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Conférence d’entente nationale : Des Échanges vifs et constructifs
Publié le vendredi 31 mars 2017  |  L’Essor
Ouverture
© aBamako.com par Momo
Ouverture de la Conférence d’entente nationale
Bamako, le 27 mars 2017 le président IBK préside la Conférence d’entente nationale au palais de la culture
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Les discussions sont souvent très tendues entre les participants. Mais chacun est animé de la volonté de consolider le vivre ensemble afin d’aboutir à une réconciliation véritable

La Conférence d’entente nationale est entrée dans une phase cruciale. Hier, les travaux en commission se sont poursuivis et devaient être clôturés avant la fin de la journée. Et la restitution des travaux effectués par les commissions en plénière doit en principe avoir lieu aujourd’hui. C’est une autre étape importante de la Conférence d’entente nationale. Au sortir de cette rencontre d’envergure nationale, l’objectif recherché est que les Maliens puissent faire la paix, se réconcilier et accepter de vivre ensemble. Membre de la délégation de Gao, Abdoul Kader Maïga que nous avons rencontré dans la salle de la commission Paix, se réjouit du fait que tous les participants ont reçu des documents préparatoires de la Conférence d’entente nationale. Toute chose qui permet de cadrer les débats et d’éviter les débordements dans les réflexions. «Le Mali nous a tout donné. Je suis Malien et fier de l’être », a-t-il dit avec une forte dose de patriotisme. Ce natif de Gao, la résistante, en a gros sur le cœur. «Depuis 1963, les mêmes gens sont en train de nous tuer, de violer nos femmes, nos sœurs. De prendre tout ce que nous avons. Qu’est-ce qui n’a pas été fait après les Accords d’Alger ? Ils sont logés dans des hôtels de luxe. Ils sont entretenus, mais ça ne les empêche pas d’agresser le Mali. Ils ne sont pas sincères. Prenons le cas de la Plateforme qui se dit pro-gouvernementale. Lorsqu’il y a divergence de fond, elle doit se ranger du côté du gouvernement. Mais ça n’a jamais été le cas. Ils devaient se battre pour la tenue de la Conférence d’entente nationale dès le lendemain de la signature de l’Accord pour la paix. Chacun a son agenda», a-t-il critiqué, ajoutant que le problème entre Ifoghas et Imghad s’explique par le manque de sincérité de ces communautés et le laisser-aller. A la commission Réconciliation, les discussions étaient plus ou moins passionnantes. Certains intervenants dépassaient largement le temps de parole qui leur était imparti. Cela s’explique par le fait qu’ils avaient beaucoup de choses à dire. Kaou Abdramane Diallo est le porte-parole du Centre malien (un centre de réflexion). Il se dit étonné de constater que les populations du nord ne se reconnaissent pas dans les revendications des groupes armés. «Les populations du nord ont dit que les groupes armés ne les représentent pas. Elles sont pressées de voir le retour des services sociaux de base à travers l’administration. Elles n’ont pas hésité à dire que les groupes armés luttent pour leurs propres intérêts. En réalité, il n’y a pas d’animosité entre les populations, mais le seul problème se situe entre les groupes armés», rapporte Kaou Abdramane Diallo. «Il ressort des échanges que toutes les régions du Mali, excepté Kidal, ont rejeté en bloc l’appellation «Azawad». Certes l’Azawad est une zone située entre Taoudénit et Tombouctou. On peut la considérer au même titre que le Kénédougou, le Wassoulou, le Macina. Mais les populations des ces localités ne revendiquent pas l’indépendance», explique-t-il. Aux deux premiers jours des travaux au sein de la commission Réconciliation, les uns se méfiaient des autres et les discussions étaient relativement timides. Tel n’était pas le cas hier car à force de se côtoyer à longueur de journée, les gens ont même commencé à échanger les numéros de téléphone. Ceux qui ne voulaient pas entendre parler de l’appellation «Azawad», ont fini par l’accepter en tant qu’entité géographique et non politique ou séparatiste. Mohamed Touré est le secrétaire général de la Coordination malienne des organisations démocratiques (COMOD). Il participe lui aussi au sein de la commission Réconciliation. Quand nous l’avons abordé, il a tout de suite fait savoir que cette Conférence est extrêmement importante pour que le Mali puisse avoir la paix. «Disons les choses comme elles sont. Il y a des problèmes géostratégiques qui font qu’on n’évoque pas le rôle de l’Algérie et de la Mauritanie dans cette crise au Mali. Il y a des implications étrangères dans notre crise. On ne le dit pas assez. On ne parle pas non plus du manque de sincérité de certains de nos voisins. Les ennemis et leurs complices terroristes qui opèrent au Mali traversent la frontière, se réfugient tranquillement dans certains pays voisins», a-t-il dénoncé, estimant que le terme «Azawad» est incompatible avec la paix au Mali parce que tout simplement, c’est au nom de l’Azawad que des gens ont été tués, et que des gens continuent toujours à se regarder en chiens de faïence. «Nous ne comprenons pas pourquoi le mot Azawad qui n’est qu’une petite cuvette située à Arawane dans la Région de Tombouctou, qui est même inhabitée, a mystifié et a fait le tour du monde. Pourquoi aujourd’hui, on veut nous faire avaler la quinine du mot Azawad ? Laissons le mot Azawad comme une entité géographique, comme toutes les zones géographiques du Mali. Il faut que les autorités prennent une décision. Il faut bannir le mot Azawad pour que nous retrouvions la paix», suggère notre interlocuteur. D’autres intervenants pensent qu’on ne peut pas parler des causes profondes de nos problèmes sans parler des intérêts de la France à travers l’opération Barkhane et Radio France Internationale (RFI). Certains participants souhaitent que la France laisse les Maliens régler leurs problèmes. Le programme de samedi prévoit la rédaction des éléments constitutifs du projet de Charte pour la paix, l’unité et la réconciliation nationale. La clôture des travaux est prévue pour dimanche et sera marquée par le discours du président de la Conférence d’entente nationale, Baba Hakhib Haïdara et celui du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita. En attendant, on peut dire que la Conférence d’entente nationale aura été une réussite du point de vue de la participation et de la qualité des débats.

Adama DIARRA
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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