Présent à Bamako dans le cadre de la Conférence d’entente nationale, Oumar Aldiana, ne cache pas sa colère au sujet du pourrissement de la situation sécuritaire au Centre du Mali. Président de l’Alliance nationale pour la sauvegarde de l’identité peulh et la restauration de la justice(ANSIPRJ), Aldiana invite les autorités à mettre fin à la manipulation des chasseurs traditionnels par l’armée dans le Centre du pays.
Le Républicain : Que représente la conférence d’entente nationale pour vous ?
Oumar Aldiana : Pour nous, la Conférence d’entente nationale ne répond pas du tout à son nom. Une conférence d’entente est conçue et prévu dans l’accord, ça doit être fait après la mise en place définitive de l’accord. Ça doit être le point final de l’accord, et si on précipite, c’est pour bousculer et créer une source de revenus pour l’Etat et pour certains partenaires opportunistes. Cet accord n’est pas du tout représentatif et je ne vois vraiment pas l’utilité de cette conférence. On a assisté à une réunion au lieu que ce soit une conférence.
Quelles sont vos recommandations ?
Nous, on a recommandé 4 points. On a une parfaite maitrise du terrain, que ce soit dans la région de Mopti, une partie de celles de Ségou et de Tombouctou sont touchées actuellement. Nous œuvrons pour la sécurité du delta du Niger. Ce n’est pas seulement le centre du pays qui nous préoccupe autant. On a demandé le retrait sans conditions des chasseurs traditionnels dans la zone, qui malheureusement sont entretenus, armés et financés par l’Etat. On a des preuves.
Le deuxième point, on a demandé la libre circulation des personnes et de leurs biens. Le troisième point, on a demandé d’entretenir et de faire revenir les personnes déplacées. Quatrième point, on a demandé la libération de nos détenus. Malheureusement, la Sécurité d’Etat a été très claire avec moi : «Aldiana an tè ou bila», on ne va pas les libérer. On sait pourquoi on les a arrêté, on connait très bien le terrain, on vient de quitter le terrain… La réponse a été sanglante… J’ai dit qu’il n’y a pas de problème : «Akana ou bila, an bè a taw mina», ne les libérez pas, nous allons prendre les vôtres…
On ne voit pas comme nous le souhaitons une volonté de l’Etat par rapport à l’accord, par rapport aussi à la paix…Nous ne sommes pas une milice, nous sommes un mouvement politico-militaire…Nous sommes une communauté populaire, on a voulu seulement montrer à l’opinion nationale et internationale que cette lutte n’est pas seulement Peulh, mais c’est une lutte du peuple nomade, donc nous, on est prêt à se sacrifier, à enlever cet amalgame. Nous sommes de ce pays, on a jamais nié notre appartenance à ce pays…Je suis en train de démarcher l’Etat pour aller dans le sens de la paix. Moi Oumar Aldiana, je me reconnais dans la communauté malienne. Je n’ai jamais voulu de l’amalgame. Personne ne peut nous berner, personne ne peut nous rouler dans la farine.
Comment se présente la situation sur le terrain?
La situation est très critique. Les Dozo ont assiégé des bases dans la région de Mopti. Des bases qui sont sécurisées, couvertes, escortées et encadrées par l’armée. J’ai donné l’ordre à nos combattants, à toutes les forces Peulh. Je leur ai dit: ne touchez pas aux chasseurs traditionnels. Avant tout ce sont nos frères. Les chasseurs traditionnels ne peuvent pas faire face à nous, et l’armée malienne aussi ne peut pas faire face à nous. Ils ne tiennent pas le terrain. Aujourd’hui nous sommes déterminés comme jamais à sécuriser de la région de Mopti et une partie de celles de Tombouctou et de Ségou.
Est-ce qu’il y a de l’espoir malgré tous ces problèmes ?
Nous, on a donné la priorité à la voix du dialogue. Mais malheureusement, jusque-là, l’Etat est en train de prendre des milices, essayer de rapprocher certains Peulhs mal intentionnés pour faire des ratissages. C’est des choses qui ne marchent pas.
Propos recueillis par Soumaila T. Diarra