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Révision constitutionnelle : Une veste qu’IBK veut tailler à sa mesure !
Publié le jeudi 30 mars 2017  |  Carrefour
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© aBamako.com par Momo
Ouverture de la Conférence d’entente nationale
Bamako, le 27 mars 2017 le président IBK préside la Conférence d’entente nationale au palais de la culture
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L’appel de la Baule en 1988 lancé par le président François Mitterrand devrait sonner le glas des dictatures en Afrique. Cet appel s’adressait plus aux pays colonisés par la France plutôt qu’à ceux colonisés par l’Angleterre. De 1988 à l’an 2000 nous avons constaté que le vent du multipartisme a plus soufflé sur les pays de dictature plus que celui de la vraie démocratie. Les constitutions anti-démocratiques ont été remplacées par des constitutions qui admettent le multipartisme y compris l’opposition qui pouvait désormais parler et critiquer à visage découvert. Au-delà de cette façade démocratique dont les régimes de dictature se sont emparés il y a toujours en dessous leur volonté de s’éterniser au pouvoir. On parlera pour justifier la révision constitutionnelle de ‘’l’appel du peuple’’, ou ‘’d’achever les chantiers commencés’’ ou encore ‘’cimenter l’unité nationale’’.

Ces chefs d’Etat oublient qu’au XXIe siècle, l’Afrique noire ne peut arriver à une stabilisation démocratique que grâce au respect des Constitutions en vigueur par les chefs d’Etat en exercice, en coopération étroite avec toutes les forces républicaines de leurs pays respectifs. Malheureusement, au nom de prétendues reformes politiques à apporter à leur pays, s’appuyant sur des opérations de conditionnements idéologiques de leurs peuples, invoquant comme une fable récurrente « l’appel du peuple », certaines chefs d’Etat africains n’hésitent pas, en révisant les constitutions en vigueur, à promouvoir une nouvelle conception de la politique et du pouvoir à leurs seuls profits sur le continent noir.

C’est ainsi que la régression antirépublicaine, la perte du sens de l’intérêt supérieur du pays deviennent dans plusieurs Etats Africaines une sorte de ‘’fait initiatique’’ qui dénature l’idéal démocratique. En 2017, le Mali ayant acquis sa démocratie un 26 mars de 1991 dans le sang ne fera pas exception à la règle qui voudrait que la démocratie africaine soit aux antipodes de celle universelle.

Le texte de la Révision constitutionnelle proposé à l’Assemblée nationale n’est pas celui élaboré par la commission mise en place par un décret présidentiel, il y a sept mois de cela. Le texte élaboré par cette commission a été substitué par un autre élaboré par un cabinet noir installé à paris, selon certains journaux de la place. Il nous est revenu que le texte produit par les experts maliens ne donnait pas satisfaction à IBK en ce qui concerne l’adaptation de la constitution aux dispositions de l’Accord d’Alger. En plus ce projet de texte gardait les pouvoirs du premier Ministre tels quels alors que dans le texte transmis aux députés les pouvoirs du président de la République se trouvent renforcés et celui du premier ministre affaibli, avec certaines situations, pas du tout cohérentes.

La classe politique opposée au régime a clairement rejeté l’idée d’une révision constitutionnelle pour plusieurs raisons. Une révision de la constitution pour prendre en compte des dispositions de l’Accord d’Alger est une démarche condamnée par de nombreux observateurs qui la jugent être à contrecourant et en plus, c’est violer la loi fondamentale que de signer des accords que la loi fondamentale interdit, pour ensuite tenter de manipuler la constitution à des fins d’adaptation à ces accords.

Les constitutionnalistes qui ont tenu à préciser que toute disposition juridique et tout acte interne posé par les pouvoirs publics se doivent d’être conformes à la constitution. C’est dire que les nouvelles dispositions doivent être prises sur la base de la Loi fondamentale.

Malheureusement il y a plus grave encore : la Constitution du 25 février 1992, dans son Titre XVI (De la révision) dispose à l’article 118 (alinéa 3) : « qu’aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire ». Alors que, avec l’application des dispositions de l’Accord, le Mali est dépecé, découpé et jeté en morceaux.

En plus, on ne peut organiser un referendum dans les conditions actuelles où l’Etat en déliquescence ne contrôle plus une bonne partie du territoire, notamment les régions nord du pays. Cela est aussi interdit par la Constitution. Mais IBK s’entête et s’enfonce dans ses erreurs qui le rattraperont bien, un jour.

Par ces faits, il existe bel et bien une conspiration politique d’IBK contre le devenir du peuple malien. Le projet de nouvelle constitution est une veste coupée à sa mesure contre la démocratie malienne. Emprunter cette voie, serait tout simplement un viol flagrant de la Loi fondamentale. Ou bien, disons-le, trahir le Mali.

Seydou Diarra
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