Ces dernières années, avec l’engouement suscité par les sites d’orpaillage, les aides ménagères se font de plus en plus rares dans la capitale, Bamako, où elles travaillent avec des salaires misérables. Constatant cette rareté des aides ménagères, situation qui met en difficulté beaucoup de femmes, un jeune escroc, par le biais d’une carte de visite d’un promoteur de bureau «de change d’argent » a réussi à arnaquer de nombreuses bonnes dames à travers un scénario à dormir debout.
Il est sans identité connue, ni adresse fixe, mais dotée comme tout bon escroc d’une très bonne intelligence et d’un commerce agréable. Et ce, surtout auprès des bonnes dames de certains quartiers huppés de la capitale. Celles-là même auprès desquelles il propose des aides ménagères qui seraient nouvellement venues du village. Une offre telle qu’aucune femme de la cité des trois caïmans n’ose cracher dessus en cette période de pénurie de servantes. Cependant, ce serviteur n’a à sa disposition aucune aide ménagère et exige le paiement d’une avance pour compenser le prix de transport de celle-ci.
Eh oui ! Autant la ville se développe, autant les escrocs et autres bandits de même acabit accroissent des stratégies pour spolier des honnêtes citoyens. Celui dont nous évoquons le cas ici, s’en est tiré à bon compte sans laisser pour toute trace, de vraies fausses traces partout où il est passé. Car, il se fait passer pour un vigile ayant ses parents au village et travaillant au compte d’un certain Tiécoro Kouyaté, un jeune travaillant devant la BDM dans le change de devises. Ce sont les cartes de visite de ce dernier qui constituent le seul outil de travail de ce grand escroc. Evidemment, le nommé Tiécoro Kouyaté affirme ne le connaitre ni d’Adam ni d’Eve.
De la fortune gagnée sur promesse de ‘’52’’ !
Pour arnaquer les citoyens, la stratégie de l’homme, consiste à faire croire à ses victimes que plusieurs filles sont venues de leur village par ‘’arrivée-payée’’ (frais de transport à payer une fois à destination). Et demande aux femmes au cas où elles auraient besoin d’aides ménagères de cotiser pour payer les frais de transport de celles-ci, afin de lui permettre d’aller leur chercher à la gare. C’est ainsi qu’à Bamako Coura, il a réussi à escroquer des femmes avec qui il a pris 60 000 FCFA en raison de six aides ménagères, soit 10 000FCFA comme frais de transport par personne.
Après avoir encaissé les 60 000FCFA sans éveiller de soupçon l’homme disparait dans la nature et ne reviendra plus jamais. C’est ainsi que les victimes, en possession de la carte de visite de Tiécoro Kouyaté, décidèrent de le contacter. Il est supposé être son patron et qui avait même sa photo sur sa carte de visite alors qu’il n’en est rien. Tellement surpris de tout ce qui a été tramé à son insu, mais avec sa vraie carte de visite, le pauvre Kouyaté est tombé des nues lorsqu’il fut informé par les victimes, de surcroit des femmes. Et aussitôt, tout travail cessant il alerte la police, pour faire sa déposition d’usurpation d’identité dont il est victime de la part d’un inconnu.
Pour appréhender l’escroc, la police ouvre des enquêtes et procèdent à des investigations en sourdine dans les zones d’intervention de cet escroc sans traces ni identité connues.
Hélas, le temps que celles-ci aboutissent, le même aigrefin a fait parler de lui dans une clinique et une famille à Bagadadji, le jeudi 30 mars dernier, où il a pris au moins 70 000FCFA à des femmes, par la même méthode sur la base de carte de visite de son supposé patron.
Ce qui reste évident, c’est qu’il ne s’arrêtera de si tôt, car le motif de son escroquerie convainc facilement les ‘’Grobinès’’ de Bamako et la carte de visite qu’il produit est autant vraie qu’on peut apercevoir la photo de l’intéressé. Un autre détail qui favorise l’activité malsaine de cet escroc relève de sa mobilité à travers les quartiers de la capitale.
Deux enseignements méritent d’être retenus de cette histoire en attendant que ce bandit tombe dans les mailles de la police. D’une part, que les femmes refusent de payer une avance à quiconque pour un service d’aides ménagères et d’autre part, que les uns et les autres prennent soin de leur carte de visite, pour qu’elle ne tombe pas dans de mauvaises mains.
Abel Sangaré