Une panne sur le réseau interconnecté de Manantali serait à l’origine de la coupure d’électricité du lundi 4 mars, qui a duré plus de neuf heures par endroits à Bamako et dans les régions. Mais Manantali n’est qu’un prétexte à la crise à l’EDM-SA dont les abonnés broient du noir depuis plus d’un mois.
Pénurie d’eau dans les centrales hydroélectriques pour faire fonctionner les turbines, manque d’argent pour acheter du DDO pour les centrales thermiques, foudres ou incendies sur telle ou telle ligne de transport électrique entraînant l’arrêt d’urgence de la fourniture de courant, entre autres, à l’EDM-SA, les arguties ne manquent pas pour justifier son incapacité à assurer l’approvisionnement correct de la clientèle en électricité.
La grande partie des usagers du courant ne comprennent pas ces explications techniques et comme les associations de consommateurs ne sont que des rentiers grassement entretenues par l’entreprise, l’EDM-SA n’en fait qu’à sa tête. Sans se soucier ni de l’Etat ni de qui que ce soit.
Les délestages que l’EDM explique par la rotation de la fourniture de courant sont monnaie courante depuis plus d’un mois. L’explication technique donnée à ces coupures séquentielles est que la société habituée à des subventions de l’Etat connaît une tension de trésorerie pour mettre du DDO dans les groupes.
Cette crise de trésorerie, du reste, est à l’origine de l’augmentation tarifaire de 3 à 7 % sur les consommations sociales et industrielles, décidée le mois de février 2013 par la Commission de régulation de l’électricité et de l’eau (Cree).
Selon la Cree, « ce réajustement de tarifs est devenu nécessaire avec la hausse du prix des hydrocarbures et l’arrêt de la subvention de l’Etat à hauteur de 20 milliards de F CFA par an« . Les nouvelles augmentations, qui concernent l’eau avec la baisse de la tranche sociale de 20 à 10 m3 seront d’ailleurs constatées sur les factures du mois de février 2013 qui tombent depuis quelques jours.
Il y a péril en la demeure
La coupure du 4 mars, ressentie dans toute la capitale et dans plusieurs régions dont Kayes et qui a duré plus de 9 h a aussi ses raisons techniques : Manantali, qui fournit 52 %, soit 102 MW du courant de l’EDM-SA a connu un feu de brousse dans la journée de lundi. L’incendie a endommagé des pylônes électriques de desserte du courant entraînant à son tour la coupure sur le réseau interconnecté.
Le citoyen ne comprend pas grand-chose à ce langage ésotérique. Son inquiétude est renforcée d’autant plus que ces problèmes ne devraient pas en réalité exister avec les centrales thermiques de Darsalam, de Balingué et les centrales hydroélectriques de Sélingué, Sotuba, renforcées par des centrales privées et l’interconnexion Mali-Côte d’Ivoire qui vendent du courant à note pays.
Le problème de l’EDM n’est ni plus ni moins que la mauvaise gestion. Les charges du personnel dont les salaires et autres avantages sont jugés faramineux, sont à la base de la chienlit dont les usagers récoltent les pots cassés. Les agents d’EDM-SA, rémunérés royalement, bénéficient de la gratuité de l’eau et de l’électricité dont ils ne paient qu’un infime pourcentage de leurs consommations.
Pis, les branchements illicites et autres fraudes sont encore leur sport favori. Pour mémoire, en 2003, ils s’étaient battus bec et ongle contre la privatisation avec l’arrivée de la Délégation globale de gestion (DGG) et plus tard Agha Khan.
Les cadres d’EDM-SA dont l’actuel ministre en charge de l’Energie et de l’Eau, Makan Tounkara, qui étaient à la base de cette campagne anti-expatriée, ont montré aujourd’hui toute leur limite à cause de leur incurie. C’est avec eux que la descente aux enfers de la société a véritablement commencé.
Jamais EDM-SA n’a été aussi mal gérée dans notre pays. Il y a péril en la demeure. Il est impérieux de commanditer un audit pour évaluer les dégâts et situer les responsabilités.