérer, d’animer, de promouvoir et de développer le football au Mali jusqu’à l’élection d’un nouveau bureau fédéral.

A cet effet, le comité est chargé de réunifier la famille du football au Mali, de gérer les activités du football pendant la durée de son mandat, d’organiser les compétitions régulières pour toutes les catégories et d’organiser l’assemblée générale élective conformément aux textes de la fédération malienne de football. La composition et la liste nominative des membres du comité provisoire sont fixées par décision du ministre des sports”.

Après une stupéfaction généralisée, l’indignation gagne le peuple du football et les populations entières. Les contestations s’élèvent. Les condamnations fusent de partout. Les médias et les réseaux sociaux donnent une dimension mondiale à cette décision, très impopulaire au goût de quinine.

Cette vague de rejets fait reculer Poulo qui écrit secrètement à la Fifa pour renoncer à sa décision, car l’instance dirigeante du football mondial avait brandi l’épée de Damoclès. Cependant, la Fifa a tenu à prendre l’opinion internationale du fait que le ministre des sports malien est revenu à la raison. Mais, en réalité Poulo cherchait à tromper la vigilance de la Fifa et à gagner du temps. Court-circuité par cette révélation de Fatma Samoura, la secrétaire générale de la Fifa, le ministre fait un autre revirement et passe à la vitesse supérieure en mettant immédiatement en place le Comité transitoire présidé par le nébuleux Sidi Diallo.

Ça, c’était la décision de trop ! Visiblement trop naïf, le ministre pensait que la Fifa n’allait pas sévir, escomptant sur une action diplomatique qui pourrait faire des miracles.

Mais, la Fifa frappe. Elle cogne très fort en verrouillant toutes les issues que Poulo s’est créées, simplement en se référant à la décision portant mise en place du Comité de normalisation. La lettre de la Fifa est formelle : ” …dans les circonstances de dissolution de la fédération, et de mise en place d’un comité provisoire, le bureau du conseil a décidé de suspendre la Femafoot avec effet immédiat à compter du vendredi 17 mars 2017. La suspension ne sera levée que lorsque les décisions ministérielles N° 2017 -0011 et N° 2017-0012, auront été annulées et que le comité exécutif de la Femafoot, présidé par Boubacar Baba Diarra aura été réinstallé “. Alors, le ministre Poulo est foutu, lui qui pensait qu’il fallait juste élire un nouveau bureau pour normaliser la situation.

Après la sanction de la Fifa, le ministre s’est mis aujourd’hui sur le dos toute la nation malienne, qui n’avait que le football pour se consoler du malaise sans précédent qui le frappe depuis mars 2012. Car, les conséquences de la suspension de la Femafoot sont énormes. Tout d’abord au plan administratif, la Fédération perd son de membre (cf. art 13 des statuts de la Fifa). Du coup, ni elle, ni ses membres ne peuvent plus bénéficier des programmes de développement de la Fifa et de la CAF. Cela veut dire que les aides de la Fifa en faveur de notre pays sont suspendues. Conséquence palpable : les projets de développement au nord et relatifs au gazonnage des régions de Tombouctou, de Gao et de Kidal sont arrêtés.

Au plan purement sportif, aucune des sélections nationales et aucun des clubs affilés de la Femafoot ne sont désormais plus en droit de prendre part aux compétitions internationales et d’entretenir de relations sur le plan sportif avec les autres associations membres de la Fifa.

C’est pourquoi, deux clubs engagés en coupe de la Confédération au moment de la suspension, à savoir les Onze Créateurs et le Djoliba AC, en ont fait les frais. Partis respectivement au Rwanda et en Egypte pour défendre leurs avances respectives de 1-0 et 2-0 obtenues à Bamako, ils se sont vus automatiquement disqualifiés. De façon solennelle, les commissaires des matchs et les arbitres sont allés leur annoncer la mauvaise nouvelle et la raison. Une première dans l’histoire du Mali. Les jeunes sont retournés au pays, la mort dans l’âme.

Ensuite, les arbitres maliens qui devraient officier un match au Burkina Faso, furent remplacés par des Nigériens. Tout cela pour rien. En plus de la disqualification de nos deux clubs, si la situation perdure, les Cadets ne participeront pas à la CAN de leur catégorie prévue en mai prochain.

Les Aigles du Mali connaitront le même sort dans les éliminatoires de la coupe du monde Russie 2018, et la CAN 2019. Un énorme gâchis ! Sur un tout autre plan, à la lecture de la lettre de la Fifa, l’on se demande sur quelle base le ministre des sports prétend-il vouloir attaquer cette décision, avec quels arguments et devant quelle juridiction ? Dans la mesure où la Fifa a suspendu un de ses membres qui adhéré à tous les principes la régissant, et non l’Etat ou le gouvernement malien. Poulo a commis l’erreur de s’attaquer ouvertement à la Fifa par des propos va-t-en guerre, du genre ” le Mali est un Etat souverain qui a ses lois et aucune instance sportive aussi puissante soit-elle, ne pourra l’empêcher d’appliquer les lois du pays “.

Aujourd’hui, le football malien est pris en otage, et lui, tout puissant ministre qu’il se croit, ne peut rien faire. Pire, Housseini Amion Guindo jette en pâture le régime du président IBK, qui croupit déjà sous le feu des critiques. Nul n’est sans savoir que le front social est en ébullition, avec des grèves intempestives. Autrement dit, les autorités actuelles en ont déjà assez dans l’assiette à débattre pour se passer d’un front supplémentaire de crise. Prendre une telle décision, c’est verser de l’huile sur le feu, parce que la sensibilité du football ne fait l’objet d’aucune ambigüité. Cette suspension de la Femafoot, et qui entrave le développement de notre football ne donne pas une bonne image à notre pays.

Ne sachant plus où donner de la tête, le ministre Poulo est en train de griller sa dernière cartouche, celle d’œuvrer à la démission de Boubacar Baba Diarra.

Dans ce cadre, nous apprenons que le Comité transitoire a rencontré en début de semaine le président de l’Union des jeunes musulmans du Mali (Ujmma), Mohamed Macki Ba pour qu’il intercède auprès du président de la Fémafoot, Boubacar Baba Diarra afin que celui-ci démissionne.

D’ailleurs, pourquoi demander à un citoyen ordinaire, qui n’est même plus président, d’une fédération déjà dissoute par lui-même et suspendue par la Fifa de démissionner ? Pour cela, faudrait-il au préalable le réhabiliter ! Poulo le sait. En demandant à Baba de démissionner, pour normaliser la situation et lever les sanctions qui frappent le Mali, le ministre Guindo fait naïvement allusion au putsch de mars 2012 où le président Amadou Toumani Touré, renversé le 22 mars, avait accepté de démissionner sur une demande de la Cedeao. Mais, Poulo doit se mettre en tête que la Fifa n’est pas la Cedeao. Et que Baba n’est pas ATT. En plus, les contextes sont totalement différents.

Un autre point et non des moindres qui empêchent le ministre de dormir, c’est le soutien total et entier de la majorité des acteurs du football au bureau dissout et à son président. D’où l’impossibilité du Comité transitoire les missions à lui assignées par le ministre. Et pour cause : Des clubs de ligue 1 (13 sur 18), des ligues régionales (6 sur 9) et les districts de football, ainsi que certains clubs de D2 et D3, tous alignés derrière le bureau de Boubacar Baba Diarra, font aujourd’hui front commun pour boycotter toutes les compétitions et activités programmées par Sidi Diallo et ses camarades. Pour Housseini Amion Guindo, ” c’est la fin! “.

La Rédaction

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