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Antoine Glaser : « Derrière l’Azawad, il y a des revendications d’autonomie totale »
Publié le vendredi 7 avril 2017  |  Nord-Sud Journal
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Parmi les sujets débattus à la Conférence d’entente nationale close le 2 avril, la question centrale de l’Azawad a suscité de vifs débats. Antoine Glaser, ancien rédacteur en chef de La Lettre du Continent, auteur de l’essai polémique « Arrogant comme un Français en Afrique », a répondu aux questions du Journal du Mali sur ce territoire pour le moment reconnu comme une réalité sociétale et mémorielle, mais non politique qui commémore son indépendance ce 6 avril.
Y a-t-il une connotation politique derrière les revendications sur le terme Azawad ?
Derrière le terme Azawad, il y a des revendications d’autonomie totale ou globale en disant « laissez-nous gérer ». Ce qui est vraiment revendiqué, c’est un mode de vie sans frontières. Ce sont des populations transhumantes, commerçantes. Ce qui compte ce n’est absolument pas les frontières mais plutôt l’identité ethnique ou tribale. C’est cela qui prime au-delà même de tout ce qui est identité dans un cadre national. Ce sont vraiment des revendications d’autonomie. Maintenant, la question est de savoir s’il est possible de créer une large autonomie, une décentralisation tant qu’il n’y a pas un État fort avec une armée reconstituée.
Pourquoi de tels enjeux de pouvoir dans cette partie du territoire malien ?
C’est comme tous les lieux de transit et de grand commerce, des lieux où il y a énormément d’intérêts économiques. Toutes proportions gardées, c’est comme au nord de la Centrafrique où il y avait des revendications aussi, parce que c’est là qu’il y avait toute la transhumance avec les éleveurs et tous les trafics avec le Soudan du Sud. Ces zones sont abandonnées par les pouvoirs centraux, en déshérence, des zones de non-droit où il n’y a pas d’impôts et où pullulent les trafics en tout genre. On parle très peu dans cette problématique de l’Azawad du grand frère algérien qui exerce sa tutelle sur l’Accord de paix. La vraie question est de savoir si l’Algérie a vraiment intérêt à travailler pour la paix. Car s’il y a une véritable autonomie ou autogestion de cette région par les Touaregs, cela risque de réveiller des velléités autonomistes dans le Sahara algérien, où se trouvent les réserves pétrolières.
La France a été partisane d’une autonomie renforcée de l’Azawad, quels sont ses intérêts dans cette région ?
On est là dans une très ancienne tradition de soutien au mouvement touareg de la région. Les militaires français et en particulier les services secrets français ont besoin des Touaregs pour la libération des otages et parce que ça leur permet d’avoir des informations sur les Algériens. La France a ainsi des réseaux d’information et de diplomatie secrète dans toute cette région. Cette relation privilégiée avec les Touaregs est une réalité, même si, compte tenu des relations très proches entre François Hollande et le président IBK, on a l’impression que cela a un peu changé. Ce n’est qu’une période politique.
Quel regard portez-vous sur la conférence d’entente nationale qui s’est achevée récemment ?
À partir du moment où il y a des acteurs masqués, en particulier l’Algérie, qui doit savoir exactement ce qu’elle veut et s’engager réellement dans cette région, ce ne peut-être une réussite. Il manque aussi un certains nombre d’engagements d’acteurs majeurs de la région. Il faut une entente entre un certains nombre de mouvements, là aussi il y a des double-jeu, des milices, des groupes armés. On sent qu’il y a eu une précipitation pour la tenue de cette conférence, aussi ici à Paris en vu des élections pour boucler la boucle, qu’on pensait pouvoir boucler au moment du sommet Afrique-France et puis finalement avec l’attentat du camp MOC de Gao, ça a douché la grande image de la France au Mali. Et puis il y a le Front de libération du Macina, il y a la trouille d’un mouvement de djihadiste peul, ça inquiète un certain nombre de militaires français, qui commencent à se dire s’il ne faudrait pas intégrer ce problème dans tous les accords de paix et pas seulement l’Azawad.
Par Olivier Dubois
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