Des groupes armés ont commis une vague de meurtres dans le Centre du Mali depuis janvier 2017. Perpétrés par des groupes armés islamistes, des milices d’autodéfense et, dans une moindre mesure, des militaires du gouvernement, ces homicides ont entraîné la mort d’au moins 52 personnes et le déplacement de plus de 10 000 individus, et considérablement aggravé les tensions ethniques. Les autorités maliennes devraient enquêter sur ces meurtres et traduire en justice toute personne en portant la responsabilité.
Cela fait plus de deux ans que des groupes armés islamistes renforcent leur présence dans le Centre du Mali, où ils ont exécuté des civils et des fonctionnaires du gouvernement, et commis d’autres exactions. Leur présence et le recrutement de résidents locaux ont exacerbé et exploité les tensions entre les membres des ethnies peule, bambara et dogon, entraînant une prolifération de milices d’autodéfense aux pratiques souvent violentes.
“Depuis le mois de janvier, des violences attisées par des tensions ethniques explosives se sont propagées à travers la région centrale du Mali, faisant des dizaines de morts”, a déclaré Corinne Dufka, directrice adjointe de la division Afrique de Human Rights Watch. “Le gouvernement malien devrait redoubler d’efforts pour enrayer ces violences, d’une part en cherchant fermement à traduire les auteurs des meurtres en justice, et d’autre part, en multipliant les patrouilles pour protéger les populations vulnérables”.
Pour certains analystes, le taux élevé d’attaques dans le centre s’explique par le fait que des communautés de cette zone se sont inscrits dans une dynamique terroriste. Chez nos confrères de Studio Tamani, Boubacar Bocoum, politologue, a expliqué qu’” il faut juste comprendre que quand des groupes s’inscrivent dans une dynamique terroriste, naturellement, les populations paniquent et du coup, cela implique le déplacement des populations. Ce qui explique un peu le taux élevé d’attaques sporadiques et le nombre de décès enregistré dans le rapport. Quand vous êtes dans une situation complexe comme ça, vous verrez qu’il y a plusieurs facteurs qu’il faut intégrer.
Donc quand les facteurs sont multiples, la gestion devient complexe. Ce qui fait qu’il y a souvent de l’amalgame. Qu’on dise que l’Etat a fait des erreurs, mais tout le monde fait des erreurs. La perception est différente par rapport à comment se pose le problème. C’est très délicat de pouvoir dire que les communautés, c’est les djihadistes, c’est l’Etat, puisque tous ces acteurs sont impliqués dans le problème, et tous sont effectivement partie prenante. Il s’agit juste pour l’Etat d’être plus présent dans ces zones, de créer des conditions économiques et viables pour ces communautés”.