Ces syndicats nourrissent un sentiment de révolte contre la gestion faite de leurs revendications par les autorités compétentes. C’est pourquoi ils ont battu hier le pavé pour exprimer leur colère
Il était environ 8 heures quand les marcheurs ont pris le départ du Monument de l’indépendance pour rallier le ministère du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, en passant par le département de l’Education nationale. Des centaines d’enseignants encadrés par les forces de l’ordre, brandissaient des banderoles et des pancartes. Ils avaient également des foulards noués autour de la tête ou attachés aux bras et scandaient des slogans. On pouvait entendre : « l’Etat doit respecter ses engagements », « Trop, c’est trop », « Nous voulons notre statut autonome ». Cette marche répond, selon certains manifestants, au non respect du consensus trouvé par les syndicats des enseignants et le gouvernement lors des négociations tenues en janvier dernier. Ces pourparlers sur le préavis déposé le 22 décembre dernier, avaient permis de trouver des points d’accord, consignés dans le procès-verbal (PV) de conciliation. Dans ce document, il est écrit que « l’Etat s’engage à donner un statut aux enseignants. Aucun aspect y compris la grille ne sera occulté lors des travaux de la commission qui sera mise en place, à cet effet, au plus tard le 31 janvier 2017 ». En outre, il est mentionné dans le PV que « les parties ont convenu de la mise en place d’une commission de suivi de l’exécution des différents accords ». Yacouba Diallo, secrétaire général adjoint du SYLDEF, explique que cette marche vise à prendre à témoin ll’opinion nationale, internationale et les partenaires de l’école sur la violation des textes par le gouvernement, notamment la loi n° 87-47/AN-RM relative à l’exercice du droit de grève dans les services publics. L’article 8 de cette loi stipule clairement que « les accords qui interviennent sont applicables, sauf stipulation contraire, à compter du jour qui suit leur signature par les parties ». Pour Amadou Coulibaly du SYNEB, depuis la signature des accords, le gouvernement est resté indiffèrent à la situation des enseignants et porte même peu d’intérêt et d’attention aux préoccupations des syndicats de l’enseignement. Il ajoute que c’est le non respect des engagements du gouvernement qui amène les syndicats à donner de la voix. Aux environs du ministère en charge de l’Education, les marcheurs ont été retenus à la porte par les forces de l’ordre. Toutes leurs tentatives pour accéder à l’intérieur de ce département ministériel ont été vaines. De guerre lasse, les marcheurs ont dû poursuivre leur itinéraire et ont mis le cap sur le ministère de la Fonction publique. Après une heure de marche, les voici à quelques mètres de leur destination finale. Là non plus, ils n’ont pu accéder à la cour du ministère. Les forces de l’ordre qui avaient reçu des renforts entre-temps, formaient un barrage infranchissable. La tension est donc montée subitement et des échauffourées ont éclaté entre la police et les manifestants. Pour disperser la foule, les policiers n’ont pas hésité à faire usage du gaz lacrymogène. Il y a eu 4 blessées, évacués sur l’hôpital Gabriel Touré pour recevoir des soins. Mais après plusieurs tentatives infructueuses, les marcheurs ont fini par lire, dans la rue, leur déclaration avant de déléguer trois d’entre eux pour remettre ladite déclaration au ministre du Travail, de la Fonction publique, chargé des Relations avec les Institutions, Mme Diarra Raky Talla. Après une trentaine de minutes d’attente, les marcheurs seront informés du départ du ministre pour le Conseil des ministres à Koulouba. Ils seront donc reçus par le secrétaire général du département en charge du Travail, Yaya Gologo. Celui-ci, pour toute réponse à la déclaration qui lui a été remise par les syndicats de l’éducation, se déclarera incompétent à se prononcer sur la question. Toutefois, il a promis aux syndicalistes de rendre compte aux autorités compétentes. En tout cas, les six syndicats de l’éducation, signataires du préavis du 15 octobre 2016 (SYLDEF, SYNEB, SYNESEC, SYNEFCT, FENAREC, SYPESCO), sont déterminés à avoir gain de cause. « Nous n’avons peur ni des intimidations ni des menaces et des pressions de toutes sortes. Après cette marche, si le gouvernement ne respecte pas ses engagements, nous avons d’autres stratégies pour faire aboutir nos doléances», a annoncé un manifestant, visiblement sur les nerfs. Anne-Marie KEITA