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Pour sortir le pays du tourbillon : IBK doit chasser des ministres
Publié le dimanche 2 avril 2017  |  Aujourd`hui
Rencontre
© aBamako.com par Androuicha
Rencontre des Chefs d`Etats au 27è Sommet Afrique France.
Bamako, le 14 janvier 2017 au CICB. Le président IBK a reçu ses homologues africains et français pour la cérémonie inaugurale du Sommet de Bamako pour le Partenariat, la Paix et l`Emergence
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Pris entre l’insécurité qui gangrène tout le territoire national, une crise économique endémique et un front social en constante ébullition auquel vient s’ajouter une crise du football créée de toutes pièces, le Mali tourne dans un tourbillon qui ne peut être dissipé que si le chef de l’Etat procède à un véritable nettoyage de son gouvernement. Si aujourd’hui, le régime d’IBK venait à chavirer, personne ne compatirait au malheur du président de la République, tant il marque son entêtement à refuser de se séparer de certains ministres qui sont en train de plonger son pouvoir dans l’abîme, à l’image de Housseini Amion Guindo qui vient de faire suspendre, gratuitement, le football malien de toutes les compétitions internationales.

Comme le ministre des Sports, IBK doit, pour sauver ce qui reste de son pouvoir, se débarrasser sinon de tous ses ministres au moins de la grande majorité, notamment ceux qui gèrent les secteurs qui font polémique ou qui plombent l’avenir du pays. Le sport, le front social, la situation sécuritaire, la santé, l’Education, la Justice, l’insécurité, les Affaires étrangères, les Maliens de l’Extérieur, la défense nationale, l’Energie, l’Eau etc. sont autant de domaines dans lesquels les contestations peuvent conduire à l’irréparable si le président IBK ne prend pas ses responsabilités. Une revue de la situation d’ensemble nous en édifie mieux.

Le pilotage à vue qui caractérise le Mali ces dernières années se transforme en un véritable cauchemar pour les millions de citoyens qui ont élu Ibrahim Boubacar Kéïta. L’espoir suscité par l’avènement de ” l’Homme de la situation “ a fondu comme beurre au soleil au fil du temps avec des dérives du régime.

Après la période trouble des scandales d’Etat (achat de l’avion présidentiel, contrat d’armement, suspension de l’aide budgétaire de la Banque mondiale et du FMI etc.), le pays est pris aujourd’hui dans un engrenage de mouvements syndicaux et décisions politiques qui perturbent le fonctionnement normal de l’administration, engendrent des remous sociaux. Le président de la République doit parer au plus pressé, dans les plus brefs délais, afin d’éviter la catastrophe. En français facile, IBK doit larguer tous ses ministres, qui ont tous montré leurs limites. Car, le pays est complètement à terre. Tous les secteurs d’activités sont à l’arrêt. Ceci est un très mauvais signe pour un régime.

Les Maliens sevrés de football

A défaut, s’il peut avoir de la peine à purger 100% de son gouvernement actuel, le chef de l’Etat doit distinguer quand même la bonne graine de l’ivraie. Tous ceux qui gèrent les secteurs qui font bruit doivent partir, sans la moindre hésitation. Il convient à cet effet de revenir, à titre indicatif, sur la situation d’ensemble du pays ces derniers temps.

Si nous avons décidé de ne pas citer nommément les ministres qui, à notre entendement doivent partir du gouvernement, tel ne sera pas le cas de Housseini Amion Guindo, tant le ministre des Sports n’a aucune circonstance atténuante dans sa détermination à faire tomber le régime d’IBK en prenant en otage le football malien.

Sa décision en date du 8 mars de dissolution du Comité exécutif de la fédération fait couler beaucoup d’encre et de salive. La secousse qui a été ressentie par le peuple malien est considérée comme une trahison vis-à-vis du président de la République si l’on sait que le football est un véritable phénomène social. Les conséquences de la décision sont très lourdes et catastrophiques pour le football malien.

Primo, la Fifa a suspendu la Femafoot jusqu’à l’annulation de la décision de dissolution du ministre des Sports et le retour du bureau fédéral dirigé par Boubacar Baba Diarra. Pourtant, le football malien est réputé pour ses performances ces dernières années.

Secundo, d’emblée la Femafoot perd tous ses droits de membres de la Fifa ; donc le Mali ne peut plus bénéficier des programmes de développement de la Fifa et de la Caf.

Tertio, aucune des équipes représentatives et aucun des clubs affilés de la Fémafoot ne sont désormais plus en droit de prendre part aux compétitions internationales et d’entretenir de relations sur le plan sportif avec les autres associations membres de la Fifa. Conséquence directe : les Onze Créateurs et le Djoliba, qui étaient bien partis en coupe de la Confédération, ont été disqualifiés. Le même sort a été réservé aux arbitres maliens désignés pour officier un match.

Quatrièmement, si la sanction de la Fifa n’est pas levée, les Cadets ne participeront pas à la CAN de leur catégorie prévue en mai prochain. De même que les Aigles du Mali dans les éliminatoires de la Coupe du monde 2018 et la CAN 2019.

Enfin, toutes les compétitions au plan national (championnat national et coupe du Mali) risquent d’être bloquées, parce que déjà 13 clubs et 6 ligues font front commun contre le Comité provisoire mis en place par le ministre Poulo. On assiste donc à la mort du football malien. IBK ne doit pas se rendre complice d’un tel acte. C’est à lui de faire tomber Housseini Amion Guindo, au détriment d’un éventuel soutien politique en 2018, mais au profit de l’intérêt du peuple malien.

Situation sécuritaire précaire

Sur le plan sécuritaire, rien ne va. Le pays connait un regain d’activités des groupes djihadistes avec l’extension de l’insécurité du nord au centre et au sud. Deux ans après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, la sortie de crise est encore un rêve, tant la situation sur le terrain se dégrade considérablement. C’est de la lapalissade de dire qu’IBK a perdu Kidal. Au-delà du Nord, l’insécurité s’est étendue au centre du pays dont plusieurs localités échappent au contrôle de l’État. En 2016, plus de 170 incidents armés se sont produits au Mali. Au moins 450 personnes dont 120 militaires maliens et étrangers ont perdu la vie au cours d’embuscades, d’attaques ciblées ou d’explosions de mines.

Dans la zone du delta du fleuve Niger des groupes djihadistes font la loi. Ceux-ci étendent leurs tentacules jusqu’au centre et au sud du pays en instaurant une insécurité chronique dans les régions de Ségou et Mopti. Attaques, braquages, enlèvements d’animaux, assassinats et autres formes de violences constituent le lot quotidien du vécu des populations. Celles-ci vivent dans une peur bleue. Le centre du pays est en proie à une crise multiforme tout simplement non gérée. Les autorités maliennes ne semblent avoir ni réponse politique, ni réponse militaire appropriée à cette situation explosive du centre. Aussi, le Mali est loin d’être réunifié. La réconciliation nationale demeure un objectif qui s’éloigne. Les réflexes communautaires, tribaux ou même ethniques ont pris le pas sur toutes autres considérations dans les régions du nord et du centre. La question peule qui n’existait pas au début de la crise est une réalité palpable. En témoignent les récents affrontements à Macina qui ont fait plusieurs morts.

L’année 2017 a commencé dans les incertitudes, avec l’attaque du camp du MOC de Gao qui a fait 70 morts. On compte près de 200 morts depuis le début de l’année. Un ministre doit partir. Dans le même chapitre, l’insécurité résiduelle fait autant de dégâts avec ses 1000 visages à Bamako et dans les grandes villes. Le taux de criminalité dans la capitale malienne croît à un tel rythme que la ville des 3 caïmans peut être classée parmi les cités les plus criminogènes de l’heure. Toutes les formes possibles d’insécurité et de crimes y passent, des simples braquages aux meurtres et assassinats, en passant par les cambriolages, les viols, les vols, les lynchages et immolations, les abandons d’enfants, les infanticides, les enlèvements et kidnappings, les embuscades, les fusillades, les noyades, accidents et incendies, etc. Face à ce sombre tableau, les autorités en charge de la sécurité des populations restent inertes ; elles semblent, à la limite, indifférentes. Un ministre doit partir.

Oui ou non réadmission ?

Une rencontre entre le ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration africaine et de la Coopération internationale, Abdoulaye Diop et son homologue néerlandais, Bert Koenders avait été sanctionnée, en décembre dernier, par un communiqué conjoint signé par les deux parties. Les domaines priorités sur lesquels celles-ci envisagent de renforcer leur collaboration sont la création d’emplois pour les jeunes dans les régions de départ et d’origine des migrants; le renforcement des systèmes cohérents et robustes de registres d’état civil, ainsi que la délivrance des cartes d’identité et passeports sécurisés et l’utilisation des passeports biométriques; la gestion des frontières et un meilleur contrôle du territoire; la protection des migrants en transit au Mali et la lutte contre la traite des êtres humains et les passeurs ; l’accompagnement des retours d’Europe des personnes en situation irrégulière.

Cette dernière partie (l’accompagnement des retours d’Europe des personnes en situation irrégulière) a ébranlé la République pendant près d’un mois. Le document est assimilé, à tort ou à raison, par les Maliens de l’intérieur et de la diaspora, à un accord de réadmission.

Toutes les procédures d’explications (démentis officiels, interpellation à l’Assemblée nationale, missions ministérielles à l’extérieur…) ont échoué.

Pour les autorités maliennes, un communiqué conjoint n’a aucune valeur juridique. Les Maliens de tous bords n’y croient pas. Le tollé général soulevé par ce communiqué conjoint (signé) a failli faire tomber le régime. Dans les médias nationaux et occidentaux et dans des vidéos et postes qui ont circulé sur les réseaux sociaux, le président IBK a été traité de tous les noms. Sa famille n’a pas échappé à la furie des Maliens, de l’intérieur comme de l’extérieur. Tout le monde se demande encore comment le phénomène a disparu. Des ministres doivent partir.

Autorités intérimaires, pour quel but ?

Quel intérêt cachent les Autorités intérimaires à telle enseigne que les groupes armés y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux ? Avec eux, l’Etat. Or, ces organes ont été longtemps contestés aussi bien par les populations des zones concernées que par certains mouvements armés, mais pour des motifs différents. Prévues par l’Accord d’Alger, les autorités transitoires voient leur chronogramme maintes fois ficelé, mais toujours reporté pour des raisons diverses et variées liées à des intérêts inavoués.

Au bout du rouleau, ces précieux organes ont pu être installés, non sans mal, dans certaines régions. Comme à Kidal, Gao et Ménaka. Les régions de Tombouctou et Taoudénit n’ont pas eu leurs autorités, à cause de troubles engendrés par les groupes armés qui veulent, chacun, avoir le contrôle de ces villes. D’une manière générale, l’installation des autorités intérimaires a été précédée de moments de contestations, souvent violentes. A Gao, la situation est restée longtemps préoccupante. La Cmfpr2 (coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance), un groupe politico-militaire, a occupé l’Assemblée régionale de cette ville avec une centaine d’éléments armés qui interdisent l’accès à ce bâtiment aux agents de l’Etat.

Elle a interdit aussi l’ouverture de tout service public et privé dans la ville. Selon ses responsables, cette mobilisation fait suite à ce qu’ils qualifient “d’attitude méprisante et discriminatoire du Gouvernement, de la médiation et de la CMA ainsi qu’au refus catégorique de prendre en compte leurs revendications”. En plus de ce mouvement, plusieurs autres estiment être ” méprisés “ par la communauté internationale et le gouvernement. Ils réclamaient plus de représentativité à Gao et l’intégration de leurs combattants dans le processus de désarmement, démobilisation et réintégration (DDR).

Le ministre de la Réconciliation nationale, Mohamed El Moctar, a été dépêché sur le lieu pour rencontrer les groupes. Il a finalement pu les convaincre. A Kidal, des mouvements de foule à l’aéroport pour protester la nomination d’Ichrach comme gouverneur a empêché une délégation étatique de s’y rendre pour présider l’installation initiale des autorités. Ce sera fait plus tard, avec deux drapeaux dans la salle : celui du Mali et celui de l’Azawad. Un ministre doit démissionner.

Front social en ébullition

Depuis le 9 mars dernier, le Mali vit une situation inédite dans son histoire, à savoir une grève illimitée des agents de santé. Ce qui engendre des conséquences incalculables dans un contexte où les soins de santé sont déjà précaires et à un moment de forte chaleur. Les syndicats qui ont projeté ce vaste débrayage des hôpitaux et centres de santé avaient déjà observé en début d’année une grève de 5 jours qui marque encore les esprits. C’est un véritable crime contre l’humanité auquel on assiste aujourd’hui avec cette grève illimitée enclenchée par les syndicats de la santé. Personne ne peut donner avec exactitude le nombre de morts et de victimes au cours des trois dernières semaines à cause de ce mouvement.

Mais, le drame est réel. Un seul repère : selon des statistiques, entre le jeudi 9 mars et le vendredi 17 mars 2017, la maternité de Sogoninko en commune VI du district de Bamako, a enregistré 11 cas de décès de nouveau-nés, faute d’assistance médicale. Les principaux responsables sont les agents de santé et le gouvernement. Un ministre doit partir. Cette grève des médecins n’est qu’un maillon d’une longue chaîne de grèves qui ont jonché l’année 2017.

De janvier à nos jours, le gouvernement n’a connu aucun répit en la matière. Aucun jour ne passe sans que le pays ne soit perturbé par une action du front social.

Les inspecteurs du Travail ont arrêté le boulot pendant 5 jours, du 16 au 20 janvier. Le Comité syndical des services du Travail exige l’application immédiate de tous les points d’accord du Protocole d’accord du 29 juillet 2011 et du Procès-verbal de conciliation du 05 avril 2016, et l’adoption immédiate du projet de décret en souffrance portant primes et indemnités accordées aux Inspecteurs et Contrôleurs du travail ainsi qu’à leurs assistants. Déjà au début de l’année, les syndicats des magistrats (SAM et Sylima) avaient donné le ton avec une grève de 7 jours ouvrables, convertie en grève illimitée à partir du 18 février. Au bout, le gouvernement est parvenu, sur fond de division, à faire reprendre le chemin des tribunaux aux magistrats. Mais aussitôt après, c’est le Syndicat national des greffiers, secrétaires de greffes et de parquets (Synag), qui a repris le flambeau les 15 et 16 février.

Le Synag revendique, grosso modo, l’octroi d’une indemnité de participation à la judicature aux greffiers et aux secrétaires de greffes et parquets ; la relecture du décret n°95- 211 du 31 mai 1995 portant tarif des frais de justice en matière pénale et du décret n° 95-255 du 30 mai 1995 portant frais de justice en matière civile et commerciale; l’évaluation des ressources financières générées par la justice ; l’évaluation d’un guide de greffe ; la relecture de l’ordonnance n°05/104 du 22 juin 2005 portant statut du personnel des greffes, secrétaires de greffes et parquets pour une nouvelle qualification professionnelle commençant par la maîtrise en droit, complétée par une formation professionnelle de deux ans (BAC plus 6) à l’Institut de formation judiciaire; le changement de l’appellation “Secrétaires de greffes et parquets ” en “Assistants des greffes et parquets “.

Un ministre doit partir. Le 8 février, le syndicat des travailleurs du ministère des Affaires étrangères a brandi au gouvernement un préavis de grève signé de son secrétaire général Mohamed Kane ainsi libellé : “L’arrêt de travail d’une durée de 72 heures jours ouvrables débutera le 22 février à partir de 00 heure et prendra fin le 24 février à partir de 00 heure sur l’ensemble du département central et dans les missions diplomatiques et consulaires “.

Dans un autre préavis émanant du Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales du Mali (Syntract) et signé de son secrétaire général, Seydou Oumar Diallo, ses membres menacent “d’observer un arrêt de travail (grève) de 3 jours (du 22 au 24 mars) et une mesure conservatoire d’arrêt de mandatement des salaires des autres fonctionnaires, si les accords conclus( la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités du cadre de l’administration générale par l’Etat, l’application intégrale des 15 points d’accord du procès-verbal de conciliation 12 mai 2015, l’intégration à la fonction publique des collectivités territoriales des contractuels de 2011 à 2015), avec le gouvernement ne sont pas mis en œuvre “.

Plusieurs syndicats de l’Education et de l’Enseignement supérieur observent des grèves. Certains s’apprêtent à déclencher une grève illimitée. Donc, des ministres doivent partir. En tenant compte des secteurs que nous laissons sciemment, si l’on fait le décompte des ministres dont IBK doit se débarrasser, toutes les chaises ministérielles resteront vides. Telle est la logique du moment. Telle doit être la responsabilité du président IBK, lequel est le premier à rendre compte devant le peuple malien.

La Rédaction
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