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Face à la mauvaise foi du Gouvernement : L’UNTM lance un ultimatum Grèves sectorielles en cascade : L’Untm discréditée
Publié le jeudi 6 avril 2017  |  L’aube
Congres
© aBamako.com par A S
Congres extraordinaire de l`UNTM
Bamako, le 28 décembre 2016 l`UNTM a tenu son Congres extraordinaire
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Si l’Untm n’entre pas dans la danse, c’est l’Etat du Mali qui risque de disparaître. Danse, dans le sens du front social qui se durcit avec une grève illimitée des agents de santé qui est en train de décimer la population ; une autre de même nature des professeurs du supérieur de nature à effacer la mémoire du pays à cause de son corollaire d’année blanche inévitable ; une troisième en vue de 10 jours des enseignants du fondamental et du secondaire aux conséquences incalculables pour l’Education nationale. Ce tir groupé vient après que le front syndical eut été chauffé par les magistrats, les greffiers et secrétaires de greffe, les travailleurs du ministère des Affaires étrangères, ceux des collectivités territoriales, les inspecteurs du travail etc.

De tous ces mouvements sociaux, le gouvernement et le président de la République semblent n’avoir cure. Pourtant, IBK avait plié sous la menace de la grève illimitée brandie par l’Untm en octobre 2014 après un arrêt de travail de 48 heures deux mois plus tôt. La même centrale syndicale voit et laisse des Maliens mourir aujourd’hui suite à un débrayage des syndicats affiliés à elle. Sans lever le petit doigt. C’est l’échec ! A son secrétaire général, Yacouba Katilé de prendre ses responsabilités.

Plus que tragique et dramatique, la situation qui prévaut sur le front social et syndical au Mali est tout simplement pitoyable. Les vies humaines tombent comme du fruit mur d’un arbre en longueur de journée dans l’impuissance des citoyens et l’indifférence totale du gouvernement de Modibo Kéïta et du président Ibrahim Boubacar Kéïta.

D’autre part, des milliers d’étudiants (dont des finalistes) sont sous le spectre d’une année blanche qui va leur faire perdre 365 jours de leur destin. Sans exclure qu’il risque d’être de même pour d’autres milliers d’élèves du fondamental et du secondaire. Du coup, IBK deviendra le dirigeant aux années blanches, après celle de 1994 qu’il avait décrétée étant Premier ministre d’Alpha Oumar Konaré.

Avant de revenir sur la responsabilité de l’Union nationale des travailleurs du Mali dans ce drame qui frappe le pays, est-il nécessaire de rappeler le vent de revendications (légitimes) qui souffle sur le régime d’IBK ? Jusqu’à quelle vitesse ? Pour quelles conséquences ?

La situation la plus dramatique est fournie par ces images de Maccabées entassées dans les hôpitaux (morts faute de prise en charge) et ces cimetières qui ne désemplissent pas d’accompagnateurs à la dernière demeure. En effet, depuis le jeudi 9 mars, le Mali vit une situation inédite dans son histoire, à savoir une grève illimitée des agents de santé. Ce qui est en train de produire des conséquences incalculables dans un contexte où les soins de santé sont déjà précaires et à un moment de forte chaleur. Le syndicat qui a projeté ce vaste débrayage des hôpitaux et centres de santé avaient déjà observé en début d’année une grève de 5 jours qui marque encore les esprits. Mais le gouvernement n’a pas levé le pouce. Que revendiquent les blouses blanches ?

Au total, une dizaine de points sont au centre de la pomme de discorde entre l’Etat et les docteurs. Il s’agit de la revalorisation de la fonction socio-sanitaire et de la promotion de la famille à travers l’adoption d’un plan de carrière pour tous, d’un plan de formation continue et d’un plan de motivation ; la satisfaction des points contenus dans les résolutions du 12ème congrès du SNS-AS-PF (Syndicat national de la santé de l’action sociale et de la promotion de la famille) ; l’octroi et l’augmentation substantielle des primes et de fonction spéciale des primes de garde, des primes de monture, et de l’intégration des émoluments des bi-appartenant dans leur salaire; le maintien de l’extension des ristournes dans leur esprit d’antan ; l’intégration des contractuels payés sur ressources propres, fonds PTTE, des nourrices de la pouponnière et la régularisation de la situation des autres catégories de travailleurs de ladite structure conformément à la réglementation du travail ; l’octroi d’autorisation et de congé de formation à tous les travailleurs ayants respecté la réglementation en vigueur. S’y ajoutent le respect de la liberté syndicale à tous les niveaux et l’annulation des mutations abusives des responsabilités syndicaux dont le mandat est en cours ; la régularisation des agents victimes des contrôles physiques et des agents de la santé de la région de Gao omis pour les frais de retour et d’installation ; l’amélioration des conditions de travail par le recrutement du personnel qualifié ; l’amélioration du plateau technique conformément à la carte sanitaire nationale ; et la dotation régulière et conséquente en consommables de toutes les structures socio sanitaires et de la promotion de la famille.

Parmi tous ces points, on n’en voit pas un sur lequel les négociations ne peuvent pas être ouvertes. Mais, le gouvernement ignore totalement les responsables des syndicalistes ainsi que le mouvement. Votre bi-hebdo a largement fait cas des conséquences de ce double mépris du chef du gouvernement et du chef de l’Etat vis-à-vis des grévistes et du peuple malien.

Le deuxième front le plus chaud et le plus inquiétant, c’est la grève illimitée entamée le 4 avril par le Synesup après l’échec des négociations le 30 mars avec la délégation du ministère de l’Enseignement supérieur. Pourquoi les professeurs du supérieur en sont arrivés à une telle extrémité ? A cause de 7 points de revendications.

Tout d’abord, la signature du rapport de la Commission tripartite déposé le 31 janvier 2017 et l’application immédiate de la grille plafond 3 000 et plancher 1 368 au personnel enseignant de l’enseignement supérieur et aux chercheurs.

Viennent ensuite les revendications relatives à l’intégration immédiate dans la fonction publique des travailleurs contractuels payés sur les budgets autonomes des structures de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique ; l’adoption immédiate du nouveau statut « enseignant-chercheur » avec les 4 fonctions (Assistant/Attachés de recherche, Maitre-assistant/Chargés de recherche, Maitre de conférence/Maitre de recherche, Professeur/directeur de recherche), les charges horaires actuelles en semestre et la transposition des assistants/Attachés de recherche docteurs dans le corps des maitres Assistants/Chargés de recherche est le point 3 des doléances ; la nomination immédiate des agents fonctionnaires de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique omis de la hiérarchisation du 16 juin 2015 et la capitalisation des publications des chercheurs de l’IER recrutés en 2008 pour leur transposition.

Enfin, le rétablissement immédiat et effectif du fonds « Etudes et recherche » conformément au protocole d’accord du 13 mai 2016 ; le payement immédiat des arriérés d’heures supplémentaires de 2013-2014 et 2014-2015 aux enseignants de l’IUG ; et l’éradication totale de la violence dans l’espace universitaire.

Comme on le voit, ces revendications du Comité exécutif national du Synesup ne sont point insurmontables. Mais IBK s’en fiche.

Tout comme, la grève de 10 jours annoncée à partir de lundi prochain ne lui fera ni chaud, ni froid. Elle concerne les ordres d’enseignement de l’éducation de base. Ce mouvement aussi pourrait se transformer en illimité.

Ces grèves en cours ou en perspective succèdent à d’autres déjà consommées (ou esquivées) dont certaines ont défrayé la chronique. Au cours des trois derniers mois, le gouvernement n’a connu aucun répit, perturbé par un front social en incandescence.

Au début du mois, les syndicats des magistrats (SAM et Sylima) avaient donné le ton avec une grève de 7 jours ouvrables, convertie en grève illimitée à partir du 18 février.

Au bout de ce combat de titans, le gouvernement est parvenu, sur fond de division, à faire reprendre le chemin des tribunaux aux magistrats. Mais, que ça été dure et avec de graves conséquences !

Mais aussitôt après, c’est le Syndicat national des greffiers, secrétaires de greffes et de parquets (Synag), qui a repris le flambeau les 15 et 16 février. Le Synag revendique, grosso modo, l’octroi d’une indemnité de participation à la judicature aux greffiers et aux secrétaires de greffes et parquets ; la relecture du décret n°95- 211 du 31 mai 1995 portant tarif des frais de justice en matière pénale et du décret n° 95-255 du 30 mai 1995 portant frais de justice en matière civile et commerciale; l’évaluation des ressources financières générées par la justice ; l’évaluation d’un guide de greffe ; la relecture de l’ordonnance n°05/104 du 22 juin 2005 portant statut du personnel des greffes, secrétaires de greffes et parquets pour une nouvelle qualification professionnelle commençant par la maîtrise en droit, complétée par une formation professionnelle de deux ans (BAC plus 6) à l’Institut de formation judiciaire; le changement de l’appellation «Secrétaires de greffes et parquets » en « Assistants des greffes et parquets ».

Ce sont les inspecteurs de travail qui ont emboîté le pas aux greffiers, secrétaires de greffes en séchant le boulot pendant 5 jours, du 16 au 20 janvier. Le Comité syndical des services du travail exige l’application immédiate de tous les points d’accord du Protocole d’accord du 29 juillet 2011 et du Procès-verbal de conciliation du 05 avril 2016, et l’adoption immédiate du projet de décret en souffrance portant Primes et indemnités accordées aux Inspecteurs et Contrôleurs du travail ainsi qu’à leurs assistants.

Le 8 février, le syndicat des travailleurs du ministère des affaires étrangères a brandi au gouvernement un préavis de grève annonçant « l’arrêt de travail d’une durée de 72 heures jours ouvrables débutera le 22 février à partir de 00 heure et prendra fin le 24 février à partir de 00 heure sur l’ensemble du département central et dans les missions diplomatiques et consulaires ».

Dans un autre préavis, le Syndicat national des travailleurs des collectivités territoriales du Mali menaçaient « d’observer un arrêt de travail (grève) de 3 jours (du 22 au 24 mars) et une mesure conservatoire d’arrêt de mandatement des salaires des autres fonctionnaires, si les accords conclus( la prise en charge des salaires des fonctionnaires des collectivités du cadre de l’administration générale par l’état, l’application intégrale des 15 points d’accord du procès-verbal de conciliation 12 mai 2015, l’intégration à la fonction publique des collectivités territoriales des contractuels de 2011 à 2015), avec le gouvernement ne sont pas mis en œuvre ».

Si le gouvernement tient toujours bon face à autant de coups de boutoir sociaux, c’est parce que l’Untm a fui ses responsabilités. Plusieurs de ces syndicats sont en effet affiliés à cette Centrale syndicale qui prouvé dans un passé pas très lointain qu’il tient le gouvernement par le museau, à moins que les rôles ne se soient inversés par le biais du cordon de la bourse.

En effet, des grèves sectorielles en cascades comme ce qui se passe actuellement au Mali ne doivent aucunement laisser indifférent le syndicat faitière qu’est l’Untm.

Yacouba Katilé et ses camarades doivent impérativement entrer dans la danse afin de contraindre IBK à délivrer les Maliens de la souffrance qu’ils endurent aujourd’hui à cause de l’absence des agents de santé dans les hôpitaux et centres de santé et de l’arrêt des cours dans les universités et écoles supérieures.

On se rappelle que l’Untm avaient observé une grève de 48 heures les 21 et 22 août 2014. Elle s’apprêtait à aller en grève illimitée à partir du 29 octobre de la même année. Mais, IBK a courbé l’échine et satisfait au cahier des doléances des travailleurs.

Pourtant, ce cahier comportait 17 points de revendication qui vont de la mise en œuvre du protocole d’accord du 2 octobre 2011 à la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.

La centrale syndicale réclamait la mise en œuvre effective du protocole d’accord du 2 octobre 2011 en vue de l’éteindre définitivement. Elle demandait la diminution du taux de l’impôt sur les traitements et salariales (ITS), le relèvement du salaire minimum inter-entreprises garanti (SMIG), et l’augmentation du taux des allocations familiales.

La modernisation et la sécurisation de l’Administration générale (moyens logistiques, techniques, humains et financiers), la relecture de la Convention des chauffeurs routiers, la révision à la hausse des salaires au niveau des EPA et EPIC, la baisse des loyers des maisons à usage d’habitation et la baisse des tarifs d’eau et d’électricité conformément à l’accord signé en juillet 2007, faisaient partie des points de revendication.

Autres points de revendication de l’Untm : le maintien et renforcement de l’Usine malienne des produits pharmaceutique, la maitrise des prix des produits de première nécessité, la restitution et la protection des parcelles d’expérimentation de l’IER, la régulation du fonctionnement des bureaux de placement en les mettant en conformité avec les textes en vigueur, la relecture de tous les contrats miniers, la ratification les conventions 102, 122, 88, 142, 181 et 155 et la participation des travailleurs du secteur privé dans les conseils d’administration.

Entre négocier sur 17 points d’une Centrale syndicale et négocier quelques simples revendications de syndicats sectoriels, le gouvernement joue à la politique de deux poids, deux mesures.

Dès lors, l’Untm sait ce qu’il lui reste à faire.

Sékou Tamboura

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