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IBK à l’ouverture de la conférence d’entente nationale: « on ne peut espérer bâtir une grande Nation en se tenant à l’écart, en dehors, chaque fois que l’on n’est pas satisfait »
Publié le mardi 28 mars 2017  |  Info Matin
Ouverture
© aBamako.com par Momo
Ouverture de la Conférence d’entente nationale
Bamako, le 27 mars 2017 le président IBK préside la Conférence d’entente nationale au palais de la culture
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Prévue par l’accord pour la paix et la réconciliation à l’effet de diagnostiquer sans complaisance les grands maux dont souffre le pays, afin de leur trouver des remèdes appropriés et d’élaborer in fine une charte de la réconciliation nationale, la conférence d’entente nationale a démarré hier malgré le refus de l’Opposition et une partie des groupes armés d’embarquer dans le train de la paix et de la réconciliation en vue de laver le linge sale en famille.
En tout cas, ceux pour qui les réunions familiales sont sacrées, étaient présents à l’heure du départ ce d’autant plus que l’objectif opérationnel poursuivi est qu’à l’issue de la conférence, tous les enfants de la Mère-Patrie en ressortent avec la volonté partagée de vivre ensemble dans la paix et l’harmonie, dans un Mali unique.
Face à ceux qui hésitent encore d’embarquer dans le train de la paix, le président IBK a indiqué qu’il ne jetterait pas la première pierre, mais il a tout de même déploré certaines absences et le discours qui les justifie.
« Nous sommes, tous, la progéniture de la même Mère-Patrie. Les uns ne sont ni meilleurs ni pires que les autres. Et le respect, la considération que nous devons, les uns aux autres, implique que nous sachions respecter le travail des autres. En ayant à l’esprit que même le travail le plus consciencieux peut comporter et comporte toujours quelques imperfections », a déclaré le chef de l’État pour qui le peuple malien ne saurait laisser la garde de la vieille mère à un fils capricieux, qui déserte la maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui boude et disparaît chaque fois qu’elle a une petite contrariété.
Mais optimiste qu’il est, le président IBK a rappelé que cette Conférence d’Entente Nationale est un train qui démarre tout en espérant que « ceux qui ne l’auront pas pris dans cette gare peuvent toujours le rattraper à une autre gare ». L’essentiel, a-t-il conclu, est qu’à l’arrivée, toute la famille soit réunie.

Je voudrais tout d’abord souhaiter la bienvenue la plus chaleureuse à tous les participants à la Conférence d’Entente Nationale. Je remercie tout particulièrement ceux qui ont fait un long déplacement pour se joindre à notre grand dialogue inter malien. Leur mobilisation apporte une fois de plus le témoignage que rien de ce qui relève de l’intérêt de la Nation n’est indifférent aux filles et aux fils de notre pays.

Nous ne compterons pas ! Nous ne nous compterons pas, parce que la maison familiale n’est jamais assez pleine pour recevoir chaque enfant du même père et de la même mère, de « La Mère-Patrie ». Vous retrouver tous ici, ce jour, est, pour moi, un privilège sans nom, et une source de grande fierté à la fois. Voilà qui conforte notre espérance, quant à la capacité de notre peuple à se rassembler. Certes, il manquera toujours quelques noms à l’appel, car dans la maison familiale, il reste toujours quelques places vides.

A ceux-là et à tous les autres qui n’auront pu être là, je rappelle que cette Conférence d’Entente Nationale est un train qui démarre. Et ceux qui ne l’auront pas pris dans cette gare peuvent toujours le rattraper à une autre gare, à une autre station. L’essentiel est qu’à l’arrivée, toute la famille soit réunie. Et la dernière gare, le terminus de ce voyage porte le nom : Entente Nationale. Comment remercier ceux qui sont là ? En particulier ceux pour qui les réunions familiales sont sacrées, et qui sont toujours là, qu’il pleuve ou qu’il vente, même lorsqu’ils ont quelques colères, parce que c’est en famille que se lave le linge sale, et non dehors. Un immense merci à vous qui avez dépassé vos éventuels ressentiments, peut-être même vos rancœurs, pour être là, parce que ce qui va se jouer ici est bien plus important que nos colères, grandes ou petites, bien plus essentiel que nos états d’âme. Un immense merci, également, à ceux qui sont là et qui se le verront reprocher par ceux pour qui l’adversaire politique ne peut être qu’un ennemi. Merci pour votre courage, Chères Sœurs et Chers Frères !

Une pensée triste et affectueuse pour ceux qui auraient aimé être là, mais qui craignent de devoir le payer très cher, parce que telle est la règle, dans le parti, l’organisation, le groupe dont ils sont membres, car dans leur monde, saluer, tendre la main à un frère avec qui l’on a un désaccord, c’est trahir. Ce qui nous réunit ici est bel et bien une Conférence d’Entente Nationale, où devraient se régler tous les différends, surmonter toutes les rancœurs. Si nous ne nous retrouvons pas ici, où donc nous retrouverons-nous, un jour ?
Nous sommes tous les enfants d’une même mère, et la nôtre, en l’occurrence, est une Mère-Patrie et se nomme Mali, République du Mali !

Certes, il faut à cette vieille mère quelqu’un pour veiller sur elle jour et nuit, et c’est un Président, qui se trouve être, aujourd’hui, ma modeste personne. Et, croyez moi, cette grande famille est exigeante. Pour mériter de se voir confier la garde de la Mère, il vaut mieux, dans ses comportements d’hier et d’aujourd’hui, avoir fait preuve de constance et de présence. Dans quelle famille laisserait-on la garde de la vieille mère à un fils capricieux, qui déserte la maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui boude et disparaît chaque fois qu’elle a une petite contrariété ?

Sachons donc, par notre exemplarité, notre rigueur, notre constance en toute circonstance, mériter la confiance de la famille pour mériter la garde de la vieille mère, l’Etat. Notre égoïsme et nos incohérences d’aujourd’hui, peuvent facilement nous disqualifier et nous rendre indigne de la garde de la mère !

Je ne serai pas celui qui jettera la première pierre. Mais, que chacun, en son âme et conscience, en permanence, se demande en quoi ses postures enrichissent la démocratie, en quoi les actes qu’il pose contribuent à l’essor de la nation malienne. Je faillirais à mon devoir, si je ne déplorais pas, ici, certaines absences et le discours qui les justifie. L’actualité, les événements de par le monde, nous rappellent chaque jour qu’il n’y a pas une minute à perdre, lorsqu’il s’agit de protéger notre pays, notre peuple, en particulier contre le terrorisme et les diverses autres menaces du siècle nouveau.
Nous sommes, tous, la progéniture de la même Mère-Patrie. Les uns ne sont ni meilleurs ni pires que les autres. Et le respect, la considération que nous devons, les uns aux autres, implique que nous sachions respecter le travail des autres. En ayant à l’esprit que même le travail le plus consciencieux peut comporter et comporte toujours quelques imperfections.

Aussi, même en étant rivaux dans le combat politique, nous ne devons jamais perdre de vue que, sur cette terre du Mali, la démocratie n’approchera les abords de la perfection que lorsque chacun comprendra qu’il lui appartient d’apporter constamment ses idées et son talent à l’œuvre de la Perfection Patriotique. C’est l’addition de nos talents et de nos différences qui nous permettra d’enrichir la construction de la démocratie sur cette terre sacrée. Et l’on ne peut espérer bâtir une grande nation en se tenant à l’écart, en dehors, chaque fois que l’on n’est pas satisfait. Ou, pire, affirmer que l’on a en réserve ce qu’il faut pour améliorer l’Etat et les conditions de vie des Maliens, mais que, pour que notre peuple puisse en profiter, il devra attendre que vous arriviez aux responsabilités. Non, la nation se construit sur la durée, et ce que vous ferez viendra s’ajouter, dans la continuité, à ce qu’auront fait vos prédécesseurs. Si vous pouvez aider votre patrie, votre peuple, c’est ici, maintenant qu’il faut le faire.

Le chantier est ouvert, et le devoir nous y appelle tous, autant que nous sommes!

La meilleure des organisations comporte toujours des failles. Le travail des plus grands génies présente toujours quelques insuffisances, et l’on ne refuse pas d’assister à un important événement familial, parce que l’organisation n’est pas parfaite. Que ce soit un baptême, des fiançailles, un mariage, ou un deuil dans sa famille, lequel d’entre nous déciderait d’y renoncer, parce que l’organisation n’est pas parfaite ? Quand bien même c’est vous, personnellement, qui pilotez cette organisation, vous y verrez toujours une faille, un détail manquant, au moment même où se déroule l’événement. Parce que cette Conférence d’Entente Nationale est une modeste œuvre humaine qui, plus est, se veut un chantier, je vous dis merci ! Merci, sincèrement, du fond du cœur, merci!

Mesdames, Messieurs,
Depuis 2012, le Mali est entré dans une ère d’épreuves d’une ampleur et d’une gravité certainement inédites dans son Histoire récente. Pourtant, le chemin du difficile ne nous était pas inconnu, car nous l’avions emprunté à de multiples reprises. Le parcours de notre Nation depuis notre accession à l’Indépendance se présente en effet comme une succession de défis assumés et relevés. Nous avons forgé tous nos grands acquis dans l’effort et dans la solidarité. Et nous nous sommes donné ainsi une capacité de résilience que nous envient bien des nations.
Aujourd’hui, nous sommes arrivés à une étape de notre Histoire où il nous faut réfléchir sur les causes de l’enchaînement des crises qui ont frappé le Nord de notre pays et dont les effets menacent désormais de s’étendre au Centre. Il nous faut aussi nous mobiliser pour la préservation de notre capacité de résilience qui a été considérablement sollicitée au cours de ces cinq dernières années. Il nous faut enfin nous concerter et nous accorder sur la meilleure manière de revitaliser notre vivre ensemble. Ainsi peuvent se résumer les principales ambitions de la Conférence d’Entente Nationale.

Mesdames, Messieurs,
Ainsi que l’a rappelé le Président de la Conférence, l’organisation de la Conférence d’Entente Nationale est prévue au cours de la période intérimaire par l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger. La Conférence enregistre « une représentation équitable des parties » impliquées dans la crise au Nord du Mali en vue de (je cite) « permettre un débat approfondi entre les composantes de la Nation malienne sur les causes profondes du conflit » (fin de citation). La Conférence doit au terme de ses travaux produire la matière pour une Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation. Celle-ci sera élaborée sur une base consensuelle, prendra en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique de la crise malienne. La Charte scellera l’unité nationale et l’intégrité territoriale du Mali, selon les termes mêmes de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation.
Une fois que j’aurais reçu les recommandations de la Conférence je déciderai du cadre, des modalités et de l’agenda de son élaboration définitive ainsi que de son appropriation par l’ensemble des composantes de la Nation.

Mesdames, Messieurs,
Il me semble indispensable de revenir sur la lettre et l’esprit de l ‘Accord pour souligner que l’une et l’autre sont extrêmement explicites quant aux objectifs fixés à la Conférence d’Entente Nationale. Celle-ci constitue une étape extrêmement importante dans la marche entamée pour la reconstruction de notre pays. A travers le grand exercice de vérité qu’elle se propose d’être, la Conférence d’Entente Nationale nous amène à aborder une étape qualitativement nouvelle dans l’identification de nos priorités les plus pressantes,
ü dans la réhabilitation de notre tissu social
ü et dans la revitalisation des valeurs qui jusqu’ici nous ont permis de surmonter les situations les plus difficiles.

Monsieur le Président de la Conférence,
Dans votre allocution, vous avez souhaité que les participants aient aussi bien le courage de poser le juste diagnostic sur notre situation actuelle que l’audace de proposer les solutions idoines. Je ne peux que souscrire à ces vœux. J’en ajouterai un autre, celui de voir l’esprit de pondération prédominer lors des échanges. Les fragilités actuelles de notre pays sont suffisamment connues. L’immensité des efforts à déployer pour nous réapproprier entièrement notre destin n’est plus à commenter. Le péril
terroriste frappe à presque toutes les portes de la sous-région. Dans ce contexte, il nous faut éviter que la Conférence d’Entente Nationale ne soit prise en otage par les surenchères diverses, par les tentatives de positionnement et par les remises en cause d’arrière-garde.

Mesdames, Messieurs,
Pour ma part et me fondant sur les efforts déployés en amont par la Commission Préparatoire, je suis profondément persuadé que nous saurons éviter ces écueils. En effet, le Président de la Conférence, notre aîné Baba Akhib Haïdara, a scrupuleusement respecté les termes du mandat à lui confié. J’avais requis avec une insistance particulière que l’inclusivité soit totalement respectée aussi bien dans la préparation que dans le déroulement de la Conférence. Il me tenait également à cœur que lors des échanges entre participants soit respectée une absolue liberté de parole.
Ces deux principes ont été observés lors des rencontres que le Président de la Commission Préparatoire de la CEN a eues avec les parties signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation ainsi qu’avec les représentants des forces vives du pays. Ils l’ont été aussi lors des consultations organisées dans toutes les Régions du Mali, dans le District de Bamako et dans les camps de réfugiés au Burkina Faso, en Mauritanie et au Niger.

Mesdames, Messieurs,
Les consultations ont permis d’écouter aussi bien le pays profond que nos compatriotes en détresse hors de leur patrie. Elles ont fait entendre toutes les sensibilités, toutes les attentes et – il faut le dire – toutes les inquiétudes ainsi que tous les questionnements du peuple malien. Grâce à ces rencontres et à ces contacts, la Commission Préparatoire a réuni une très riche moisson de réflexions et de propositions qui inspireront certainement la rédaction de la Charte pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation. A l’heure où le pays tout entier se met en alerte pour sauvegarder notre futur, je voudrai partager avec vous trois remarques essentielles. Toutes trois me sont inspirées par le compte-rendu des préparatifs de la Conférence que le Président Baba Akhib Haïdara a fait au Gouvernement le 18 mars dernier. Toutes trois laissent bien préjuger de l’issue positive de la Conférence.
Tout d’abord, les voies de sortie de crise proposées par les différents interlocuteurs sont certes multiples, mais la destination reste la même pour tous : restituer à notre pays sa grandeur de nation debout. Ensuite, les différences d’approche ont été formulées sous forme de divergences de vues, et non en termes d’antagonismes irréductibles.
Enfin, il s’est exprimé de manière unanime une très forte exigence d’amélioration de la gouvernance dans notre pays.
La prise en charge de cette exigence me paraît indispensable pour créer le socle de confiance populaire sur lequel reposera la mise en œuvre de la Charte.

Mesdames, Messieurs,
Je voudrais remercier le président Baba Akhib Haïdara et toute l’équipe de la Commission Préparatoire de la Conférence d’Entente Nationale pour leur investissement à la tâche et pour la qualité du travail réalisé dans un laps de temps relativement court. Je leur demande de déployer le même dévouement et la même expertise auprès des participants pour que les travaux de la Conférence comblent les attentes de notre peuple.

Mesdames, Messieurs,
Avant de conclure, je tiens à souligner que l’organisation de la Conférence d’Entente Nationale est avant tout guidée par notre conviction que le traitement d’une situation exceptionnelle nécessite très souvent le recours à une démarche novatrice. L’exercice que nous entamons est sans précédent dans notre Histoire récente par la nature et par l’importance de ses enjeux. Nous avons les atouts suffisants pour le réussir à condition que dans le déroulement des travaux soient préservées les tendances positives décelées lors de la phase préparatoire. Il ne s’agit pas pour nous de rechercher d’hypothétiques panacées. Il nous importe surtout de construire les indispensables compromis de confiance qui nous permettront d’avancer à pas sûrs dans la consolidation de la Paix, de l’Unité et de la Réconciliation.

Mesdames, Messieurs,

C’est en réaffirmant une fois de plus notre détermination commune à maîtriser notre avenir que je déclare ouverts les travaux de la Conférence d’Entente Nationale.

Vive le Mali !
Vive la République !
Je vous remercie.
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