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Méchage : Le temps des grossesses nerveuses et du sapeur-pompier
Publié le vendredi 7 avril 2017  |  La Nouvelle République
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Il ne doit pas être plaisant d’être à la place du président de la République aujourd’hui. En briguant la magistrature suprême IBK ne s’attendait déjà pas à une partie de plaisir. Le pays ressemblait à un vaste champ de ruines physiques et morales. Mais ce qu’il découvre depuis son investiture dépasse toutes les craintes. Pour rester concentré, restons juste sur les événements de ces derniers jours. Que ce soit la tenue de la Conférence d’Entente Nationale avec ses « grèves » avortées ou les grèves dans les secteurs sociaux, nous sommes en face de situations tendues rappelant les grossesses nerveuses.
Avec la CEN, nous sommes passés par toutes les phases émotionnelles. Au commencement, nous pensions que le boycott actif annoncé par les rebelles du Nord et les Talibans du Sud allait être effectif. La CMA est revenue sur sa décision en prenant le train dès le lendemain, sous les applaudissements nourris des participants. Dès lors, nous savions que la position de la bande à Soumi était devenue intenable et inconfortable. Surtout qu’il y a eu des oukazes publiés dans les journaux, sur fond de quolibets et de moqueries sur le train annoncé mais sans destination, sur le train dont le conducteur ne serait pas lucide, etc. Ce genre de bras d’honneur annonce généralement une « capitulation » qu’on a de la peine à assumer. On bande les muscles pour mieux se dégonfler. Mais tout le monde savait que l’opposition allait venir parce qu’il n’y avait pas d’issue. Soumi a eu droit à quelques applaudissements. Il a pu lire un texte dont la charge avait été largement atténuée dans la mesure où le contenu était su. Tout compte fait, ce fut à leur honneur de prendre le train en marche. Que ce soit pour la CMA ou pour l’opposition, le président a été obligé de jouer le rôle de sapeur-pompier. Visiblement, ses talents ont été récompensés.

Malgré le travail un peu compliqué du fait de la nervosité de la grossesse, nous eûmes un beau bébé à la fin des travaux. Certains pensent que c’est un prématuré parce que né avant terme et venu avant la charte d’entente nationale. L’important c’est qu’il soit venu. A nous de veiller à lui administrer les vaccins qu’il faut, en n’oubliant de faire le rappel de tous les vaccins nécessaires.
Les grèves illimitées, visiblement les talents de sapeur-pompier du président de la République sont encore sollicitées. En effet, après trois semaines de grèves du monde médical, le chef de file de l’opposition a rencontré IBK pour lui demander de s’occuper personnellement du dossier. Pour Soumi, face à la détresse des populations notamment les plus vulnérables, le président de la République ne peut pas rester sans rien faire. Les responsables syndicaux de l’enseignement supérieur n’en pensent pas moins. Pour eux, c’est le président IBK seul qui peut trouver solution à leur problème. De toute évidence, le sapeur-pompier pourrait être débordé parce que ne pouvant pas se trouver partout à la fois. Ces grèves illimitées, sans que le gouvernement ne puisse les contrer sont la preuve d’un essoufflement évident. Le gouvernement semble littéralement débordé et incapable d’apporter des solutions. D’où cette autre grossesse nerveuse qui annonce le renvoi de l’équipe gouvernementale de manière récurrente depuis trois jours. Là également, certainement compte sur le sapeur-pompier pour les sauver.
Avec ce titre d’Aujourd’hui au Faso, qui pourrait résumer l’état d’esprit à l’issue de la première phase de cette conférence : « La montagne a accouché d’un prématuré ». Le quotidien burkinabé file la métaphore : « la grossesse n’est pas arrivé à terme ». « On a cru à une grossesse nerveuse, avec le refus initial des ex-rebelles de la CMA de participer à la conférence. La montagne a donc accouché par césarienne d’un bébé prématuré qu’il faudra vite mettre dans une couveuse le temps qu’il soit à terme (…) dans ce Mali qui a perdu le Nord. » Pour Aujourd’hui au Faso, cette première phase de la conférence constitue quand même « une petite victoire dans le long chemin de croix que le peuple malien a emprunté pour se réconcilier avec lui-même ».
Un optimisme mesuré que ne partage pas forcément le quotidien Le Pays, lui aussi publié à Ouagadougou. Même si le journal salue le rapport final de la conférence, « qui donne quelques gages allant dans le sens de l’unité, de la paix et de la réconciliation, comme par exemple, l’amélioration de la gouvernance, le rétablissement de la sécurité ou la meilleure gestion des diversités culturelles », il insiste sur « la participation à minima de l’opposition politique et seulement à la veille de la clôture, la preuve que l’entente nationale tant recherchée souffre toujours d’ambiguïtés. »
TALFI
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