A un an de la fin de son mandat, l’heure est au bilan et aux projections dans le camp d’IBK. C’est à la fois un devoir républicain et une exigence démocratique. Nulle doute que la tenue et la réussite de la Conférence d’Entente Nationale tiendra une place de choix dans le tableau.
Après lui avoir confié le pays en 2013, quel président les Maliens ont-ils découvert en IBK ?
IBK, UN HOMME A LA REPUTATION ETABLIE
Pour la plupart des observateurs, IBK est un homme plutôt direct, préférant aborder les questions de front, s’engageant clairement, pas du tout sournois ou frileux. Bref, il s’assume et aime le dire. En pleine campagne électorale en 2013, on l’a entendu demander à son équipe de campagne de ne jamais promettre au-delà de ce que le candidat a dit. Phénomène plutôt rare dans le microcosme politique malien au sein duquel on affectionne particulièrement la roublardise et les raccourcis. IBK ne cultive pas non plus un goût excessif du secret dans lequel se préparent les turpides et entorses aux règles.
Ceux qui le suivent depuis 1992, l’ont successivement connu ambassadeur, ministre, premier ministre-président du parti ADEMA, député-président de l’Assemblée Nationale, député-opposant avec le parti RPM, avant son élection à la magistrature suprême. Un parcours politique unique au Mali, avec ses hauts et ses bas, ses peaux de banane, ses joies et ses peines, mais jamais dans la compromission et, à chacune des étapes, il s’est forgé une réputation d’homme loyal, aimant la discipline, la bonne tenue et le bon ton. C’est pendant sa longue traversée de désert en tant qu’opposant politique, qu’on découvrira un homme humble à l’esprit républicain affirmé, respectueux des instituions et de ceux qui les incarnent. Jamais, il n’a appelé à des manifestations violentes et ne s’est mué en insulteur public.
On l’a vu prendre de la distance par rapport à certaines décisions gouvernementales, pour ne pas avoir à en partager plus tard la responsabilité politique et morale. Ainsi, à la signature de l’Accord de Tamanarasset en 2006 et avant l’éclatement de la crise armée suivie du putsch de 2012, on se souvient de ses déclarations sur les failles de l’Accord, les risques pour la stabilité du pays de l’accueil des groupes rebelles arrivés de Libye avec armes et bagages. Enfin, IBK a la main sur le cœur et pas seulement lorsque l’hymne national est chanté. Jamais accusé de concussion et de prévarication. Ecce homo (voici l’homme) qui affiche en toutes circonstances une grande sérénité.
IBK, UN POLITICIEN EXIGEANT MAIS LOYAL
Le sens de l’Etat et des responsabilités d’IBK est connu. Aucun des gouvernements formés depuis son élection n’est majoritairement constitué de cadres du parti RPM dont il est resté le président jusqu’au dernier Congrès, tout comme aucun des premiers ministres nommés à ce jour n’est un militant du RPM pourtant majoritaire à l’Assemblée Nationale. Cela n’a pas manqué de susciter quelques grincements de dents. Malgré les états d’âme compréhensibles, le RPM soutient à fond le président et l’action gouvernementale, dans la logique du « Mali d’abord », un Mali qui sort d’une crise sans précédent. IBK a surtout conscience qu’il a été largement plébiscité en 2013, y compris en dehors du RPM.
Ceux qui l’attaquent en arguant qu’il serait dépensier oublient certainement que tout ce qu’il fait est parfaitement traçable, contrairement à la pratique vécue jusqu’ici. Comment peut-on dire qu’IBK coûte plus cher au budget de l’Etat, sans présenter d’éléments de comparaison ? Il ne faut pas perdre de vue qu’il a hérité d’un pays en lambeaux dont il faut recoller les morceaux à l’intérieur comme à l’extérieur, que la grande corruption a mis le pays à genou et qu’il faut être présent à toutes les tribunes internationales pour restaurer l’image du pays et obtenir des financements. Qui peut dire dans quelles conditions et à quel prix a été acquis l’avion présidentiel sous ATT ? La cession de la SOTELMA aurait rapporté à l’Etat 186 Milliards de F CFA.
Sur quelle ligne budgétaire a été inscrite cette somme au Trésor et à quoi a-t-elle servi exactement ? Et que dire des différents budgets affectés aux équipements militaires et à leur restauration, au regard de la capacité de réaction des troupes en 2012 ? Pour le développement du nord Mali, combien de milliards se sont évanouis dans la nature, sans jamais servir les populations des régions concernées ? Une véritable mafia a ainsi grugé le pays, appauvri des régions entières, jetant leurs populations dans les bras de prétendus djihadistes et des narco- trafiquants. Existe-t-il crime plus grave ? Certains devraient regarder dans leur jardin avant de porter des accusations.
La volonté d’IBK de sortir de la gestion calamiteuse des ressources publiques et de mettre fin à certains privilèges indus lui vaut des inimitiés. L’homme n’est pas parfait et il n’est pas entouré que d’anges, mais il faut reconnaître que son travail de fourmi est en train de porter des fruits. La politique des petits pas semble donc en marche pour le bonheur des Maliens. Les nostalgiques peuvent toujours rêver !