Recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue et de réconciliation, enregistrer les cas de violation des droits de l’homme commis dans le pays du début des hostilités à la reconquête des régions du Nord et proposer des moyens susceptibles de contribuer à surmonter les traumatismes subis par les victimes. Telles sont, entre autres, les misions assignées à la Commission de dialogue et de réconciliation (CDR).
Créée auprès du Président de la République qui choisira ses représentants, la CDR se compose de 33 membres qui travailleront pendant deux ans sous la houlette d’un président, de deux vice-présidents et de 30 commissaires. Les fonctions des membres de la CDR sont incompatibles avec toute activité de nature à influer sur leur indépendance. Mieux, pour bien accomplir leurs missions, ils sont astreints au secret des délibérations et sont choisis en fonction de critères de compétence. Tous les membres doivent être de bonne moralité et jouir de leurs droits civiques et politiques. Par ailleurs, pour que la CDR soit représentative de l’ensemble des communautés du Mali, notamment des régions du Nord, il faut qu’elle ait une composition qui devra tenir compte de la diversité du peuple malien. Aussi, il est prévu une trentaine de commissions dont les membres seront choisis sur la base des mêmes critères. En plus de ses membres, la CDR peut mettre en place, au niveau régional ou subrégional, des groupes de travail chargés de questions diverses. Ces groupes de travail peuvent faire appel à toute personne dont la contribution et la compétence sont jugées utiles.
Par ailleurs, la CDR sera dirigée par un organe central à Bamako. Mais les rapports sanctionnant les travaux de la plénière de la commission sont remis au président de la CDR et au Président de la République. Pour ce qui est de la gestion administrative et financière de la commission, un secrétaire général nommé par le Premier ministre assiste le président de la CDR. Enfin, la composition, l’organisation et le fonctionnement du secrétariat général sont fixés par Arrêté du Premier ministre. En plus, la CDR aura la responsabilité de faire des propositions pour la réalisation d’actions destinées à renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale. Ensuite, la Commission doit mettre en exergue les vertus du dialogue et de la paix ; contribuer à l’émergence d’une conscience nationale et à l’attachement de tous les citoyens à l’intérêt général ; promouvoir les valeurs démocratiques et socioculturelles du terroir, singulièrement le respect du droit à la différence. Pour relever ces défis, les missions de la CDR se fondent sur le constat que la libération des zones occupées par les rebelles et le retour des populations pourraient conduire à des oppositions et hostilités de plusieurs ordres : entre autres, l’incompréhension d’une frange des populations du Sud face aux revendications des rebelles qu’elles imputent à tort à toutes les populations du Nord, l’opposition entre populations nomades et sédentaires des zones libérées, les conflits intra et intercommunautaires exacerbés par l’occupation des rebelles, les conflits individuels nés pour la plupart des violences physiques sur les femmes et les enfants, les extorsions de biens et diverses formes d’humiliation…