Les travaux d’hier en plénière ont porté sur le rappel des préoccupations exprimées lors des rencontres préparatoires
Après la cérémonie d’ouverture lundi, les travaux de la Conférence d’entente nationale (CEN) se sont poursuivis hier au Palais de la culture Amadou Hampâté Ba, sous la direction du Pr Baba Akhib Haïdara, président de la commission d’organisation de l’événement. C’est par la validation du bureau et du règlement intérieur de la conférence que la séance plénière a commencé hier. C’était en présence du ministre de la Réconciliation nationale, Mohamed El Moctar, des anciens Premiers ministres Ahmed Mohamed Ag Hamani et Moussa Mara ainsi que de nombreuses personnalités. Comme s’ils avaient entendu le message du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta, cette deuxième journée a été marquée par la participation des représentants de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) qui avaient boycotté l’ouverture de la rencontre. Les travaux en plénière étaient consacrés aux restitutions des consultations régionales organisées en prélude de la tenue de la Conférence d’entente nationale. Il ressort des différents exposés que c’est quasiment la même méthodologie qui a prévalu dans l’organisation de ces assises dans toutes les capitales régionales. Il a, en effet, été question lors du déroulement des travaux de la mise en place des trois commissions, en lien avec les thématiques de la Paix, de l’Unité nationale et de la Réconciliation nationale. De même, les participants ont approfondi la réflexion sur les origines profondes de la crise. Les recommandations ont essentiellement trait à l’accélération de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, au retour des services de l’État dans toutes les localités du Mali, à l’identification et à l’indemnisation de toutes les victimes de 1960 à nos jours, à l’adoption de la bonne gouvernance comme mode de gestion. En outre, le renforcement du dispositif de l’armée, la moralisation des recrutements dans les services de défense et de sécurité, le retour des réfugiés et déplacés internes, la préservation du caractère unique et laïc de l’État, la lutte contre l’économie criminelle sont autant de préoccupations soulevées par les populations à la base lors des concertations régionales. Sur le cas particulier de l’appellation « Azawad », les intervenants ont, dans leur majorité, souhaité que ce terme soit largement expliqué comme une entité géographique et non politique. Les représentants de la région de Kidal (seule localité à n’avoir pas organisé de concertations) ont déploré la faiblesse, voire l’absence des services sociaux de base dans leur localité. Pr Baba Akhib Haïdara a, dans la foulée, annoncé l’envoi diligent à Kidal d’une mission pour la tenue des concertations régionales dont les conclusions seront prises en compte dans la Conférence d’entente nationale. Le représentant de la CMA, Mohamed Mahmoud, a déclaré sous un tonnerre d’applaudissements que son organisation a pris le train à la gare de la « Restitution» pour venir apporter sa contribution à la construction de l’édifice pour un Mali prospère qui respecte toutes les diversités. «La CMA n’est pas une structure fantôme. Les uns et les autres ne doivent pas en avoir peur. Nous ne sommes pas venus ici pour faire de la lamentation», a déclaré Mohamed Mahmoud. Emboîtant le pas à son prédécesseur, le représentant de la Plateforme, El Arabi Abidine qui s’est exprimé en arabe et dont les propos ont été traduits par un responsable de la CMA, a d’abord salué tous les Maliens sans considérations ethniques et religieuses. Pour lui, la diversité culturelle est une richesse pour le Mali. Les préoccupations des Maliens de l’extérieur, à travers les interventions de leurs représentants, portent sur l’octroi des sièges de députés à l’Assemblée nationale, l’organisation des états généraux de la diaspora malienne et le décompte exact des Maliens vivant à l’étranger. Quant aux organisations de femmes et de jeunes, elles plaident pour plus d’implication dans le processus de paix. Elles souhaitent aussi l’augmentation du nombre de femmes et de jeunes dans les instances de prise de décisions. Présent lors de la séance de restitution, le ministre de la Justice et des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Mamadou Ismael Konaté, a réitéré la solidarité du gouvernement à l’ensemble des participants de la Conférence d’entente nationale. Le ministre a reconnu que notre pays dispose d’une justice moderne qui n’est pas toujours compatible pour prendre en charge les difficultés qui naissent dans nos sociétés. «Nos lois sociales doivent refléter nous-mêmes. Notre défi, c’est de tirer le maximum de ce que vous allez nous dire en matière de vivre ensemble», a indiqué Me Mamadou Ismael Konaté.