La scène politique n’est jamais un fleuve tranquille à plus forte raison la gouvernance dans un Etat. En ce moment, notre Maliba vit les pires moments de son existence avec des préavis de grève, des grèves illimitées, constituant l’expression d’un grand malaise social et profond. Cela se passe au moment ou l’insécurité au Nord et au centre n’est pas maitrisée par nos forces armées qui semblent désormais accepté le fait accompli.
Nous nous demandons par moment, que sont devenus nos dirigeants politiques qui avaient tout promis au peuple lors des campagnes électorales. Les religieux qui ont été les soutiens déterminants du président de la République selon ses propres mots et la société civile ont leurs téléphones sur répondeur ; donc injoignables.
Le Mali est-il au bord du KO ? Le front social est en ébullition faute de non respect des engagements que le gouvernement à pris avec différents syndicats depuis quelques mois, voire quelques années. D’abord c’étaient les deux syndicats de la justice qui ont décrété une grève illimitée en janvier et Février 2017. Puis c’était au tour des structures sanitaires (hôpitaux et centre de santé) d’être paralysées suite à un mot d’ordre de grèves illimitées de leurs syndicats. Cette grève a fortement secoué les populations. Plusieurs morts sont dénombrés déjà. Certains hommes en blouses blancs parlent de 200 morts par le manque de soins dans les structures sanitaires. Le gouvernement reste sourd aux revendications des travailleurs de la santé.
Ensuite l’ensemble des syndicats de l’éducation Nationale de tous les ordres à savoir le syndicat libre et démocratique de l’enseignement fondamental (Syldef), le syndicat national de l’éducation de base (syneb), le syndicat national des enseignants de secondaire de l’Etat et des collectivités (Synesec), le syndicat national des enseignants fonctionnaires des collectivités (Synefct), la fédération nationale de l’éducation de la recherche et de la culture (Fenarec), et le syndicat des professeurs de l’enseignement secondaire des collectivités (sypesco).
L’enseignement supérieur n’est pas épargné. Le SNESUP a aussi enclenché, le mardi 14 mars dernier, une grève de 72 heures. Cette grève dite « d’avertissement » intervient après une précédente de 48 h observée la semaine dernière. Le SNESUP interpelle le gouvernement sur le non-respect de ses engagements ainsi que la recrudescence de la violence dans l’espace universitaire.
Encore le gouvernement reste sourd et muet quant aux revendications des enseignants du Mali. Le gouvernement avance comme argument que la caisse publique est vide. Cet argument n’est pas convainquant dans la mesure où des dizaines de milliards prennent régulièrement des destinations inconnues. Un seul individu proche du pouvoir s’est tapé un immeuble à 5 milliards dans un pays du Golfe persique.
Ce dernier n’est pas un commerçant, ni un industriel pour lequel les affaires marchent merveilleusement. Le train de vie des institutions n’a nullement diminué, au contraire il a augmenté. Des dizaines de véhicules sont payés pour avoir le silence des religieux, auxquels le président doit son élection. Lors de la fête de Ramadan en 2015 le président IBK avait pourtant chargé les religieux à lui dire en tout temps, ses dérives dans la gouvernance du pays. Il avait même ajouté qu’il les tiendrait responsables si jamais, ils ne l’interpellaient sur sa façon de faire.
En matière de sécurité, au nord il ne se passe plus une semaine sans que l’on enregistre des cas de morts d’hommes dans les rangs des forces armées maliennes surtout. Au centre du pays dans la région de Mopti et Ségou, plus de 200 écoles sont fermées à cause de l’insécurité. Les populations du centre sont tombées finalement dans une guerre ethnique, dont nul ne sait où s’arrêteront les conséquences. Face à cette instabilité, la société civile adopte la position d’observation sans placer un mot ou rétablir le dialogue entre les acteurs du front social.
Chaque composante de la société civile veut être l’ami du Président de la République, selon une stratégie bien élaborée. Les religieux toutes obédiences confondues à travers des prêches choquent le moral du Président en lui reprochant des faits d’ingratitude ou son absence à certaines cérémonies religieuses auxquelles il avait l’habitude de prendre part avant qu’il ne soit à Koulouba. Ces religieux profitent toujours de ces mêmes prêches pour demander de l’eau par ci, de l’électricité par là. Une route bitumée en direction de tel ou tel village, des véhicules de fonction pour tel haut dignitaire religieux, des fonds conséquents pour le fonctionnement de telle ou telle structures religieuses. En reconnaissance de ces bienfaits, le président s’attend au retour de l’ascenseur.
C’est pourquoi, le président répond positivement et urgemment à ces demandes misant sur leurs soutiens pour un autre mandat électif. Du coup, on se sert de la religion pour faire son ‘’busness’’ sur le dos du peuple malien. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les hommes de culte ne peuvent pas jouer leur rôle de modérateur dans une crise qui oppose un syndicat et l’Etat, étant entendu qu’ils ont leur part, donc plus besoin d’aller se méprendre.
Les autres composantes de la société civile sont aphones face à la mal gouvernance, à la résolution des crises, car elles s’attendent à être financées par le pouvoir en place. En se faisant financer par le régime en place, elles cesseront du coup d’être une société civile. Cela veut dire que les responsables de la société civile dirigent une structure dont les objectifs leurs sont ignorés. Sinon comment comprendre le silence de la société civile face à des crises généralisées.
Ni les religieux du Haut Conseil Islamique (HCIM), ni le groupement des guides religieux, malgré les nombreuses morts dans les structures sanitaires n’ont pu éviter la rupture entre le gouvernement et les syndicats de tous les ordres d’enseignement. Aucune de ces structures de la société civile n’a levé le petit doigt pour tenter une médiation. Cependant ils sont prompts à manipuler leurs troupes contre le code de la famille et l’arsenal juridique contre la violence basée sur le genre.
A quoi auront donc servi toutes les prêches demandant une bonne gestion du pays par nos gouvernants ? Les partis de l’opposition restent assez timides. Au lieu d’alerter les populations sur les dangers des grèves successives et la coupure du pont entre les parties, ils se contentent d’un communiqué laconique. Si le président IBK est puissant aujourd’hui, il le doit à la force de ses soutiens que sont les religieux surtout. Un chef n’est rien sans ses troupes. En ignorant cela, les religieux et la société civile auront fini de trahir le peuple Malien.