Prévue pour être un pôle de développement économique à travers ses filières de formation, l’Université de Ségou, demeure sur le papier, est une chance pour Ségou et le Mali. Ses filières de formation embrassent tous les secteurs de base du développement.
Première université délocalisée au Mali, elle est en passe de devenir un échec cuisant si jamais Mme le Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique ne s’y investit pas davantage dans le redressement de cette structure au regard de la mauvaise gestion installée en mode de gouvernance. Les fonds mis à dispositions par l’Etat et ses partenaires, notamment la Banque Mondiale et les Pays-Bas, sont détournés par ses responsables.
Créée pour rapprocher les populations de la région de Ségou et environnement à des formations universitaires variées et adaptées aux opportunités locales, l’Université de Ségou était perçue comme une innovation majeure dans la politique de décentralisation de l’enseignement supérieur. Cette université qui doit faire la fierté de Ségou risque, si l’on n’en prend garde, d’être une véritable ironie !
Près de 7 millions FCFA détournés à la Faculté des Sciences Sociales (FASSO) en heures supplémentaires
Il n’est de secret pour personne que la santé de l’Université de Ségou est préoccupante. Cela a été dit et redit mille et une fois et par les personnes les moins averties. Les maux de l’US ont pour noms : politisation des facultés, absence ou délaissement de professeurs qualifiés, corruption érigée en système de gestion. Tout cela se passe sous l’œil complice et irresponsable des autorités universitaires.
Avec des chefs de DER nommés sans compétences ou en incohérence avec leurs profils de formation, l’enseignement ne se passe plus dans les règles de l’art à la faculté des sciences sociales.
Tout se vend et tout s’achète. Les étudiants de cette faculté savent qu’ils n’ont pas besoin de faire les examens pour passer en classe supérieure. Avec quelques billets de banque, pour ceux qui en ont la capacité, surtout les professionnels (plus de 600 enseignants du fondamental inscrits cette année) et le PSA (passage sexuellement acquis), ils sont admis d’office. Et ils le disent à qui veut l’entendre. Cela, sans la moindre gêne ! C’est triste quand nos facultés se transforment en entreprises commerciales !
Les auteurs de ces actes mafieux sont connus de tous mais malheureusement, ils n’ont jamais été inquiétés encore moins punis. Souvent, ils s’érigent même en donneurs de leçons. Que le ridicule ne tue pas ! A la FASSO, la qualité des enseignements reste le dernier souci des chefs de DER. Toute leur préoccupation et leur énergie reposent sur comment se tailler la part du lion de l’enveloppe des heures supplémentaires. Et pour ce faire, toutes les intrigues sont mises à contribution : doublons d’intervenants, programmation de proches parents en contrepartie de ristournes et de vacataires fictifs. Toutes choses qui ont conduit au dépassement de l’enveloppe budgétaire des heures supplémentaires allouée à l’Université de Ségou au titre de l’année universitaire 2015-2016. Et pour régler la situation dans la plus grande discrétion, le Recteur d’alors n’avait trouvé de solution que de mettre en place une commission pour statuer là-dessus. Enfin, pour tenter de moraliser. Au sortir des travaux, il s’est trouvé que les deux chefs de DER, Balla Doumbia et Aliou Ibrahima Djitteye, s’étaient octroyés plus de 500 heures supplémentaires chacun au-delà des modules qu’ils avaient effectués. En plus, il s’est trouvé que certains intervenants qui n’avaient pas exécuté leurs modules et des noms répétés se soient retrouvés sur les listes de paiement que nous publierons dans nos prochaines parutions. Qui empocherait frauduleusement ces sommes ? Allez savoir ! La commission, pour parer au problème, a proposé le prélèvement de 20 heures sur les horaires effectués par intervenant qui ne pourront être payées afin que l’enveloppe puisse supporter les charges. Malgré tout, certains vacataires n’ont, jusqu’à présent, pas encore mis la main sur leurs sous. Qui les a détournés ? Nous avons approché certains qui accusent nommément les deux chefs de DER qui les auraient détournés au profit d’autres responsables de l’Université afin de garder leurs fauteuils. Sinon, comment comprendre qu’un tel scandale puisse arriver et les auteurs ne soient inquiétés ? Les montants cumulés avoisineraient sept (7) millions de nos francs.
Quant au chef de DER de la filière communication des organisations, Balla Doumbia, il n’arrive pas à donner satisfaction aux intéressés. Tantôt il fait savoir que le recteur aurait promis de payer les montants avec les fonds PADES, tantôt avec le projet NICHE ou sur les fonds propres de l’Université. Jusqu’à quand ? Voici comment l’argent du contribuable malien et ses bienfaiteurs est dilapidé à l’US ! Comment comprendre que cela puisse arriver dans une structure de formation universitaire sérieuse? Dans les universités de Bamako, les vacataires sont recrutés et programmés en fonction de la qualité de leurs curriculums vitae (cv) alors qu’à Ségou c’est les plus offrants qui sont retenus. A la FASSO, même des détenteurs de Brevet de Technicien (BT) interviennent en classe s’ils sont prêts à céder une partie de leur revenu. Comment accepter que les vacataires soient plus chargés que les Assistants de l’US ?
LE RECTORAT SUR CALE !
Bien gérée, l’Université de Ségou serait un potentiel inconditionnel pour le développement intégré de la région et du pays tout entier. Malheureusement, ces nobles attentes sont loin d’être comblées car voici que les premiers responsables à qui son destin était confié sont passés carrément à côté de la plaque. Détournement de fonds, vol du matériel, gestion clanique du personnel, menace et achat de conscience, favoritisme et abus sexuels ont été leur sport favori au détriment des objectifs confiés par les hautes autorités du pays dont il faut saluer la vision et l’engagement.Le bon fonctionnement de tout service est inhérent à la bonne gestion des ressources humaines et financières. On ne peut admettre que le service public soit exercé sans le moindre respect des règles régissant son fonctionnement ! Malheureusement, à l’Université de Ségou, c’est l’amer constat. Promotion de parents, d’amis, de fils et de copines, voici la tâche régalienne que s’est fixé le Secrétaire général. Dr Métaga Coulibaly, non moins ancien leader syndical, est la tête de proue du désordre, de la mauvaise gestion des ressources humaines et du favoritisme au sein du rectorat de l’Université de Ségou. Selon que vous appartenez à son clan, vous jouissez de tous les privilèges et est exempt de toute sanction nous renchérit un agent du Rectorat très remonté. Ce sont ses protégés qui ont toujours figuré dans les fameuses commissions de travail, histoire de les récompenser pour leur fidélité à sa cause. Faut-il le rappeler, à l’US, aucune activité ne se réalise sans la mise en place d’une commission de travail ! Seul moyen pour profiter au maximum des fonds PADES et de NICHE, deux projets de la Banque Mondiale et des Pays Bas, qui appuient fortement l’enseignement supérieur au Mali. Au moment où ces fonds servent à faire des prouesses dans la recherche à l’IPR de Katibougou, ils entretiennent les embonpoints des responsables de l’US !
Les hommes ne se gèrent pas suivant les affinités mais suivant leurs valeurs intrinsèques ! Hélas, le Rectorat se trouve dans ce travers. Trop d’injustice, piètre résultat ! Pire, c’est le désordre et la haine qui s’y sont installés avec leurs corollaires sur la cohésion et le résultat.
En attendant, l’Université de Ségou va mal ! Ce système de clientélisme et de favoritisme est entretenu, soutenu, voire encouragé. Mais pour quand encore ? Il est temps d’arrêter la récréation et de mettre tout le monde à contribution pour l’essor de cette jeune structure scientifique !
Il urge donc d’apporter les solutions adéquates aux difficultés auxquelles elle est confrontée.