Ça y est. Longtemps attendue par les forces vives de la nation, les travaux de la conférence d’entente nationale se sont ouverts le lundi 27 mars 2017 au Palais de la culture, sous la présidence du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta. Toutes les forces vives de la nation ont répondu à l’appel à l’exception de l’opposition politique et la Coordination du mouvement de l’Azawad (Cma). Au cours de cette conférence d’entente nationale, qui durera une semaine, sur les causes profondes des conflits au Mali, les participants élaboreront une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation.
L’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, signé à Bamako le 15 mai et le 20 juin 2015, est un accord politique dont la mise en œuvre repose sur une recherche constante du consensus entre toutes les parties concernées. Il prévoit l’organisation d’une conférence d’entente nationale en vue de permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes des conflits.
Cette conférence d’entente nationale, qui se déroulera jusqu’au 2 avril, devra notamment produire une charte pour la paix, l’unité et la réconciliation. Cette charte sera élaborée sur une base consensuelle, en vue de prendre en charge les dimensions mémorielle, identitaire et historique de la crise malienne et de sceller son unité nationale et son intégrité territoriale.
Dans son intervention, le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, a remercié tout particulièrement ceux qui ont fait un long déplacement pour se joindre à ce grand dialogue inter malien. Selon lui, leur mobilisation apporte une fois de plus le témoignage que rien de ce qui relève de l’intérêt de la nation n’est indifférent aux fils de notre pays. «Nous ne compterons pas, parce que la maison familiale est assez pleine pour recevoir chaque enfant du même père et de la même mère, de la mère-patrie», a souligné IBK, tout en évoquant la capacité pour notre peuple à se rassembler.
À en croire le chef de l’Etat, certes, il manquera toujours quelques noms à l’appel, car dans la maison familiale, il reste toujours quelques places vides. «À ceux-là et à tous les autres qui n’auront pu être là, je rappelle que cette conférence d’entente nationale est un train qui démarre. Et ceux qui ne l’auront pas pris dans cette gare peuvent toujours le rattraper à une autre gare, à une autre station. L’essentiel est qu’à l’arrivée, toute la famille soit réunie. Et la dernière gare, le terminus de ce voyage porte le nom : Entente Nationale. Un immense merci à vous qui avez dépassé vos éventuels ressentiments, peut-être même vos rancœurs, pour être là, parce que ce qui va se jouer ici est bien plus important que nos colères, grandes ou petites, bien plus essentiel que nos états d’âme.
IBK déplore l’absence des certains acteurs
Pour le président de la République, ce qui nous réunit ici est bel et bien une Conférence d’entente nationale, où devraient se régler tous les différends pour surmonter toutes les rancœurs. «Si nous ne nous retrouvons pas ici, où donc nous retrouverons-nous, un jour ? Nous sommes tous les enfants d’une même mère, et la nôtre, en l’occurrence, est une Mère-Patrie et se nomme Mali.
Certes, il faut à cette vieille mère quelqu’un pour veiller sur elle jour et nuit, et c’est un président, qui se trouve être, aujourd’hui, ma modeste personne. Et, croyez-moi, cette grande famille est exigeante. Pour mériter de se voir confier la garde de la Mère, il vaut mieux, dans ses comportements d’hier et d’aujourd’hui, avoir fait preuve de constance et de présence. Dans quelle famille laisserait-on la garde de la vieille mère à un fils capricieux, qui déserte la maison chaque fois qu’il est mécontent, à une fille inconstante, qui boude et disparaît chaque fois qu’elle a une petite contrariété», a laissé entendre IBK.
Et d’ajouter : «sachons donc, par notre exemplarité, notre rigueur, notre constance en toutes circonstances, mériter la confiance de la famille pour mériter la garde de la vieille mère, l’Etat. Notre égoïsme et nos incohérences d’aujourd’hui peuvent facilement nous disqualifier et nous rendre indignes de la garde de la mère. Je ne serai pas celui qui jettera la première pierre. Mais, que chacun, en son âme et conscience, en permanence, se demande en quoi ses postures enrichissent la démocratie, en quoi les actes qu’il pose contribuent à l’essor de la nation malienne. Je faillirais à mon devoir, si je ne déplorais pas, ici, certaines absences et le discours qui les justifie».
Par ailleurs, selon le chef de l’Etat, aussi, même en étant rivaux dans le combat politique, «nous ne devons jamais perdre de vue que, sur cette terre du Mali, la démocratie n’approchera pas les abords de la perfection que lorsque chacun comprendra qu’il lui appartient d’apporter constamment ses idées et son talent à l’œuvre de la Perfection Patriotique. Il dira que la meilleure des organisations comporte toujours des failles, le travail des plus grands génies présente toujours quelques insuffisances, et l’on ne refuse pas d’assister à un important événement familial, parce que l’organisation n’est pas parfaite.
«Que ce soit un baptême, des fiançailles, un mariage, ou un deuil dans sa famille, lequel d’entre nous déciderait d’y renoncer parce que l’organisation n’est pas parfaite ? Quand bien même c’est vous, personnellement, qui pilotez cette organisation, vous y verrez toujours une faille, un détail manquant, au moment même où se déroule l’événement», a martelé le président de la République.
Des concertations régionales organisées au préalable dans toutes les régions
Selon le président de la commission préparatoire de la conférence d’entente nationale, Baba Akhib Haïdara, les consultations régionales organisées ont largement mobilisé les Maliens qui ont fait preuve tout au long du processus de mise en œuvre d’assiduité et d’une réelle adhésion lors des travaux. Il dira que les participants ont réaffirmé leur conviction à aller à la paix, à l’unité nationale et à la réconciliation à travers la mise en œuvre de l’accord signé en 2015. Baba Akhib Haïdara a rappelé que ces consultations régionales ont été organisées de février à mars 2017 dans toutes les régions et des camps de réfugiés du Burkina Faso et de la Mauritanie et du Niger, à l’exception de Kidal. À l’en croire, ce sont 250 participants qui pris part à ces différentes rencontres.
Le président de la commission préparatoire de la conférence d’entente nationale a également indiqué que des consultations catégorielles à l’intention des signataires de l’accord, des structures étatiques, des anciens Premiers ministres, des organisations de la société civile, des institutions confessionnelles, des groupements de partis politiques, des centrales syndicales ont été organisées.