Elle vient de jeter un gros pavé dans la mare de la Ruche en déposant sa candidature comme première femme à ambitionner porter les couleurs de l’Adéma à l’élection présidentielle du 7 juillet prochain. Mme Diallo Fatoumata Kadi Sall, c’est son nom, est membre du bureau national des femmes du parti de l’abeille, membre du bureau de la sous-section de Djicoroni et de la section de la commune V du district de Bamako. Elle ne cesse de déplorer la marginalisation des femmes et des jeunes dans le combat politique. » Cela doit changer « , promet-elle.
Mme Diallo est une opératrice économique doublée d’une casquette de politique qui n’a pas sa langue dans la poche. Elle dit ne pas comprendre pourquoi au sein d’un si grand parti comme l’Adéma, aucune femme ne lève la tête pour se positionner comme candidate du parti à l’élection présidentielle de juillet prochain. C’est pour cela qu’elle a décidé de relever ce défi. » Après les primaires de 2012 dans la perspective de l’élection présidentielle avortée du 29 avril 2012, j’ai déploré l’absence des femmes dans cette compétition. Mercredi passé, j’ai appelé le président du parti (Iba N’Diaye, NDLR) pour lui dire ma surprise de ne sentir aucun réveil chez les femmes du parti pour en être son porte-drapeau. Il m’a dit qu’une candidature féminine est une bonne chose et qu’elle va susciter l’engouement des jeunes et des autres femmes… J’ai donc décidé de prendre mes responsabilités « , a-t-elle expliqué en nous recevant hier à son domicile sis à Djicoroni Golfe.
Et Mme Diallo Fatoumata Kady Sall d’ajouter qu’elle ne se méprend pas sur ses chances. «Certains peuvent même se moquer de moi en apprenant que je suis candidate. Mais, il s’agit d’un sacrifice pour que les femmes et les jeunes se réveillent. Il faut qu’on arrête de considérer la femme comme secondaire. Je sais que la femme ne sera pas l’égale de l’homme mais ce n’est pas normal qu’elle continue d’être sous-estimée. Alors que Dieu seul sait ce que les femmes apportent dans un parti comme l’Adéma. Lors de la tournée que le parti avait faite au niveau de la première région, la mobilisation que nous avons organisée, surtout au niveau du Fladougou (entre Kita et Bamako) a été remarquable ».
Mme Diallo de révéler qu’après cette tournée, elle a manifesté son désir d’être candidate dans la zone lors des prochaines élections législatives. Il lui a été répondu qu’elle est déjà l’épouse d’un responsable du parti. » Est-ce que l’épouse d’un responsable politique n’a pas de droit? Alors que pendant les législatives de 2007, j’étais sur la liste Adéma-PCR en commune IV. Et c’est nous qui avons soutenu IBK pour qu’il puisse passer face à Moussa Mara « , fulmine-t-elle.
Pour cette battante, il se peut même qu’on écarte pour de fallacieuses raisons son dossier de candidature, mais cela ne l’empêchera pas de dire tout haut ce qu’elle pense dans l’intérêt du parti. Il faut, assure-t-elle, un changement à travers le réveil des militantes mais aussi des jeunes du parti. » Les jeunes sont découragés, abandonnés, car ce sont les mêmes têtes, les IBK, Modibo Sidibé, Iba N’Diaye, qui continuent de se positionner. Notre parti regorge de jeunes talents. Par exemple, dans le dossier du nord, les troupes françaises et tchadiennes sont aidées par des jeunes qui les guident à déloger les malfaiteurs… «
A en croire cette candidate aux primaires du parti de l’abeille, si d’aventure, elle venait à être retenue, elle impulsera une nouvelle dynamique au parti et à la gouvernance même du pays si elle parvenait à se faire élire. « Vous savez, j’ai été l’une des premières personnes à avoir téléphoné à l’ambassade de France au Mali pour dénoncer le semblant de soutien de Paris au MNLA. Si la France était bien informée sur ce qui se passe dans le nord du Mali, on n’en serait pas là. Je crois que nos autorités doivent mieux communiquer. J’accuse les ambassades accréditées au Mali et les ambassades du Mali à l’extérieur. C’est maintenant qu’elles sont en train d’expliquer le problème du nord à l’extérieur, c’est un peu tard. C’est le MNLA qui a longtemps occupé le devant de la scène en communiquant sur les chaînes de télévision étrangères. Et je salue les efforts d’une dame, l’honorable Mme Haïdara Aissata Cissé dite Chato. Je ne la connais pas, elle ne me connait pas, mais j’ai suivi ses efforts pour expliquer souvent sur les médias le problème du Nord. Je profite de cette occasion pour apporter mon soutien à toutes les femmes, aux jeunes et aux enfants déplacées et réfugiées par le fait des terroristes. Et je prie Dieu pour que ce drame prenne rapidement fin « , a-t-elle déclaré. Pour Mme Diallo, il urge que tout le monde et, particulièrement les femmes et les jeunes se réveillent pour s’intéresser aux prochaines élections afin d’améliorer la participation à ces scrutins. » Que Dieu aide le Mali afin que nous sortions rapidement de cette crise « , a-t-elle conclu.
Mme Diallo Fatoumata Kady Sall est née en 1955 à Kayes. Suite au décès de son père, elle abandonne ses études en classe de terminale, au Lycée de jeunes filles de Bamako, pour gagner sa vie dans le secteur privé. Elle est mariée et mère de trois enfants.
